Algérie

Des membres de l'Orchestre national de Barbès à Oran



Briser les cloisons Qui aura remarqué, la nuit du 3 août, la présence des membres du célèbre Orchestre national de Barbès (0NB) à Oran ? Personne, ou presque !

Invités de prestige noyés dans une foule d'anonymes, le groupe a répondu favorablement à l'invitation lancée par le ministère algérien de la Culture et a assisté en toute «simplicité», cette fois-ci en spectateurs, à la soirée de clôture du festival de la musique et de la chanson oranaises.

Après une brillante interprétation à Sidi Bel-Abbès, aux côtés de nombreuses stars du raï, et un passage discret à Oran, le groupe s'est envolé en direction de Paris, laissant sur le territoire deux membres de la famille, Ahmed Bensidhoum et Toufik Mimouni, deux musiciens du groupe, respectivement d'origine algérienne et marocaine, qui séjourneront dans un hôtel modeste d'un quartier populaire de la ville. C'était l'occasion d'en savoir un peu plus au sujet du groupe français, beaucoup trop méconnu de nos mélomanes algériens.

Le quatrième album «Rendez-vous à Barbès», sorti le 21 mai 2010 en France, rassemble une multitude de styles musicaux. Des tonalités gnaoui, aux rythmes alaoui et raï, les pistes de lecture nous offrent un florilège de mets. Une dégustation de musique maghrébine malgré les quelques notes épicées d'une chanson ska… Chantée en arabe, naturellement !

Un voyage musical «hétéroclite», en contraste avec les notes rock du troisième album «Alik» (sorti en 2000), mais qui rappelle les valeurs de l'ONB. Bien que le groupe, par la voix d'Ahmed et Toufik se défende d'un engagement politique à proprement parler, le métissage musical et la diversité culturelle qu'il sous-tend n'en délivrent pas moins un message clair et «universalisable».

L'union de tous, quelles que soient les différences, bougeant sur le même tempo d'un «Salam» ou d'un «Hada», voilà bien un mot d'ordre qui anime la petite famille de Barbès depuis sa création en 1995 autour du fondateur Youcef Benkella. Toufik le répète : «Une des forces de l'ONB, c'est bien qu'on se fout des cloisonnements (...). Ils limitent la diversité et appauvrissent le contenu».

Et pourtant, il y en avait «des cloisons»… entre la France et l'Algérie avant tout. Paradoxe d'artistes qui enrichissent la scène musicale européenne en transmettant le patrimoine culturel maghrébin, il a fallu quatorze années de frustrations avant de pouvoir se produire sur une scène algérienne. Après avoir joué dans une trentaine de pays à travers le monde, c'est la deuxième fois que l'ONB foulait le sol algérien. Difficile, en outre, de se procurer ici un de leurs albums. Mais rien ne vaut un concert, le spectacle c'est «la méthode ONB».

Il y a bien eu quelques hésitations et une pointe de scepticisme, mais la musique aura tout de même laissé place au show dans l'enceinte du stade des Frères Amarouche, à Sidi Bel-Abbès.

«Un souffle nouveau dont avaient besoin les gens ici», estime un des «barbésiens» revenant sur le festival de raï du bord de la Mekerra.

Concernant la soirée du 3 août, les deux artistes évoquent les tonalités nostalgiques d'une musique des années 1960. Ils regrettent cependant que les festivités n'aient pu réunir que sporadiquement des chanteurs raï. Une présence considérée par beaucoup comme l'assurance de gradins bien remplis.

Un mur de plus ? Toufik et Ahmed, fidèles à leur enseigne, défendent la diversité du spectacle : laisser une place au raï qui dénonce les tabous accompagnant notre temps, sans en écarter la musique oranaise. Le gage d'une transmission de l'héritage culturel. «Il ne faut pas couper l'arbre par les racines pour qu'il se développe», lancera l'un deux, sans oublier néanmoins de soigner les jeunes pousses...




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