Algérie

Des mesures sévères, justes et sans complaisance attendues


Des mesures sévères, justes et sans complaisance attendues
La Fédération algérienne de football a décidé qu'il n'y aura aucune compétition de football le prochain week-end tant au niveau professionnel qu'amateur et ce, en hommage à Albert Ebossé, le joueur de la JS Kabylie décédé samedi dernier suite aux incidents (jets de projectiles) au stade de Tizi Ouzou à l'issue du match JSK-USMA. C'est bien le moins que l'on attendait de la FAF qui sent qu'elle endosse une bonne partie de la responsabilité du drame qui s'est produit à Tizi Ouzou.La violence dans et autour des stades en sera-t-elle amoindrie ' On en doute. Les Tunisiens et les Egyptiens, pris, eux aussi dans l'engrenage de la violence dans les stades, ont imposé le huis clos à tous les matches de leurs championnats de football. Ils ne sont pas les premiers en la matière. Les Algériens les avaient devancés dans les années 60. A cette époque, au cours de la première saison du championnat national de football, en 1964-65, un match MCA-MCO, disputé au stade du 20-Août, s'était terminé dans un énorme pugilat entre joueurs des deux camps. Il y avait eu de nombreux blessés et un joueur oranais s'en était même sorti avec une paralysie à vie. La FAF avait lourdement sanctionné les deux clubs, surtout le Mouloudia d'Alger, alors leader de la compétition, interdit de jouer jusqu'à la fin du championnat, ce qui lui valut une descente en division inférieure. Des joueurs des deux camps avaient eux été radiés à vie, alors que d'autres avaient écopé de longues suspensions.Et puis le secrétariat d'Etat aux sports (il n'y avait pas de ministère de la Jeunesse et des Sports) s'était lui aussi mis de la partie en proclamant le huis clos durant de nombreuses journées pour toutes les rencontres du championnat national. A l'époque, il n'y avait pas eu la moindre réaction tant des deux clubs que de leurs supporters. La crainte de l'Etat et de ses institutions était trop forte pour oser élever la voix.L'exemple des AnglaisAujourd'hui, on entend ça et là, qu'il faut arrêter carrément le football pendant quelques années. Comment peut-on croire un seul instant qu'une mesure de ce genre peut enrayer le phénomène de la violence alors que celle-ci est quotidienne au sein de la société ' Nous l'avons souvent écrit dans ces mêmes colonnes : la violence ne naît pas dans les stades. Elle y est apportée à partir des quartiers et des endroits où la population est victime de la mal-vie. Il apparaît clairement qu'il y a quelque chose à faire à ce niveau. L'Algérie n'innove en rien dans ce domaine.Partout dans le monde où il est fait état de scènes de casse dans et autour des stades, les coupables, dans leur majeure partie, sont issus de quartiers défavorisés. Un pays comme l'Angleterre a largement souffert des affres d'un tel phénomène et son football en a payé un lourd tribut avec une exclusion de ses clubs des compétitions internationales pendant de nombreuses saisons. Pour lutter contre le hooliganisme, les Anglais n'ont pas hésité à user de mesures dont certaines ont même fait une entorse aux droits de l'Homme que ce pays clame partout dans le monde.Les stades anglais ont été rénovés pour la circonstance jusqu'à garantir aux spectateurs une sécurité absolue. Les sociétés de gardiennage ont été sollicitées en vue d'installer des vigiles dans toutes les tribunes, autour de celles-ci et aux entrées et sorties des stades.Ceux-ci ont tous été équipés d'un système de vidéosurveillance si sophistiqué que le moindre petit incident qui se produit dans une tribune est détecté et vite maîtrisé.La police anglaise a, de son côté, identifié et fiché tous les fauteurs de troubles. Ceux-ci ont été interdits de stades et même de déplacements à l'étranger pour suivre leurs clubs ou l'équipe nationale d'Angleterre. Par cette procédure c'est le public des stades qui a été changé, un public émanant d'une population au niveau de vie assez aisé sachant que le prix du billet d'entrée pour un match de la Premier League n'est pas à la portée du premier venu.Des instances au pied du murPeut-on en faire autant en Algérie ' Certainement pas, puisque, déjà, pas un des stades abritant les matches de Ligue 1 n'est homologable si on se réfère aux dispositions en la matière des règlements généraux du football algérien. Selon ce que l'on sait, deux stades seulement disposent de système de vidéosurveillance, à savoir celui du 5-Juillet (fermé en ce moment pour travaux) et celui de Bologhine. Si le stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, en était équipé, les voyous qui ont balancé des projectiles sur le terrain, dont l'un a touché Ebossé au crâne, auraient été aisément identifiés.Le fichage des hooligans est du ressort des services de sécurité, mais, même si ces fauteurs de troubles sont connus les pouvoirs publics, iront-ils jusqu'à leur interdire d'entrer dans un stade 'Ces mêmes pouvoirs publics peuvent-ils, également aller jusqu'à interdire le déplacement de supporters d'un club donné vers une ville bien précise dans le but d'éviter que des heurts se produisent dans celle-ci. En France les supporters marseillais sont depuis longtemps interdits de déplacement vers Paris lors de matches PSG-OM. Il en est de même pour ceux du club de Paris quand celui-ci va jouer dans la cité phocéenne.Tout cela pour dire qu'il y a de lourdes mesures à prendre dans cette lutte contre la violence dans et autour des stades et même si cela risque de heurter, il ne faut pas hésiter à s'en servir.Force doit rester à la loi, et celle du sport est assez bien pourvue en textes pour combattre tous ceux qui trouvent qu'aller provoquer de la casse dans un stade est un bon loisir. Le monde entier nous regarde pour voir quelles décisions seront prises après le décès d'Albert Ebossé. Les instances du football algérien sont appelées à passer un test de crédibilité qui sera noté par la planète entière et pas seulement par la population algérienne.


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