Algérie

Des marocains candidats à l'émigration clandestine vendus comme esclaves en Libye


Des marocains candidats à l'émigration clandestine vendus comme esclaves en Libye
Des marocains, candidats à l'émigration clandestine, ont été kidnappés, séquestrés et vendus comme esclaves en Libye. Après les terribles révélations de CNN sur la vente d'immigrants africains en Libye, l'hebdomadaire marocain Telquel Arabi a enquêté sur une affaire similaire impliquant des marocains, mais aussi des Algériens et des Egyptiens, emprisonnés au centre de rétention de ''Tariq Essikah'', à Tripoli.Ils sont près de 200 Marocains à être tombés dans les mailles des réseaux de la traite humaine en Libye. Telquel Arabi relate leur histoire à travers des témoignages exclusifs qu'il a recueillis sur place.
En voici quelques extraits: ''quand nous avons contacté les familles des Marocains retenus en Libye, elles nous ont déclaré que leurs proches ont versé une moyenne de 40.000 dirhams à des intermédiaires censés les faire passer en Italie.
''Ibtissam. A. est la s?ur de l'une des victimes marocaines, originaire de Fkih Bensaleh. Elle nous révèle que son frère était parti en Libye, via l'Algérie, avec deux autres proches dans l'espoir de rejoindre l'Italie. En fin de compte, les trois Marocains se sont retrouvés otages de réseaux de traite d'êtres humains''. Après, les mêmes réseaux, selon Ibtissam A. ''ont contacté sa famille pour demander une rançon, faute de quoi l'otage allait être assassiné.''
Telquel Arabi précise que ''la version d'Ibtissam. A. est corroborée par l'un des Marocains retenus en Libye''. ''Sous le sceau de l'anonymat, il nous révèle qu'il a dû lui aussi verser 40.000 dirhams pour atterrir en Italie. Manque de chance, il finit comme otage en Libye''.
Celui'-ci raconte sa mésaventure au téléphone: ''un gang nous avait séquestrés et pris contact avec le chef d'un réseau d'immigration clandestine pour nous vendre. La transaction a eu lieu. Notre acquéreur nous a obligés à payer le double de la somme qu'il a déboursée pour nous acheter.''
Puis l'armée libyenne les a sauvés, en donnant l'assaut contre la maison où ils étaient séquestrés. ''L'armée a fini par donner l'assaut contre les maisons que nous habitions à Sabratha (nord-ouest de la Libye, NDLR) et nous avons fini dans un centre de rétention", raconte t-il.
"Quand vous arrivez en Libye et que vous tombez entre les mains des réseaux d'immigration clandestine, vous mettez de côté votre dignité et vous devenez un esclave qui doit faire tout ce qu'on lui demande. Vous pourrez être tué sans que personne ne soit au courant", ajoute un autre Marocain, originaire de Sidi Bennour qui a fait des pieds et des mains pour nous joindre depuis un centre de rétention libyen.
"Nous n'avons pas de médicaments, pas de produits d'hygiène, et les puces nous pourrissent davantage la vie. Nous voulons que le roi Mohammed VI intervienne pour trouver une solution et nous permettre de regagner notre pays", poursuit le jeune homme.
Rabat aux abonnés absents
Selon l'hebdomadaire Telquel Arabi, ces marocains ont passé plusieurs mois dans les centres de rétention libyens. Et, là, ''ils ont commencé à enregistrer des vidéos et à les diffuser sur le site officiel de l'instance officielle libyenne chargée de la lutte contre l'immigration clandestine pour accélérer une intervention des autorités marocaines''. ''Ils ont même entamé des grèves de la faim pour protester contre la sourde oreille du gouvernement El Othmani'', poursuit la même source.
''Anouar Abou Dib, directeur du centre de rétention de Zouara, a accepté de répondre à nos questions'', et ''a confirmé que 200 Marocains se trouvaient dans ce centre, mais que les autorités de Rabat ne faisaient rien pour leur rapatriement, sachant que peu d'entre eux disposent d'un passeport.''
"Le centre est ouvert à toutes les instances et ONG. Si une ONG marocaine veut visiter le centre, elle est la bienvenue. Nous n'avons rien à cacher", ajoute Abou Dib qui réfute les accusations de maltraitance contre les personnes retenues dans son centre. Puis il propose de mettre en contact téléphonique les journalistes de Telquel Arabi avec les Marocains retenus dans le centre de Zouara.
''Nous voulons seulement rentrer au pays comme les Algériens, les Egyptiens et les Nigérians. Nous attendons toujours une intervention royale pour mettre fin à nos souffrances et à celles de nos familles", nous déclare à Telquel Arabi Mostafa Lakhdar, père de sept enfants originaire de la région de Khouribga.
"Cela fait longtemps que nous vivons dans ce centre et quand nous posons la question aux Libyens, ils nous répondent que c'est la faute aux autorités marocaines", renchérit Mohamed Aâch, originaire de Khouribga, et père de quatre enfants.
Mohamed Aâch a déboursé 50.000 dirhams dans l'espoir de rallier l'Italie via la Libye. "J'ai passé trois mois en otage dans des réseaux d'immigration clandestine. C'était les pires moments de ma vie", affirme-t-il. Mais, Ahmed Hamza, rapporteur du Comité national des droits humains en Libye, a qualifié dans une déclaration à Telquel Arabi les conditions de détention des Marocains au centre de Zouara de ''"misérables" en l'absence de soins et de nourriture adéquate.
"Les autorités libyennes ont préparé tous les documents relatifs aux détenus marocains et nous n'attendons que la réponse des autorités marocaines", nous déclare Jamal Al Mabrouk, président de l'Organisation de la coopération et du secours international.
A Rabat, pourtant, Abdelkrim Benatiq, ministre chargé des Marocains de la diaspora, avait samedi dernier, face aux appels répétés de Telquel Arabi, demandé ''qu'on le rappelle puisqu'il était occupé à prendre son... déjeuner. Depuis, aucune suite n'a été donnée à nos sollicitations''.
Jusqu'à présent, les 200 marocains libérés de leurs geôliers par l'armée libyenne et en attente de rapatriement, sont toujours détenus dans les centres de rétention libyens. L'enquête a été diffusée mardi dernier.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)