Algérie

Des manifestations aux contours de dangereuse «diversion»



De Tunis, Mohamed KettouCe dimanche, jour de la célébration du 64e anniversaire de la République (25 juillet 1957), plusieurs manifestations antigouvernementales ont été organisées dans plusieurs villes tunisiennes à l'exception de la capitale dont l'avenue principale, lieu habituel des manifestations, était barricadée. À quelques kilomètres, soit au Bardo, devant le siège de l'Assemblée des représentants du peuple, les manifestants ont scandé des slogans appelant à la dissolution du Parlement et du gouvernement.
Bravant la canicule et, surtout, le coronavirus, les manifestants ont répondu aux appels incessants lancés depuis plus d'un mois sur les réseaux sociaux et orchestrés par une partie jusque-là inconnue.
Ce qui est sûr, c'est que le parti de Abir Moussi, le PDL, qui lutte à battre les islamistes, s'y oppose. Cela signifie-t-il que les manifestations ont été suscitées par Ennahdha' Dans quel but ' Mais le parti islamiste a déclaré son rejet de ce mouvement. Le Parti des travailleurs (gauche) s'est également abstenu de cautionner des manifestations dont les commanditaires sont inconnus.
À l'exception du député Mongi Rahoui, qui se démarque de la gauche, en appelant ouvertement aux manifestations, aucun parti politique de la majorité parlementaire ne s'est affiché comme instigateur de ces rassemblements. En revanche, le parti Courant populaire a appelé, dans un communiqué, à une participation record pour imposer un gouvernement national de transition capable de mener une action salvatrice à travers une stratégie économique qui sortirait le pays, à court terme, de sa situation actuelle. Cependant, tous ceux qui s'y opposent considèrent qu'il s'agit d'une dangereuse opération de «diversion». Pour les participants, mobilisés à travers Facebook, il s'agit d'une «insurrection» contre ceux qui ont fait de la Tunisie leur propriété. Ils s'estiment libres de manifester en dehors de tout encadrement politique, tout comme l'avait fait la jeunesse un certain 14 janvier 2011 pour dégager Ben Ali. Leur objectif est d'«arracher le pays des griffes de ceux qui le dirigent depuis une dizaine d'années pour le plonger dans une situation intenable sur tous les plans».
Répondant à ceux qui s'y opposent, ils assurent que, dans la Tunisie actuelle, il n'y a plus rien à perdre. Une misère matérielle et morale galopante, peuple appauvri, un pays endetté au risque de perdre sa souveraineté ; bref, tous les ingrédients d'une banqueroute, estiment les manifestants qui sont unanimes à faire endosser la responsabilité au parti islamiste Ennahdha.
Bras de fer «des pour et des contre» les manifestations
Certains observateurs estiment que, dans ce challenge des pour et des contre les marches, celui qui est convaincu qu'un tel mouvement ne sera d'aucune utilité pour un éventuel changement de la donne en sortira gagnant. Ce mouvement peut-il alors mener au changement de la Constitution ou de la loi électorale ' Rien n'est moins sûr.
Pour rappel, la République en Tunisie a été proclamée le 25 juillet 1957, quinze mois seulement après l'accès du pays à l'indépendance. Ce n'était pas le résultat d'un coup d'Etat militaire, mais plutôt un coup d'Etat parlementaire puisque la décision a été prise par l'Assemblée constituante qui n'avait comme prérogative, à l'époque, que l'élaboration d'une Constitution qui, d'ailleurs, a vu le jour en juin 1959. Ainsi, le bey Lamine de la dynastie husseinite a été déposé pour terminer ses jours dans la misère. Son successeur, Habib Bourguiba, a, d'ailleurs, connu le même sort quand Ben Ali l'a confiné dans un isolement total durant 13 ans dans sa ville natale, Monastir.
Depuis le départ de Ben Ali, cet événement n'est plus commémoré dans la joie. On assiste, aujourd'hui, à des manifestations organisées dans le chaos, par divers partis politiques qui tirent profit de l'absence de l'Etat.
M. K.


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