Les militants et cadres du RND de Tamanrasset ont assiégé, jeudi dernier, le siège du bureau de leur parti dans cette ville du sud du pays. Ils ne comptent pas libérer les lieux jusqu'à dimanche prochain pour dénoncer la liste des candidats à la députation. Celle-ci comporterait, selon eux, des noms de «gros bonnets de l'argent sale».Pour la seconde fois, les militants et cadres du RND de la wilaya de Tamanrasset ont investi le bureau de leur parti et menacent même de recourir, d'ici dimanche, à d'autres actions qu'ils jugent nécessaires. Ils dénoncent, par leur acte, les conditions dans lesquelles la liste des candidats à la députation a été confectionnée. Ils accusent leur coordinateur, «porté disparu depuis une semaine», d'avoir «confectionné la liste de manière unilatérale sans respecter la réglementation, ouvrant la porte à toute personne intéressée».Plus grave, ils affirment que «certains candidats non portés sur la liste sont connus comme étant de gros bonnets de l'argent sale, des trafiquants en tout genre. Nous voulons des personnes représentatives, qui honorent non seulement le parti mais aussi la ville de Tamanrasset. Or, celles que le coordinateur a retenues et dont les dossiers sont déjà déposés sont loin d'être crédibles ou représentatives. Elles vont élargir le fossé qui s'installe de plus en plus entre le parti et les militants», déclare un cadre du parti, qui appelle Ahmed Ouyahia «à prendre des mesures urgentes pour revoir la liste des candidats et ouvrir les canaux de dialogue avec la base».
Un avis partagé par d'autres militants que nous avons pu contacter après la réunion, tenue jeudi dernier au siège du parti de Tamanrasset. Durant cette réunion, les nombreux participants ont décidé de revenir à la contestation populaire après que la direction du RND n'ait pas tenu compte de l'appel lancé en début de semaine dernière par les protestataires lors de l'occupation du siège local. «Nous avons transmis un compte rendu de la grave situation qui prévaut à Tamanrasset, mais aucune réponse ne nous est parvenue. Nous avons décidé d'assiéger le bureau de wilaya jusqu'à ce que les dirigeants du parti viennent sur place discuter avec nous. Mais les notables de la ville sont intervenus. Ils avaient peur d'un dérapage, d'autant plus que la foule ne cessait de prendre de l'ampleur. Nous avons accepté de quitter les lieux pour permettre aux notables de faire passer le message», explique un Targui, cadre du parti. Il exhibe une déclaration adressée à Ahmed Ouyahia, dans laquelle «les jeunes, les militants, notables et tribus de l'Ahaggar» l'informent de leur décision de «tenir un sit-in devant le siège du parti à Tamanrasset jusqu'au 11 mars, dans le but de donner un délai à la direction pour revoir la liste des candidats à l'assemblée nationale. Nous exigeons une large consultation dans les rangs du parti et non pas des consultations individuelles soutenues par des parties (?) afin de rétablir la confiance chez les militants».
Cette protestation crée un climat tendu dans la capitale du Hoggar, déjà fortement secouée par l'attentat kamikaze ayant ciblé le siège du groupement de la Gendarmerie nationale. Un notable de la région n'hésite pas à faire le lien entre les problèmes décriés par les militants du RND et la situation sécuritaire à Tamanrasset : «Nous avons toujours dénoncé la passivité des autorités face aux activités des magnats de l'argent sale qui ont réussi à étendre leurs tentacules à toute l'administration. Plus grave, beaucoup ne sont même pas d'ici, mais grâce à leur empire financier, ils ont réussi à acheter la nationalité. Aujourd'hui, avec l'argent qu'ils ont, ils sont en train d'acheter des places sur les listes des candidats à la députation. La crise que connaît le RND à Tamanrasset est révélatrice d'un mal profond dans cette ville du Sud. Elle n'est pas propre au RND, mais touche tous les partis et au niveau national», déclare notre interlocuteur. Il appelle les plus hautes autorités à «prendre les mesures nécessaires pour barrer la route à la maffia financière» qui, selon lui, «veut l'immunité politique à travers la députation. D'ailleurs, les villes frontalières sont particulièrement touchées par ce phénomène parce que c'est dans ces régions que les trafics en tout genre sont les plus florissants».
Les craintes de ce notable targui sont partagées et appellent à des réactions à la hauteur de la menace, parce qu'il est question réellement d'une menace qui pèse sur la sécurité et la stabilité de toute la bande frontalière, déjà vulnérable eu égard aux évènements au nord du Mali, à l'activité d'Al Qaîda, au trafic de drogues dures et à la circulation d'armes en provenance de Libye.
Posté Le : 10/03/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : www.elwatan.com