Algérie

Des manifestants fustigent El Bechir POURSUITE DES PROTESTATIONS AU SOUDAN



Des manifestants fustigent El Bechir POURSUITE DES PROTESTATIONS AU SOUDAN
Les manifestations qui se poursuivent depuis six jours prennent de l'ampleur au SoudanLe ministère de l'Intérieur a annoncé vendredi dernier l'arrestation de 600 personnes pour «leur participation aux actes de vandalisme», précisant qu'elles allaient être jugées la semaine prochaine.
Des centaines de manifestants ont accusé, hier, le président soudanais Omar El Bechir d'être un «assassin», au sixième jour d'un mouvement de protestations sans précédent lors duquel des dizaines de personnes ont été tuées et 600 autres arrêtées. La manifestation a été dispersée par les forces de l'ordre, à coups de gaz lacrymogène selon des témoins, comme les protestations de la veille et des jours précédents, déclenchées par l'annonce lundi dernier de la levée des subventions sur les carburants. Le ministère de l'Intérieur a annoncé vendredi dernier l'arrestation de 600 personnes pour «leur participation aux actes de vandalisme», précisant qu'elles allaient être jugées la semaine prochaine. Le gouvernement continue de garder le mutisme face à cette contestation d'une ampleur inédite depuis l'arrivée au pouvoir du président Bechir en 1989, mais les écoles ont été fermées jusqu'à lundi. Les manifestants dénonçaient samedi dernier la mort du «martyr» Salah Mudathir, tué la veille lors d'une manifestation à Khartoum Bahri. «Bechir, tu es un assassin» ont crié, selon un témoin, quelque 2 000 manifestants, dont des femmes et des enfants. «A bas, à bas» le pouvoir, ont-ils encore crié contre le régime islamiste du président Bechir. Cette manifestation est survenue après les funérailles dans un quartier huppé de la capitale de Mudathir, un pharmacien de 28 ans, issu d'une riche famille connue dans les affaires et la politique. «Il a été tué d'une balle dans le coeur vendredi dernier», alors qu'il manifestait, a indiqué son cousin. La police a fait état de son côté de quatre civils tués vendredi dans Khartoum et sa banlieue, affirmant qu'ils étaient tombés sous les balles d'inconnus. «Des hommes armés non identifiés ont tiré vendredi sur des manifestants à Khartoum Bahri, à Khartoum et à Omdurman et quatre civils ont été tués», a indiqué la police citée par l'agence officielle soudanaise Suna. La police faisait état jusqu'à présent d'un bilan de 29 morts, mais n'avait donné aucune précision sur les circonstances de ces décès. Selon des témoins et des proches des victimes, la plupart des civils tués cette semaine l'ont été par balles par la police. Deux ONG, l'African Centre for Justice and Peace Studies et Amnesty International, qui ont fait état d'un bilan de 50 morts pour mardi et mercredi, ont accusé les forces de sécurité d'avoir délibérément tiré sur les manifestants. L'opposition, ainsi que des militants, ont appelé cette semaine à la poursuite des manifestations. Le parti d'opposition Oumma de l'ex-Premier ministre Sadek Al-Mehdi a appelé «le peuple soudanais à intensifier les protestations», et l'Alliance des jeunes de la révolution soudanaise a réclamé «la démission du chef de l'Etat (...) ainsi que du gouvernement corrompu». Depuis la décision lundi du gouvernement de lever des subventions sur les carburants dans le cadre d'une série de réformes économiques, les Soudanais manifestent en masse dans plusieurs régions et les protestations ont par endroits dégénéré. L'Internet a été coupé vendredi une grande partie de la journée pour la deuxième fois de la semaine. Le Réseau des journalistes soudanais, une organisation non officielle, a annoncé que ses membres cesseraient de travailler à partir de samedi (hier) en raison des tentatives du pouvoir de les empêcher de couvrir le mouvement de protestation. «Nous voyons notre peuple être tué et nous ne pouvons ignorer cela», a dit dans un communiqué le groupe qui revendique 400 membres. Les autorités ont fermé vendredi les bureaux d'Al-Arabiya et de Sky News Arabiya à Khartoum, selon les deux chaînes satellitaires arabes. Elles ont en outre saisi ou empêché de paraître trois quotidiens pourtant pro-gouvernementaux. Selon le rédacteur en chef d'un journal indépendant interdit depuis jeudi, il n'est pas permis de publier d'autres informations sur les manifestations que les rapports de police.


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