Algérie

Des localités en panne sèche à l'Est



Deux mille tonnes d'essence normale (de quoi assurer une consommation pour 10 à 15 jours) ont finalement été distribués dans l'après-midi d'hier au centre enfûteur de Skikda qui, le jour même, a commencé à réapprovisionner les stations d'essence de la wilaya. Un tour à travers les stations implantées au chef-lieu de wilaya confirmait hier cette nouvelle donne et on s'attend à une nette amélioration après plus de 3 jours de pénurie et de psychose. Cependant, des sources proches du pôle hydrocarbures de Skikda avançaient hier que si l'essence normale devrait être suffisamment disponible à partir d'aujourd'hui, celle sans plomb et le super risquent de se faire rares durant une période non encore délimitée. C'est là l'épilogue, plus ou moins malheureux, d'une situation catastrophique qui a failli dégénérer, faisant vivre la wilaya de Skikda un paradoxe digne des grandes énigmes. En effet, au moment où la raffinerie enregistrait une production record et un stock de carburant dépassant les 120 000 t (3 fois le volume du stock habituel réservé à la consommation locale), les automobilistes de Skikda peinaient à trouver une seule goutte d'essence.D'ailleurs, des sources sûres affirmaient hier que devant le surplus de stock, la raffinerie avait fini par prendre attache avec Sonatrach jeudi dernier pour trouver une issue à ce surplus, quitte à l'exporter et éviter ainsi un arrêt forcé de la production. Les mêmes sources ajoutent que trois navires venus de Béjaïa, Annaba et Alger devraient incessamment accoster au port de Skikda pour approvisionner d'autres marchés locaux et alléger le stock de la raffinerie. Cette situation, à la limite saugrenue, ayant incommodé et la raffinerie de Skikda et les automobilistes locaux, serait une conséquence directe de l'incendie qui s'était déclaré au centre GPL de Skikda le 14 mai dernier (voir El Watan du 15 mai 2008) et qui avait, pour rappel, occasionné des blessures à 5 agents de Naftal et la détérioration du principal bras de chargement du centre. Des employés du centre GPL déclaraient à l'époque à El Watan, qu'avec cet accident, le centre venait de perdre plus de 70% de ses capacités de chargement et que la pénurie allait bientôt se faire sentir.On apprend également de sources proches du centre GPL que les causes de cette grave pénurie résident en fait dans la décision prise pour profiter de l'arrêt imposé par le sinistre en engageant des opérations de rénovation sur quelques installations qui, faut-il le rappeler, datent presque toutes de 1958. Ainsi aurait-il été décidé de rénover le bac d'essence d'une capacité de 7 millions de litres qui, habituellement, assure l'approvisionnement de la wilaya de Skikda avec une dotation quotidienne avoisinant les 250 000 l/jour. Pour éviter toute rupture et garantir la stabilité des approvisionnements, les responsables se sont alors penchés sur une solution de rechange en optant pour des cabotages à partir de Béjaïa et d'El Khroub. Mais les rotations, aussi importantes fussent-elles, ont montré finalement leurs limites, causant ainsi une grande rupture de carburant à travers tout le territoire de la wilaya, engendrant dans la foulée une grande panique et une grave tension.« On est allé jusqu'à réserver plus de 15 camions-citernes pour un approvisionnement à partir de Béjaïa, mais avec les allées de la route et de la mécanique, des retards dans la livraison ont été relevés, ce qui nous a grandement perturbés », témoigne un employé du centre GPL. Cette perturbation allait vite se faire sentir, et en moins d'une semaine : le tout Skikda était quasiment à sec. A titre d'exemple, jeudi dernier, et devant l'afflux des estivants, toutes les stations d'essence de la wilaya ont été prises d'assaut et les commentaires les plus virulents ont été tenus par des automobilistes en furie. Les chauffeurs de taxi ont fini, à leur tour, par fuir leurs stations. « Je ne dispose pas d'assez d'essence et je ne voudrais pas la consommer dans les lenteurs de la circulation au centre-ville », rapporte un chauffeur de taxi de la place du 1er Novembre. Des scènes d'une autre époque ont lieu au quotidien, et si ce ne sont pas les files d'attente interminables qui « stagnent » aux alentours des stations d'essence, ce sont plutôt des scènes d'une nouvelle version de « Hallaba » qui, jerricans d'essence en main, tentent de se partager quelques litres apportés d'on ne sait où. Nos tentatives de joindre des responsables de Naftal et du centre d'enfûtage GPL sont restées vaines.


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