Frappée par le terrible sort d'une famille composée de trois jeunes arriérés mentaux, la population de Ouled Abdallah semble être prise d'une profonde angoisse, voire de panique, à l'idée que la mère, agonisante sur un lit d'hôpital, ne meure laissant ses enfants livrés à eux-mêmes, après que le père aient rendu déjà l'âme au début du mois de juin dernier.
Cette panique transparaît à travers la réflexion d'un villageois qui a dit : « Ces enfants vivent dans des conditions inhumaines, baignant dans leurs excréments, inconscients à tout ce qui les entoure. Livrés à eux-mêmes depuis que la mère est hospitalisée et le père décédé, il y a de cela deux mois, les enfants sont terrassés par la pauvreté et alourdis par leur handicap. Personne ne semble être en mesure de prendre soin d'eux. Qu'en sera-t-il si l'hospitalisation de la mère s'étale dans le temps du fait de sa grave maladie ' » Enchaînant, leur oncle dira : « S'ils ont vécu à ce jour, c'est parce qu'ils étaient constamment enchaînés, sinon ils seraient partis. » Lors de notre passage, jeudi dernier, chez cette famille, Salem, 24 ans, Saïda, 19 ans, et Abdelhak, 12 ans, étendus au milieu de la cour, emmurés dans le silence, enchaînés à des parpaings, nous ont apparu assez soignés et bien propres par rapport à ce qu'on disait sur l'insalubrité qui les entourait.« Leur propreté, dira un voisin, est circonstancielle par le fait que quatre femmes sont passées dans cette maison, la veille, pour faire le nettoyage et soigner notamment la jeune fille Saïda et l'enfant Abdelhak, qui sont incapables de s'entretenir. » Si l'enfant Abdelhak était dans un état de somnolence, sous l'effet des médicaments, tout en étant enchaîné, la fille, Saïda gesticulait sans cesse, tapant des mains et poussant par alternance des cris inhumains à vous couper le souffle. « Leur degré d'inconscience est tel que, a indique leur oncle Chaâbane, la fille s'était jetée sur le feu, se brûlant au 3° degré sur plusieurs parties de son corps. » Ces jeunes personnes se trouvent présentement dans un état grave de déficience, ne pensant pas, ne ressentant rien, ils sont dans un gouffre d'où ils ne peuvent se soustraire. Face à l'inconsistance des pouvoirs publics devant cette catégorie de personnes, les habitants de ce village, de par leur réaction, font preuve de scepticisme quant à une quelconque prise en charge, et la propension de la survie de ces jeunes personnes est fort minime. Face à ce cas de figure, le directeur de l'action sociale (DAS) de la wilaya de M'sila ne va pas au-delà de l'aspect pécuniaire en soutenant que les deux jeunes handicapés bénéficient d'une pension de 4000 DA chacun et l'enfant perçoit une indemnité de 1000 DA. Il semble qu'au niveau de cette wilaya, il n'existe pas de centre spécialisé pour cette catégorie de handicapés. En attendant que les autorités locales y pensent, ces malades auront toute latitude de sombrer dans l'inconnu.
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Posté Le : 22/07/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : S. Ghellab
Source : www.elwatan.com