Ras El-Aïn, le quartier fait partie de l'agglomération d'Oran mais reste
paradoxalement loin de l'intégration.
La raison évoquée par des chercheurs qui ont planché sur ce site réside
dans le fait que depuis des années, les responsables locaux ont toujours songé
à raser ce «favela», considéré comme le plus ancien du pays et qualifié en
2002, souvenons-nous, par un ministre de «véritable enfer». Aujourd'hui,
d'aucuns s'interrogent sur ce qu'il adviendrait de la population y habitant si
un séisme ou des inondations importantes venaient à se produire. Ce serait,
sans aucun doute, une catastrophe aux conséquences des plus néfastes. Une véritable
bombe à retardement, les habitations étant construites en escalier sur le flanc
de la montagne.
Le dernier responsable qui avait soutenu le projet a été un ancien wali
d'avant 2005 qui, en lançant une enquête avec comme objectif de transférer quelque
12.000 ménages, avait entamé un projet d'envergure auquel a même adhéré la
Banque mondiale. Une fois achevé, le site de Ras El-Aïn et des Planteurs devait
être transformé en forêt urbaine qui pouvait être le poumon d'Oran. Cependant, les urbanistes considèrent que même si cette zone,
considérée parmi les premières à avoir abrité les premières populations
autochtones, il n'en demeure pas moins que si avant l'indépendance
l'administration coloniale avait négligé sciemment ce quartier, les
responsables locaux qui se sont succédé après 1962 ont eux aussi été pour une
grande part responsables de la marginalisation du quartier qui a pris une autre
dimension suite à un exode rurale massif à partir des années 70. Même sur un
terrain accidenté, il était possible, estiment-ils, d'effectuer des
aménagements urbains notamment en matière d'accessibilité. Sur ce plan, force
est de constater que dans la majorité des îlots, l'accès ne peut être effectué
qu'à pied et, pour preuve, la collecte des ordures ménagères se faisait dans un
passé récent à dos de mulet avant que des bacs à ordures ne soient installés
pour faciliter la tâche des équipes d'éboueurs. Il faut dire également que
l'absence de réseaux d'assainissement et d'eau courante rend la situation
hygiénique de ce «quartier» des plus précaires. L'urbanisation sauvage a
engendré une occupation du sol dans un premier temps vers la forêt du Murdjadjo
donnant naissance à l'actuel quartier des Planteurs, alors que dans un second,
c'est toute la zone du ravin vers le mont qui a été occupée. Aujourd'hui, tous
les fonds d'oueds sont occupés et de visu on a pu découvrir des familles
habitant des grottes, comme si on a fait un galop dans l'histoire étant donné
que des vestiges d'une présence humaine remontant à l'ère du néolithique ont
été confirmés. Au niveau de cette zone qui jouxte l'autre favela cachée, à
savoir Kouchet El-Djir, en référence à une carrière de chaux aujourd'hui
fermée, les risques d'éboulement sont omniprésents, ainsi que les risques
d'inondation en cas de fortes précipitations. En revanche, ce sont les
populations occupant le versant nord du mont du Murdjadjo, qui longe l'actuelle
pénétrante, que les risques sont importants notamment des affaissements,
éboulements et autre coulées de boue en cas de fortes pluies. Même si beaucoup
de familles ont été transférées, il n'en demeure pas moins que d'autres sont
toujours en place et le spectre d'une catastrophe hante les occupants avec les
images désastreuses du dernier sinistre remontant à quelques années seulement.
On a avancé pompeusement que l'arrivée du téléphérique qui traverse le site
avec une halte près du Belvédère allait constituer un début de désenclavement
de toute la zone. Mais, rien n'y fit et ce site reste encore enclavé et une
étude sociologique a démontré que les habitants ne se disent jamais concernés
par ce qui se passe à Oran, la cité qu'ils contemplent de loin et sur laquelle
ils ont un panorama de choix. La limite de leur territoire est le boulevard
Khedim (ex-Stalingrad) à Sidi El-Houari. D'ailleurs, les premières familles
transférées à Haï Yasmine ont éprouvé moult difficultés pour s'adapter à un
milieu urbain conçu en hauteur alors qu'elles ont été habituées à une autre
configuration. Tout compte fait, Ras El-Aïn mérite un peu plus d'égards, étant
donné que les pouvoirs publics doivent trancher définitivement et trouver la
solution la plus salutaire car à la longue elle constituera une tache urbaine
pour une ville qui ambitionne, selon le discours officiel, de conquérir une
dimension méditerranéenne.
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Posté Le : 27/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah C
Source : www.lequotidien-oran.com