Algérie

Des milliers d'emplois perdus: Un plan pour sauver le textile



Au moment où le gouvernement annonce une guerre sans merci aux importations massives, il est des institutions publiques qui continuent de recourir massivement aux importations et de tourner le dos à la production nationale.

Ammar Takdjout, secrétaire général de la Fédération Textiles et Cuirs de l'UGTA, qui était, hier, invité de la radio Chaîne 3, a pointé du doigt une situation paradoxale : «Le secteur de l'enseignement supérieur qui dispose, à travers ses résidences universitaires de 400.000 lits, recourt à l'importation des couvertures et de la literie. Le secteur de l'Education a, de son côté, importé 2 millions de tabliers. Les hôpitaux aussi recourent massivement à l'importation». «Si notre industrie nationale récupère ce marché domestique, il pourra doubler ses effectifs en les portant de 15.000 à 30.000 postes d'emploi», dénonce M. Takdjout. «Alors que le marché domestique consomme 2 milliards de dollars en tissus, la production nationale ne couvre même pas 6 à 7% des besoins qui sont estimés à 400 millions de mètres linéaires de tissu. Tout le reste nous l'importons», regrette l'invité de la radio. Le secteur des textiles et cuirs, est au bord du gouffre. Le début de la crise remonte au début des années 90. C'est pourquoi, la réhabilitation de ce secteur figure aujourd'hui, parmi les priorités du gouvernement. Un plan de sauvetage a été mis en branle. Mais M. Takjout reproche aux pouvoirs publics de n'avoir pas suffisamment communiqué sur ce plan.

 «Ne pas diffuser ce programme pour le répercuter, est l'une des erreurs qu'ont commis les pouvoirs publics», estime-t-il. Et d'affirmer que ce plan doit être porté aussi par les chefs d'entreprises et les travailleurs. Et d'indiquer qu' «en dépit de la situation difficile que traverse le secteur du textile, ce plan de sauvetage est un défi qui reste encore possible». Depuis le début des années 90, le secteur a vu une vingtaine d'entreprises dissoutes, et une perte d'emplois passant de 200.000 à 15.000 postes, avec une ardoise de dettes faramineuse.

 «Il faut, précise-t-il, sauver le tissu qui a su résister, notamment certaines tanneries menacées de fermeture (…) Il y a aussi nécessité d'assainir ce secteur financièrement, d'investir dans la formation et de relancer, entre autres, le créneau de la fibre synthétique et du coton». Cela dit, une cinquantaine d'entreprises du textile, réparties à travers 27 wilayas, ont réussi à se maintenir. «Des mesures urgentes sont nécessaires pour maintenir ces usines qui ont résisté», a soutenu M. Takdjout. Ce plan de restructuration vise selon lui, à rattraper le retard accumulé depuis deux décennies.

 Autre point noir souligné par ce responsable de l'UGTA : «Le secteur a assisté impuissant, à une saignée de ses qualifications. On a perdu beaucoup de compétences par les compressions successives et les départs à la retraite. Il faut récupérer les séniors car il faut beaucoup de temps pour former les ingénieurs. Cela fait longtemps que Boumerdès n'a pas formé d'ingénieurs», a-t-il expliqué.

Autre recommandation de ce responsable de l'UGTA : «Il faut réhabiliter le circuit de distribution qui faisait plus de 900 milliards de chiffre d'affaires». «Il faut rouvrir les entreprises de distribution.

 Il est inconcevable de produire et de ne pas exposer ses produits dans des magasins. Toutes les grandes marques disposent de points de franchise», souligne-t-il. Dans le secteur des cuirs, M. Takdjout a plaidé en faveur de la réhabilitation des quatre tanneries, implantées à travers le territoire national. «Il faut dit-il, promouvoir ce secteur à travers ses trois segments qui sont l'élevage, l'abattage et la collecte des peaux».

 Dans la foulée, M. Takdjout souligne la nécessité de lutter contre l'informel et la fraude qui affectent les opérations d'exportations des cuirs. Et de citer un chiffre : «Tout récemment, un opérateur italien m'avait informé qu'il avait importé pour une valeur de 6 millions de dollars en cuirs. Mais ce chiffre ne figure pas dans les statistiques officielles.» Enfin, Tout en plaidant en faveur de la décentralisation, M. Takdjout souligne que le secteur du textile est capable de favoriser l'émergence de la micro-entreprise. «Il faut laisser les compétences s'exprimer», insiste-t-il. Et d'appeler à l'organisation des assises nationales du textile et des cuirs.




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