Algérie

"Des mesures de déconfinement supplémentaires envisageables"



L'expert se positionne en faveur de la rentrée scolaire et universitaire sous conditions, mais contre la réouverture des frontières, pour l'heure.Le Dr Mohamed Bekkat-Berkani, membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus, présidé par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, confirme ce que montrent les chiffres depuis plusieurs jours : les voyants de la situation épidémiologique, intra-muros, passent au vert.
"Nous avons gagné une bataille, mais pas encore la guerre. Le virus circule encore. Il faut apprendre à vivre avec", nous déclare-t-il. Le nombre de nouveaux cas est en baisse (la proportion des contaminations en 24 heures passe sous la barre des 200 cas), les formes graves sont en régression et les hôpitaux ne sont plus sous pression.
"Ces données nous laissent augurer des mesures de déconfinement supplémentaires", présage notre interlocuteur. Les membres du Comité d'experts devront se réunir avec le gouvernement dans les jours à venir pour adapter la stratégie au niveau actuel de la crise sanitaire.
"Si l'avis du Comité scientifique doit prévaloir, la décision revient au gouvernement. La gestion modèle de l'épidémie nous a donné un avantage qu'il ne faudrait pas perdre par des décisions intempestives", recommande le Dr Bekkat-Berkani, soutenant qu'un retour à des activités sociales et économiques normales est désormais possible.
"Grâce aux mesures de confinement et de déconfinement progressif, couplées à une prise de conscience de la population sur le risque épidémique, nous avons obtenu des résultats appréciables. Il faut les préserver", nuance-t-il dans un exercice d'équilibrisme entre l'euphorie et la circonspection. Il se positionne, à titre d'exemple, en faveur de la rentrée scolaire et universitaire, mais contre la réouverture des frontières, pour l'heure.
"Il est clair que nous irons vers ce déconfinement, c'est-à-dire la rentrée scolaire, avec un protocole sanitaire spécifique", suggère-t-il. Il estime qu'une reprise des cours modulable en fonction de la situation sanitaire dans chaque wilaya, telle que proposée par le chef de l'Etat, est une option intéressante. Il manifeste, en revanche, une franche réticence à la perspective de la libre circulation des personnes, par voie aérienne ou maritime, aux frontières.
"Je vous rappelle que le virus a été introduit par deux personnes arrivées de l'étranger. Actuellement, l'Algérie est entourée de pays qui connaissent une flambée des cas de contamination. Nous ne concevons pas de perdre l'avantage que nous avons sur l'épidémie par des gestes inconsidérés.
Sur ce point-là, il faut se donner le temps de la réflexion", prévient-il. Le Maroc comme la France, l'Espagne, etc. sont sérieusement confrontés à la menace d'une deuxième vague. "Le virus a, certes, perdu de sa virulence, mais la contagiosité est encore très élevée", relève le président du Conseil national de l'Ordre des médecins algériens.
Il préconise, en conséquence, la prudence, afin d'éviter un retour forcé vers le reconfinement. Il admet qu'il ne convient pas de "pénaliser" outre mesure les ressortissants algériens qui souhaitent effectuer des séjours dans leur pays d'origine, pour peu qu'ils souscrivent à des règles de prévention, soit se soumettre à un test PCR 72 heures avant l'embarquement sur un vol à destination d'une des villes d'Algérie et assumer les frais de voyage et de la mise en quarantaine dans des hôtels.
"Les pays ne peuvent pas vivre éternellement en léthargie. Il faut tenir jusqu'au fléchissement de l'épidémie avec un statut immunitaire de la population élevé et une large campagne de vaccination contre la grippe saisonnière", conclut-il.

Souhila H.


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