Algérie

Des milliers de projets en attente



Les administrations publiques ayant obtenu des surcroîts de pouvoirs au cours de cette dernière décennie, il n’est aujourd’hui plus possible d’échapper à leurs diktats, à moins de suivre, comme c’est malheureusement souvent le cas, la voie de l’informel, de la corruption ou, quand cela est possible, celle des coups de pouce des hiérarchies. Le nombre d’entreprises et autres établissements (crèches, écoles et instituts de formation privés, bureaux d’études, etc.) en attente d’agréments pour enfin entamer leurs activités est incroyablement important. Une simple estimation permet d’évaluer le nombre de projets d’entreprises et investissements divers en attente d’agrément  à, au minimum 40 000. De quoi booster notre PIB d’au minimum 2 points supplémentaires et offrir pas moins 300 000 emplois aux jeunes algériens rongés par le chômage. Les freins causés par nos administrations pléthoriques et tatillonnes sont de plus en plus difficiles à desserrer tant les procédures sont nombreuses, très mal définies et malheureusement sans appel possible auprès d’une juridiction indépendante. Les porteurs de projets sont alors souvent tentés de prendre des raccourcis en soudoyant les détenteurs du pouvoir d’autorisation. La route a ainsi été ouverte aux malversations de toutes sortes qu’il est aujourd’hui difficile d’arrêter. Car comment faire autrement quant vous avez, à titre d’exemple, remis à l’administration concernée tout le dossier requis pour l’ouverture d’une société ou autres entités créatrices de richesses et d’emplois, et que vous soyez contraints d’attendre sans explication aucune, de longs mois pour obtenir une autorisation administrative qu’on aurait pu vous délivrer en seulement quelques jours.Les bureaucrates sont évidemment dans l’incapacité de comprendre que le temps c’est de l’argent, qu’un montage financier établi aujourd’hui peut être totalement remis en cause au bout de quelques mois d’attente et que les postulants concernés sont souvent contraints de s’acquitter d’un très cher loyer en attendant leur hypothétique agrément. Ce n’est évidemment pas ainsi qu’on peut redresser une économie qui repose, comme chacun le sait, sur le nombre et la force de ses entreprises. En Algérie, il n’est non seulement pas aisé de créer de nouvelles entreprises, mais, pire encore, très difficile de maintenir celles qui existent en activité. L’épée de Damoclès de l’administration menace en effet constamment, aussi bien, les promoteurs de nouvelles entreprises que les sociétés existantes, qu’une simple disposition d’une loi de finances complémentaire ou les errements d’une administration peuvent du jour au lendemain torpiller. Les 50.000 entreprises ayant fait faillite entre 2010 et 2011 en raison de l’imposition du Credoc comme unique moyen de paiement des importations, en est un parfait exemple. Une économie otage de l’administration Pour mettre fin aux hyperpouvoirs que se sont octroyés les administrations publiques en matière économique il n’y a, sommes-nous convaincus, qu’une solution. Celle consistant à déréglementer au maximum le processus de création d’entreprises et de promotion de nouveaux projets d’investissements. On ne voit, par exemple, pas pourquoi un investisseur devrait être soumis au bon vouloir d’un Conseil national d’investissement pour réaliser une usine de sidérurgie, un complexe industriel et autres projets susceptibles de créer de la richesse, offrir des emplois et booster nos exportations hors hydrocarbures. A une échelle moindre, on peut également se poser la question de savoir pourquoi les promoteurs seraient-ils obligés de soumettre leurs projets de création de crèches et d’écoles privées (elles sont plus d’un millier à attendre un agrément depuis de longs mois) à des procédures administratives aussi longues qu’inutiles, au moment où des mères travailleuses éprouvent d’énormes difficultés à gardienner leurs enfants et des milliers d’autres à scolariser convenablement leur progéniture. Ce que les bureaucrates semblent ignorer, c’est qu’un millier d’écoles et de crèches empêchées d’activer, ce ne sont pas moins de 20 000 emplois de perdus et des dizaines de milliers d’élèves empêchés de poursuivre leur scolarité dans de bonnes conditions, notamment dans le préscolaire où existe un énorme déficit en la matière.Prise en otage par une administration qui travaille à sa perte, notre économie n’a de chance de se ressaisir que si l’autorité politique décide d’en réduire les pouvoirs régaliens qu’elle s’est octroyés tout au long de cette dernière décennie. Des pouvoirs devenus si forts que, dans bien des cas, ils s’opposent à l’autorité politique centrale en refusant d’appliquer des directives gouvernementales. Les cas de non-applications de lois, qui souvent ne leur parviennent même pas, sont légion dans pratiquement toutes les wilayas de l’intérieur du pays. Un grave problème qu’ont, du reste, soulevé à de nombreuses reprises les associations patronales, à l’instar du Forum des chefs d’entreprises, mais également, certains partis politiques. Relancer la machine économique dans ce contexte fait d’obstructions et d’irresponsabilités administratives, constitue de ce fait un pari quasi impossible à tenir. Ôter aux administrations ces excès de pouvoir, supprimer les «chapelles» administratives, soumettre la création d’entreprises à une simple procédure de déclaration, mettre en place des voies de recours, avec des sanctions possibles, contre les abus d’autorité, constituent autant d’actions que l’Etat devrait impérativement entreprendre s’il veut réellement sauver des dizaines de milliers d’entreprises et de projets d’investissements en attente de concrétisation, des griffes prédatrices des administrations publiques.                  


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