Algérie

Des mentalités en jachère



A quoi ça sert de prier si l'on prêche dans le désert ' Certains de nos concitoyens se contrefichent royalement des règles élémentaires de la vie en société. Comme ne pas griller un feu rouge ou une plaque de stop, jeter ses ordure n'importe où, laver sa voiture avec l'eau du robinet ou même voler quelques grammes en traficotant la balance électronique. Crédité de bonnes intentions par le citoyen de la rue, le gouvernement fait ce qu'il peut, et c'est déjà bien. Mais pour d'autres, la «première urgence» pour le pays est de laisser le peuple respirer un peu. Fatigué, blasé, abusé, blousé, voire grugé, l'Algérien lambda a d'abord besoin de respirer, avant de manger, aller à l'école, travailler, s'habiller, ou même voyager à l'étranger.L'autre tare qui nous colle au dos, notre divorce consommé d'avec la propreté et tout ce qui est salubrité publique. Nos villes, nos rues et nos quartiers sont trop sales. «Nous allons nettoyer toute l'Algérie», nous avait déjà promis une ancienne ministre de l'Environnement. On attend toujours... «Mais pourquoi, parbleu, a-t-on attendu soixante berges pour enfin décider de nettoyer le bled... sur «décision politique», par-dessus le marché '», serinait dans l'oreille du chroniqueur un agent d'assainissement de l'arrière-pays profond, qui ne compte pas faire carrière chez la sous-catégorie des lève-tôt. Non mais saperlipopette, nettoyer tout le pays de quoi, de qui, quand, comment, pourquoi '! Après avoir pris le mauvais pli de nettoyer sa maison, en cachant toute la poussière sous le grand tapis du salon, le pays fera-t-il comme celui qui nettoie à grande eau sa demeure, en jetant tout avec, y compris ceux qui l'occupent '
Parce que les Algériens sont un peuple-bouclier contre un pays antichoc, l'heure est à savoir s'il faille nettoyer nos rues trop sales, nos cités décrépies, nos villes polluées, et laisser nos mentalités en jachère ' Un peu comme celui qui prend le soin de «laver» sa conscience avant de faire ses ablutions, a quoi sert-il de prier si l'on prêche dans le désert, la question «dialectique» n'étant pas celle de faire son travail, mais surtout de bien le faire ' Rien ne sert à sortir le karcher lorsque la «crasse» n'est pas là où l'on pense qu'elle se «niche»...


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