Algérie

Des neurones aux pixels



Les événements répétitifs, surtout quand ils se reproduisent à quarante ans d'intervalle, ont ceci d'intéressant, qu'ils nous permettent de mesurer les changements intervenus depuis leur précédente édition. Sans doute, l'irruption des nouvelles technologies de communication dans notre vie quotidienne en est un de palpable et de lourd. D'ailleurs, si vous vous amusez à rechercher ce qu'il reste concrètement du premier Panaf', vous auriez de fortes (mal) chances de rentrer bredouille. Pas grand-chose à se mettre sous l''il, sinon la copie sinistrée du film-culte de William Klein sur le Festival. Aussi, beaucoup attendent avec impatience la sortie en DVD de ce document que le ministère de la Culture a décidé de rénover et de diffuser, une bonne initiative au demeurant. Passé ce film, il reste les collections de journaux de l'époque, à peine trois ou quatre titres officiels, qui avaient surtout mis l'accent sur la dimension politique de l'événement, dimension réelle mais qui, en l'occurrence, avait quelque peu occulté le pendant culturel. Quant aux archives télévisuelles ou radiophoniques, on ignore ce qu'elles sont devenues.Certaines ressortent ces derniers jours, mais sont-elles répertoriées et cataloguées selon des normes permettant leur consultation et leur accès ' Quelques collections de photographies demeurent accessibles dans les documentations des anciens journaux. Mais les documents produits par l'événement semblent perdus ou peu accessibles : les affiches, les textes du symposium, les listes de participants, les textes des conférences' Si bien qu'au bout du compte, il ne reste que la mémoire chancelante des individus, quelques rares acteurs de la manifestation et surtout des spectateurs qui, forcément, confondent, enjolivent par réflexe d'âge ou nostalgie de leur jeunesse, mélangent les faits' Les futures générations ne devraient pas connaître ce problème. Outre les innombrables retransmissions télévisuelles ou radiophoniques, un film-événement a été confié au réalisateur Chergui Kharroubi qui a fait l'essentiel de sa carrière à la télévision belge et possède de solides références internationales dans le film documentaire.Merzak Allouache a été aperçu également avec une équipe de tournage, cinématographique celle-là, et apparemment pour une fiction dont le Panaf' ne serait qu'un élément. De jeunes cinéastes se sont mis aussi de la partie, proposant leurs regards sur l'événement. Si on y ajoute les dizaines, voire les centaines de milliers de vues prises par des citoyens disposant aujourd'hui, ne serait-ce que par leurs portables, de moyens de capter l'événement, ce sont autant d'archives qui resteront du Panaf'2009, dont certaines sont déjà disponibles sur internet.En quarante ans, la mémoire des individus à été déclassée au profit de celle des appareils. Nous sommes passés des neurones aux kilo-octets et pixels, sans doute plus objectifs et efficaces que les premiers. Sont-ils pour autant plus durables ' C'est une question qui vaut quarante ans d'existence. En déléguant de manière trop confiante à la technologie la fonction de mémoire, ne nous privons-nous pas de quelque chose ' Les mythes sont souvent trompeurs, c'est sûr, mais ils portent une poésie que la technologie ne fournit pas, quelles que soient ses performances. Est-ce vraiment vieux jeu que de le penser '


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