Algérie

"Des malaises sociaux plus complexes en perspective"


Le président du Front El-Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, qui a animé, hier, à Zéralda, une conférence de presse, en marge d'une rencontre avec les élus locaux et les présidents de commissions des APW de son parti, a considéré que "les grèves enregistrées récemment dans les secteurs de la santé et de l'éducation ne sont que le prélude à des malaises sociaux plus complexes à venir". Le premier indice sur lequel il se base est "l'absence de dialogue", parce qu'en Algérie, relève-t-il, "lorsque nous échouons, nous lions les raisons de notre échec à des manipulations de forces tantôt externes, tantôt internes".Pendant ce temps, poursuit-il, "les conflits sociaux sont gérés dans l'opacité". Abdelaziz Belaïd s'interroge, d'ailleurs, sur cette "haute autorité" qui a donné des garanties aux enseignants affiliés au Cnapeste pour qu'ils gèlent leur grève. "C'est qui et quoi cette haute autorité ' Ce langage et ces pratiques cultivent l'opacité dans la gestion des affaires publiques et remettent en cause la légitimité des institutions de la République. Lorsque les décisions ne sont plus prises dans le circuit officiel, l'Etat et ses institutions n'ont, dès lors, plus aucune existence effective", s'est-il scandalisé, tout en faisant remarquer qu'"en Algérie, nous vivons tous sous pression, parce qu'il n'y a pas, justement, une gestion transparente des affaires de l'Etat".
Ce pourquoi, fait-il, également, rappeler : "Nous insistons, au sein de notre parti, sur l'Etat de droit." Parce qu'Abdelaziz Belaïd ne pense pas que "le malaise que nous vivons aujourd'hui, où les harragas qui se jettent à la mer pour fuir le pays, sont les seules conséquences du chômage ou de la pauvreté". Pour preuve, il évoque le cas de "gens aisés ou des intellectuels qui fuient le pays avec visas et passeports" en prenant des vols réguliers. Il ajoute, à ce propos, que face à cette situation, "si nous n'ouvrons pas un dialogue réel, nous nous retrouverons face à de sérieux problèmes, dans un avenir très proche". Abdelaziz Belaïd a, également, réagi au sujet des rumeurs sur un changement de gouvernement qui serait imminent. "Un changement de gouvernement, pour quoi faire ' Cela n'apportera aucun résultat si nous ne procédons pas simultanément au changement des mentalités et des pratiques. Ailleurs, les changements de gouvernement sont opérés en fonction d'événements ou de perspectives politiques et économiques majeures. Chez nous, nous ne savons même pas sur quelle base les changements de gouvernement sont opérés, à tel point que nous sommes devenus des leaders mondiaux en la matière : un changement de gouvernement tous les six mois, quand ce ne sont pas tous les trois mois. Nous ne savons pas non plus sur quelle base sont choisis les ministres, lesquels, d'ailleurs, ne sont souvent ni des gestionnaires avérés ni des politiques avisés", a-t-il soutenu. Abdelaziz Belaïd ne comprend pas comment "tous les gens parlent du programme du Président, alors qu'il n'y a aucune vision ni stratégie de gestion concrète sur le terrain" et que, surtout, "les ministres où leurs secteurs ne sont jamais évalués sur la base d'objectifs réels".
Autant de raisons qui feront dire au président du Front El-Moustakbal, que son parti "n'est pas prêt à intégrer un quelconque gouvernement dans les circonstances actuelles". Parce qu'il ne s'agit pas, selon lui, de "partager un gâteau". Enfin, il est à signaler qu'Abdelaziz Belaïd a réuni ses élus locaux et présidents de commissions d'APW pour leur rappeler que "les tâches administratives qu'ils assument désormais ne devraient pas leur faire perdre de vue leurs responsabilités politiques vis-à-vis du parti et des citoyens qui les ont élus".
Mehdi Mehenni
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