Algérie

Des lotissements sans viabilisation depuis 26 ans



Attribuée sans viabilisation depuis 1994, une bonne partie des 350 lotissements publics de la cité Tihagouine, située à quelques encablures de la ville de Tamanrasset, offre un débouché direct sur l'anarchie urbaine qui affecte profondément la capitale de l'Ahaggar. C'est l'avis même des propriétaires qui se disent victimes d'une arnaque portant commercialisation des lots de terrain sans réseau d'assainissement, ni ceux de gaz et d'AEP. Il s'agit des lots jouxtant le lycée Amlal-Ag Bilal et le cimetière de la cité où l'on a remarqué l'érection d'un pâté de bâtisses qui ne répond à aucune norme urbaine. "On ne parle pas d'un centre rural ou encore d'une zone enclavée, mais bel et bien de l'un des quartiers huppés de la ville de Tamanrasset", précise d'emblée Boudjemâa Hamdi, représentant des habitants, qui a tenu à rappeler que ce problème a été signalé à maintes reprises aux autorités locales.Depuis septembre 2015, plusieurs correspondances, cosignées par tous les propriétaires lésés, ont été envoyées aux services de la wilaya. Cependant, "nos lettres de doléances finissent vraisemblablement dans la corbeille de nos responsables", regrette notre interlocuteur, en dénombrant 12 correspondances adressées à qui de droit sans parvenir à résoudre ce problème qui est devenu un véritable casse-tête. Un problème qui serait dû en partie aux constructions illicites érigées sur les parcelles destinées aux réseaux divers et sur la voie principale permettant d'accéder aux lotissements concernés.
"Otages du béton illicite, nombre d'habitants se trouvent ainsi condamnés", souffle Boudjemâa. D'après lui, "la responsabilité de cette métastase urbaine incombe exclusivement à l'agence foncière qui, en sa qualité d'aménageur public, aura ouvert dans la hâte des lotissements défectueux en mettant en vente des lots à bâtir sans aménagement préalable". Les terrains puisés du patrimoine des domaines publics sont ainsi livrés au "désordre et à une excroissance" qui en dit long sur le mal urbain qui affecte la capitale du tourisme saharien.
Plus grave encore, accuse-t-on, l'agence foncière aura court-circuité la procédure du permis de lotir, pourtant indispensable à toute ouverture de lotissement. "Cette procédure serait intervenue dans une sorte de consentement tacite avec les organismes publics chargés du contrôle de l'urbanisation. Les habitants construisent anarchiquement leurs maisons et occupent leurs logements sans les autorisations réglementaires ou les revendent en dehors du circuit officiel.
Il en découle ainsi des quartiers sous-intégrés que les populations aménagent sommairement à leurs frais et comme bon leur semble", dénonce-t-on, en évoquant une situation paradoxale où un important arsenal juridique devant bloquer l'urbanisation non réglementaire est contredit par l'action d'un organisme public officiel qui agit à contre-sens des normes censées guider ses actions.
Pour mémoire, un rapport accablant a été dressé en janvier dernier par l'APW de Tamanrasset concernant les lotissements sociaux. Le document, dont nous détenons une copie, précise que sur les 4000 lotissements prévus dans le cadre du programme quinquennal 2015-2019, seulement 2727 ont été finalisés.
Pas moins de 1759 autres lotissements sociaux, dont le lancement relève de l'impossible à cause de la propagation sans limite des constructions illicites et du détournement boulimique des poches foncières destinées à cette opération, sont également prévus dans le cadre du quinquennat 2019-2023, indique-t-on dans le même rapport.

RABAH KARÈCHE


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