La Commission nationale de
supervision des élections a été installée hier en présence des ministres de
l'Intérieur, de la
Communication, des représentants des partis politiques et
d'autres de diverses institutions.
C'est Slimane Boudi qui a procédé hier à l'installation officielle
de cette commission dont il est le président. Boudi est à l'origine président
de chambre près la Cour
suprême et a été désigné par le président de la République pour diriger une
commission nationale à laquelle il a donné comme mission de superviser les
élections législatives du 10 mai prochain. La cérémonie s'est déroulée au
Palais des Nations de Club des pins, à l'est d'Alger. Beaucoup d'observateurs
s'attendaient à ce que ce soit le chef de l'Etat en personne qui l'installe
puisqu'elle a été créée par un décret présidentiel publié dans le Journal
officiel n°6 de 2012. Mais ça n'a pas été le cas. Ce sont donc les ministres de
l'Intérieur et de la
Communication qui étaient hier présents au Palais des Nations
où ont été conviés les 316 membres de la commission, tous des magistrats issus
de la Cour
suprême, du Conseil d'Etat, des différentes cours du pays, des présidents de
chambres et des conseillers auprès des tribunaux. 316 magistrats ont été
désignés, nous dit-on, par le président de la République sur la base d'une
liste qui lui a été remise par les soins du ministère de la Justice. D'autres
responsables d'institutions liées au secteur de la justice étaient aussi
invités à la cérémonie. C'est le cas du président la chambre nationale des
notaires et des représentants des services de sécurité comme l'armée. Les
partis politiques dans leur grande majorité étaient représentés par leurs
premiers responsables excepté deux ou trois d'entre eux comme le FLN et le RND.
Le premier l'a été par une femme, membre de son bureau politique et le second
par son chef de cabinet, Abdesselem Bouchouareb. Il a aussi été remarqué la présence de
représentants du corps diplomatique accrédité à Alger entre autres l'Union
européenne, la Grande-Bretagne,
la France, le
Maroc et quelques autres pays africains.
EN ATTENTE DE
PREROGATIVES
«C'est un décret
présidentiel, on doit l'exécuter. On nous a appelé pour faire partie de la
commission de supervision des élections mais on ne sait pas encore de quoi on
est chargé», nous a répondu une magistrate approuvée par beaucoup de ses
consœurs.
Un magistrat de la Cour suprême sera lui plus
précis. «Le décret présidentiel instaure la commission mais c'est le règlement
intérieur que nous allons élaborer qui définira ses missions, délimitera ses
prérogatives et déterminera sa méthodologie», nous a-t-il assuré. Interrogé sur
l'efficacité de 316 magistrats pour 52 000 bureaux de vote répartis sur
l'ensemble du territoire national, un autre magistrat expliquera qu'il n'est
pas évident de «tout surveiller». Selon lui, il y aura des sous-commissions
locales dont «les membres se chargeront d'être à l'écoute de toute information
relative au déroulement du scrutin». Membres qui seront présents au niveau des
APC, des bureaux de vote et d'autres circonscriptions concernées par le scrutin.
«Il s'agit pour nous de superviser la légalité du processus électoral depuis
l'annonce des candidatures, en passant par les campagnes électorales jusqu'à la
fin du scrutin», affirme le magistrat. Il sera aussi question pour la Commission de
supervision des élections de répondre aux éventuelles plaintes qui pourraient
lui être transmises par les partis politiques ou leurs candidats. «Il n'y a
aucune interférence entre la
Commission et le Conseil constitutionnel puisque lui est
chargé par la loi de prendre en charge les recours après les résultats du
scrutin. Nous, notre mission s'arrête à la fermeture des bureaux de vote», explique
le magistrat.
Interrogé avant
le lancement de la cérémonie d'installation de la commission, le président du
MSP soulignera que «nous avons testé l'administration de 1997 à 2007, elle n'a
aucune crédibilité. Nous allons cette fois-ci juger la justice sur le terrain»,
a déclaré Boudjerra Soltani.
Il estime que «si l'opération de supervision réussira, ce sont les magistrats
qui vont gagner en crédibilité et non pas les partis. La balle est donc dans le
camp de la justice.»
Soltani affirme que «le règlement intérieur de la commission doit
être publié dans le Journal officiel pour avoir force de loi. «Nous sommes à la
recherche d'un mécanisme de contrôle pour qu'il devienne une référence en
matière de loi, c'est pour ça que le règlement intérieur de la Commission doit être
publié dans le Journal de la République», a-t-il indiqué. «Nous avons peur de
l'administration qui encadre l'appareil judiciaire, si elle fraude, nous allons
la dénoncer avec possibilité que nous quittons les élections», a affirmé pour
sa part Hamlaoui Akkouchi, président
d'El Islah. Interrogé sur la participation des
citoyens, il répondra que «le peuple avancera d'un pas et reculera d'un pas», allusion
étant faite à sa méfiance.
«Mais nous ne
croyons pas au boycott parce que ça sert beaucoup plus le pouvoir», pense le
président d'El Islah. Le chef de cabinet du RND est, en
évidence, bien plus optimiste. «L'installation de cette commission montre la
volonté du président de la République et du gouvernement de mettre le contrôle
des élections sous l'égide de la justice, ce qui est une première mais qui est
aussi la garantie la plus absolue pour assurer la crédibilité du scrutin.» Bouchouareb estime que «ce n'est pas le nombre de
superviseurs qui détermine la capacité de contrôle mais les missions dont ces
derniers sont chargés».
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Posté Le : 29/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com