Des musiciens pas comme les autres

Des musiciens pas comme les autres A travers tous les quartiers de la ville, le centre compris, ils sont trois musiciens qui déambulent le long des artères, s’attardant au pied des immeubles, s’invitant sous les porches des entrées, s’arrêtant au coin des rues. L’un est percussionniste sur un «guellal», les deux autres flûtistes ou parfois utilisent une «ghaïta». Généralement, ils sont trois mais dans le cas où il y a un quatrième, celui-ci n’est pas musicien ou, à tout le moins, ne porte pas un instrument mais une canne, allez savoir pourquoi. Toujours est-il qu’il fait le «caissier». Ses compagnons entament un air aigu rythmé de tons sourds du «guellal», attendant qu’un riverain sort de chez lui pour leur remettre une pièce ou un billet. Le «caissier» alors se fait marabout et le comble de vœux de bénédiction alors que les autres font une pause. Et, en route pour la porte d’à côté. Ce phénomène a commencé à se manifester ces dernières années, surtout à l’occasion des résultats aux examens. Attentifs aux nouvelles et s’informant auprès des gens du quartier, ils se présentent chez la famille de l’heureux lauréat et entament sans y être invités leur «récital». Toujours est-il que leur apparition dans les rues d’Oran a coïncidé avec le début de l’été et la fin de la période des examens. Mais cette année, particulièrement, ils ont été plutôt en avance. Dès avril, ils sont apparus. Sans doute une question de concurrence. C’est comme pour les parkings à la matraque. Vous prenez un bout de bois et vous vous tenez sur la chaussée, côté stationnement. Et aussitôt, vous devenez «gardien de parking». La rue choisie devient la «propriété» du premier qui l’a investie. C’est pareil pour les «musiciens». Un peu de sérieux messieurs, il s’agit d’une grande ville !