Algérie

Des localités interdites de culture



Les différentes structures culturelles ont tracé un programme varié pour ce mois sacré à Oran ville, alors qu'il n'en est rien pour Hassi Bounif, Hassiane Toual, Sidi Chami, Boufatis et les autres agglomérations de "l'arrière-pays" qui restent interdits de culture.Hassi Bounif, Hassiane Toual, Sidi Chami, Boufatis... sont toutes des localités qui se trouvent dans un rayon de 20 km d'Oran ville, mais la vie nocturne et les soirées de Ramadhan y sont d'une telle morosité, d'une telle pauvreté qu'on les croirait à des années-lumière. Malgré les insuffisances qu'on peut déplorer, Oran offre certaines activités culturelles et de divertissement, les habitants des petites localités voisines continuent de se divertir au rythme des jeux de cartes et de dominos ou, pour les plus branchés, d'internet et jeux en réseau offerts par les cybercafés. "Ici, les cafés et les cybers constituent les seuls lieux de détente et de divertissement pour les jeunes et les moins jeunes. Ils sont investis juste après le f'tour ou après la prière des tarawih. Pour le reste, c'est le néant", déplore un habitant de Hassiane Toual, localité située au sud-est d'Oran. Hormis les tournois de football organisés chaque mois de jeûne, aucune autre activité culturelle ne vient briser la monotonie des habitants. "Celui qui veut se divertir autrement que dans un café doit louer un taxi clandestin et se rendre à Oran ville", conclut notre interlocuteur.
Et pour cause, hormis la daïra de Aïn Turk qui offre la possibilité de se divertir sur la plage ou dans les établissements de nuit, la ville d'Oran est la seule qui propose une variété de spectacles (représentations théâtrales, one man show, concerts de musique...), des séances de cinéma ou des jeux pour enfants autres que les traditionnels manèges. Ainsi, si l'on se fie aux programmes tracés par différentes structures culturelles algériennes et étrangères, les Oranais ont l'embarras du choix même si la quantité l'emporte souvent sur la qualité. Au chapitre théâtre, une quinzaine de pièces (produites par le théâtre Abdelkader-Alloula ou des associations locales) sont programmées aux côtés d'une dizaine de concerts de musique et de tours de chants. Le théâtre rendra également hommage à la regrettée Sabah Saghira, disparue il y a déjà 13 ans, lors de la célébration de la Journée nationale de l'artiste en juin.
La cinémathèque (malheureusement, la seule salle de cinéma qui s'obstine à projeter des films à raison de trois séances quotidiennes) prévoit un cycle de longs métrages western parmi les plus connus comme Le dernier des Mohicans, Le train sifflera trois fois ou Pour quelques dollars de plus.
En parallèle à ces activités ? parmi lesquelles un one man show de Abdelkader Secteur à l'hôtel Le Méridien prévu le 25 mai ?, l'Institut français a également concocté un programme composé de concerts de musique, notamment celui du 22 juin au théâtre Abdelkader-Alloula, qui verra le groupe de chaâbi Casbah Groove revisiter les répertoires de Lili Boniche, Salim Halali, Line Monthy, Blond Blond, El-Anka, El-Hasnaoui... Quelques jours plus tôt, soit dans la soirée du 18 juin, Samir Seghier et Loïc Morere, rappeurs français du groupe Dgt Crew, seront sur la scène du conservatoire Ahmed-Wahby, en compagnie de musiciens oranais.
Ces activités culturelles et d'autres encore ont de quoi satisfaire tous les goûts même si, encore une fois, la qualité risque de ne pas toujours être au rendez-vous... Il y a quelques années, certains responsables de la culture avaient soutenu l'idée de "porter" la culture vers les Algériens à travers des semaines culturelles, des projections cinéma ou des pièces de théâtre, il n'en est rien. Aucune manifestation du genre n'a été organisée, et les petites localités ne sont même pas prises en considération lors de manifestations culturelles "d'envergure", comme le Festival international du film arabe à l'occasion duquel, nous avait-on assuré, des ciné-bus iraient distribuer un peu de la magie du cinéma sur les régions déshéritées. Il n'en est rien, Hassi Bounif, Hassiane Toual, Sidi Chami, Boufatis et les autres agglomérations de "l'arrière-pays" oranais restent interdits de culture.
S. Ould Ali
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