La Banque centrale a eu recours à la planche à billets pour faire face au
manque de liquidités. C'est ce qu'a révélé le ministre de la Poste et des
Technologies de l'information et de la communication, M. Moussa Benhamadi.
« La Banque centrale a été contrainte de recourir au tirage de nouveaux
billets pour satisfaire une demande massive au niveau des postes des détenteurs
de comptes CCP, avec des répercussions certes négatives sur l'inflation»,
a-t-il déclaré.
Dans la foulée, le ministre de la Poste et des TIC a livré le fin mot sur
le retour subit des vieux billets de banques - souvent en lambeaux ! - constaté
ces dernières semaines. Là aussi, c'est pour répondre à la forte demande que la
Banque d'Algérie a décidé de les réinjecter. Reste l'explication de cette
situation qui, il faut le noter, n'a rien de conjoncturelle. Selon M.
Benhamadi, ce sont les dernières augmentations de salaires des employés des
différents corps de la fonction publique et les rappels massifs de salaires qui
«sont, en grande partie, responsables de cette situation caractérisée par une
forte demande et un manque de liquidités». Situation aggravée par le fait que
les employés «cherchent souvent à retirer la totalité de leur argent des
comptes», ce qui contribue, a-t-il dit, à cette situation de manque de
liquidités.
Pour les spécialistes, l'explication par la hausse des salaires n'est pas
fausse, elle est mécanique. Mais la crise permanente de liquidités ne peut être
réductible à l'impact des hausses de salaires qui n'ont pas lieu à chaque mois.
De ce point de vue, l'appel à des «retraits d'argent modérés des comptes CCP»
paraît quelque peu surréaliste. Même avec les hausses de salaires, les revenus
de la majorité des fonctionnaires ne permettent pas de dégager une épargne
suffisante à laisser dans le compte. Le fait que la Poste soit constamment sous
pression n'est pas le fait de ceux qui ont des hauts salaires mais bien de la
grande masse des fonctionnaires qui ont besoin de tout leur salaire mensuel
dont une partie a déjà été consommée d'avance. Le ministre a cependant raison
de qualifier de «mensongères» les informations qui imputent ces difficultés à
des retraits massifs qui auraient été effectués par «certains» hommes
d'affaires. Qui peut en effet croire que pour avoir d'importantes sommes en
liquide, les hommes d'affaires auraient besoin d'aller à la banque ?
Des besoins astronomiques en papier-monnaie
En réalité, et ce n'est pas un mystère, le problème majeur est que les
transactions se règlent en liquide. La caricature du sac-poubelle, noir de
préférence, bourré de billets n'est malheureusement pas un cliché. «Il y a une
tension permanente sur les billets en circulation vu que le circuit des
règlements est dé-bancarisé. Les paiements se faisant de la main à la main, on
a donc besoin de papier-monnaie en quantité astronomique». Les dernières
mesures d'urgence annoncées le 3 février dernier en Conseil des ministres ne
sont pas de nature à réduire le caractère fortement liquide de l'économie
algérienne. Le gouvernement a en effet renoncé à l'obligation du recours au
paiement par chèque pour les montants égaux ou supérieurs à 500.000 DA et à la
généralisation de la facturation à toutes les transactions commerciales.
Le secteur informel, notion très vaste, pourra ainsi continuer, en
«paix», à drainer les liquidités. Rien ne vient donc stopper la forte expansion
de la masse monétaire nécessaire à des transactions qui évitent les circuits
bancaires. Certains estiment que l'informel représente au moins 40% de
l'économie algérienne. Le caractère fortement liquide de l'économie traduit un
état de sous-développement de l'économie algérienne. Les transactions en liquide
ne sont pas seulement de l'informel commercial, gros ou petit, dont les
contours sont assez connus. Des spécialistes affirment que des entreprises
étrangères du secteur pétrolier qui ont des dépenses en dinars font du change
parallèle. «Les entreprises ont des dépenses en dinars et plutôt de que de
faire le change officiel elles recourent au marché noir pour payer toutes les
dépenses en dinars». Et l'on présume que ce recours au marché parallèle a
encore augmenté avec les grosses dépenses d'infrastructures dont la réalisation
a été prise en charge par les entreprises étrangères. Théoriquement, on peut
facilement savoir d'où viennent les dinars pour les entreprises. Cela suppose
une administration performante qui applique les lois et surveille les flux.
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Posté Le : 19/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com