Algérie

Des lueurs dans l’ombre de Rachid Iguenane Roman - Éditions Société des écrivains, Paris 2004



Commentaire

Passent des jours et des semaines de terreur animés, la journée par des voitures qui font exploser sur les passants la haine qu'on leur avait mise dans les entrailles, et la nuit, par des accrochages nourris de cris terrifiants. S'entretuent sans relâche les jeunes d'une génération sacrifiée pour les dogmes d'une génération révolue ; mûrit l'angoisse de Youyou perché aux volets de sa fenêtre...

En plein dans le terrorisme
à la croisée des chemins, Youyou, le personnage principal, assiste à la rencontre implacablement mortelle de la famille qui avance avec la famille qui recule.

“Trépassent les gens ; se colorent les trottoirs du sang juvénile des enfants allant ou revenant de l’école ; s’entretuent sans relâche les jeunes d’une génération sacrifiée pour les dogmes d’une génération révolue ; mûrit l’angoisse de Youyou perché aux volets de sa fenêtre.” Même en ce temps de guerre et de terrorisme, Youyou vit pour Nacéra. Nacéra l’amour. Nacéra l’enfance et Nacéra la paix. Elle vit à l’ombre du secret aux côtés de Youyou. Tout au long de la trame romanesque, le personnage suit le héros telle une ombre mouvante.
Comme un fantôme. Dans son récit, l’auteur refuse de rompre le lien avec tout ce que symbolise sa compagne. Il nous fait voyager, les yeux fermés, sur des routes parsemées de peur, de tristesse et de l’ombre de choses perdues. Les yeux fermés, car Youyou est un rêveur. Au début, c’était l’enfance qui le berçait dans des rêves plus grands que la force de son espoir. Puis, une jeunesse qui trébuchait déjà sur les chemins du lycée. Des coups de matraque aux espoirs déçus, le jeune adolescent se consolait par la musique et les chants de Meksa. Même ce dernier finit par lui léguer une grosse déception : “Il n’aurait pas dû mourir jeune…” Des années passèrent, ses pas le menaient toujours, tantôt vers le rêve, tantôt vers la révolte. Alternativement. Heureusement que Nacéra était toujours là aussi près que lointaine et souvent déroutant comme un songe fantomatique. Les routes le mènent vers le journalisme à une époque où le rêve flirte avec la mort. à la croisée des chemins, Youyou assiste à la rencontre implacablement mortelle de la famille qui avance avec la famille qui recule. Rencontre-confrontation. Par les idées qu’il avait cultivées en s’accompagnant de livres, de poésie, celle de Ferhat notamment, il avait déjà, presque sans le vouloir, choisi sa famille, son camp. Mais il finit, à cause de ses articles, par déchaîner les foudres de ses détracteurs. Le héros reçoit des menaces par lettres et par téléphone. Il n’eut de consolation que dans les frémissements de Nacéra qui craignait pour sa vie. Au bout du compte, Youyou, le personnage principal, a fini par vaincre. Sa relation avec Nacéra est devenue concrète.
Les mots qu’ils n’ont pas osé se dire auparavant ont fini par venir d’eux-mêmes. Spontanément. Entre les lignes du roman, la force qui dirige les personnages sur des chemins parsemés de rires et de pleures se laisse apercevoir au cœur qui l’appelait. Son amour pour Nacéra, son pays, le retenait comme des amarres à son enfance et sa jeunesse. Un roman de la nostalgie en somme et le premier du genre pour ce jeune licencié en littérature anglaise de l’université de Tizi Ouzou, établi en France depuis 2001.


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