Algérie

Des non-jeûneurs devant le juge




Un restaurateur vient d'être mis sous les verrous et neuf jeunes citoyens présentés devant le parquet dans la ville d'Ighzer Amokrane, 50 km à  l'ouest de Béjaïa, pour la même accusation de «non-respect des préceptes de l'Islam».
Les non-jeûneurs d'Ighzer Amokrane ont été cueillis, témoigne notre source, par des policiers au cours de la journée de mardi alors qu'ils se trouvaient à  l'intérieur d'un local fermé à  usage commercial.
Situé au premier étage, cet espace fait partie d'un bloc de locaux construit, au centre-ville, dans le cadre du programme des «100 locaux par commune».
Son jeune propriétaire est ainsi accusé de l'avoir aménagé en lieu de restauration et y servir des repas pendant le mois de carême. La présence des jeunes incriminés dérangeait les quelques riverains, installés dans une zone à  majorité commerçante, qui se sont plaints auprès de la police pour «mauvaise fréquentation des lieux».
A leur intervention, les éléments de la police urbaine ont trouvé, rapporte notre source, un local fermé.
La présence, à  l'intérieur, d'une quantité de victuailles a suffi pour embarquer tous les présents qui attendaient d'être servis et dont certains ont tenté vainement de fuir avant d'être pris comme de vulgaires criminels dans un périmètre encerclé.
Présentés devant le parquet près le tribunal d'Akbou, le propriétaire du local a été mis sous mandat de dépôt alors que le reste des non-jeûneurs ont été remis en liberté dans l'attente de comparaître. Il risque la prison.
En 2005, six non-jeûneurs avaient été condamnés par le tribunal de Béjaïa à  3 et 6 mois de prison.
Ils avaient été surpris, pour rappel, dans deux gargotes dans la ville de Béjaïa.
Le procès des non-jeûneurs d'Ighzer Amokrane aura lieu dans les jours à  venir au tribunal de la même ville d'Akbou où, au début de ce mois de Ramadhan, un restaurateur qui a servi discrètement des non-jeûneurs a fini par fermer après avoir été dénoncé dans une mosquée, rapporte une source locale.
Le climat d'intolérance que confirme l'épisode d'Ighzer Amokrane a fait réagir les défenseurs des droits de l'homme. Par la voix du responsable du bureau de Béjaïa, Saïd Salhi, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) condamne «avec force cette politique de diabolisation».
Elle considère que «le recours systématique et abusif à  la répression ''des mœurs sous prétexte d'atteinte aux préceptes de l'Islam est une violation de la liberté des cultes et des libertés individuelles pourtant consacrées par la Constitution».
La LADDH Béjaïa appelle ainsi «l'opinion publique à  se mobiliser pour la tolérance et le respect de la différence, valeurs intrinsèques pour une société prospère et un Etat de droit».    


 


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