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Des médecins chinois pour le Sud



Des médecins chinois pour le Sud
Puisque nos médecins ne veulent pas y aller, quitte à chômer au Nord où pour les plus débrouillards trouver un emploi sous-qualifié en France, il fallait bien que le gouvernement travaille à trouver une solution, comme il l'avait pour la construction massive de logements...
L'annonce est passée en quelques fractions de secondes. C'est le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, qui l'a donnée au cours de la prise de parole traditionnelle après chaque audience accordée à une personnalité étrangère. Ceux qui ont suivi le journal télévisé de 20 h, lundi dernier, ont pu en prendre connaissance. «Une coopération qui pourra aider à combler le manque de médecins spécialistes dans les structures de santé dans le sud du pays» avait dit en substance Ziari à l'issue de l'entretien qu'il venait d'avoir avec le conseiller supérieur du gouvernement de la province de Hubel (Centre de la Chine). Ce que le communiqué du ministère de la Santé transmit par la suite à la presse traduit par «la nécessité d'élargir la coopération technique par le renforcement des équipes médico-chirurgicales chinoises activant en Algérie». Visiblement, il s'agit là d'une décision de plus grande ampleur que les précédentes. Il faut savoir que l'option du recours à des médecins étrangers pour les régions du Sud et des Hauts-Plateaux a déjà été tentée. Notamment avec les Cubains et même avec les Chinois. C'est le renforcement de cette présence dans ces régions qui est à l'ordre du jour, cette fois-ci. Puisque nos médecins ne veulent pas y aller, quitte à chômer au Nord où pour les plus débrouillards trouver un emploi sous-qualifié en France ou ailleurs en Europe, il fallait bien que le gouvernement travaille à trouver une solution pour assurer une couverture sanitaire décente de nos populations du Sud. Avec les Chinois, tout porte à croire que c'est la meilleure option pour régler le problème de la «désertification médicale» du Sud et des Hauts-Plateaux.
Leur entrée dans la construction de logements au début des années 2000 en témoigne. Non seulement ils ont réalisé ce pourquoi ils étaient venus, mais en plus, ils ont imprimé une dynamique du travail rapide et bien fait. D'ailleurs, beaucoup de privés algériens préfèrent leur faire appel (en extra) pour leurs constructions individuelles. Même pour des travaux d'entretien. Bien sûr, cela fait grincer des dents les professionnels algériens qui considèrent qu'on empiète sur leur «chasse gardée». Qui s'estiment aussi, il faut bien le dire, quelque peu lésés dans le nouveau rapport de l'offre et de la demande qui réajuste les prix. Une logique insensée qu'aucun Algérien et encore moins le gouvernement ne saurait accepter. D'autant que d'ambitieux programmes de constructions d'infrastructures sanitaires ont été réalisés et d'autres en cours de l'être dans le Sud et les Hauts-Plateaux. Des infrastructures qu'il faut bien pourvoir en personnel spécifique. Ce qui s'avère difficile avec la ressource humaine nationale. Ceci malgré les promesses de logements et divers avantages financiers. Alors faut-il construire des hôpitaux et croiser les bras en attendant que des médecins algériens veuillent bien se décider à y aller' On ne peut qu'applaudir la décision du gouvernement algérien de faire appel aux médecins chinois pour nos citoyens du Sud qui souffrent et doivent faire des milliers de km pour se faire soigner. Au-delà de cet aspect humain, il y a aussi toute la problématique des investissements.
Des centaines de milliards de dinars injectés pour réaliser des infrastructures qui, sans le personnel adéquat pour leur fonctionnement, iraient en pure perte. Inadmissible! Ceci dit, le gouvernement devrait, en parallèle, accélérer la mise en oeuvre des programmes d'aménagement du territoire dans ces zones. Cela a déjà commencé avec le transfert des eaux de In Salah vers Tamanrasset. Avec l'autoroute transafricaine. Il reste à revoir, toujours pour ces régions, la politique des transports, du commerce surtout en matière de stockage et de distribution, des technologies nouvelles, des loisirs, etc...Il faut qu'il y ait le moins possible de disparités entre le Nord et le Sud et une nette amélioration du cadre de vie. Le challenge pour le gouvernement est double. Au développement économique et social de ces régions, il lui faut lutter contre un aspect psychologique de taille. Ce n'est pas sans raison que la population algérienne se trouve à 80% agglutinée sur la bande côtière du pays. Il y a des causes historiques dont il faut tenir compte et y remédier. L'Algérien est en butte à des frustrations héritées au cours des siècles de dominations et de confinement dans les zones les plus hostiles du pays. L'exode rurale post-indépendance en est la meilleure preuve.
Difficile dans ces conditions d'imprimer un reflux de population sans créer des conditions attractives puissantes. Il faut y penser dès maintenant, car la solution «chinoise» ou «cubaine» ne participe pas à un règlement durable du problème. Un répit seulement qu'il s'agit, toutefois, de mettre à profit pour penser et mettre en oeuvre l'attractivité qui fait défaut pour attirer les nationaux dans ces régions et dans tous les domaines. Comme on le voit, les responsabilités sont partagées!
zoume6@hotmail.com
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