Algérie - Revue de Presse


Fatigués sont les lions. Ce sont eux qui l?ont acclamé, déclamé aussi. Le visiteur, osant la répétition, a pris le temps de leur rendre visite cette fois-ci. Aux lions. Qu?est-ce qui ne tourne pas rond dans cette ville ? Ma ville. Je sais qu?ils «sachent» tout. Eux. Ils se sont confiés, sans mal. Malle emplie, malle remplie d?images qui boudent les cartes postales. Trop longtemps a été figé le «sang» de leur rugissement sur la place du Premier Novembre. Des novembre. Les novembre dans mon pays ne sont jamais les derniers, les novembre dans le pays des jbalas sont toujours premiers. Sauf qu?à nos lions à nous, on n?arrête pas de figer les rugissements. On a paralysé le son, pour le réduire à une image. Avec tout le respect que nous devons au cinéma muet.Plus personne ne les craint. Nos lions. Nos lions ont été élevés à la minute de silence au moment où les ans sont au bruit. Majestueux, nos lions. Ils sont. Crinière haute, regard lointain. Mystérieux en bronze et de bronze. Las de sauver les apparences. Nos lions sont très fatigués. C?est qu?ils voient toute la journée du peuple. Du peuple. Comme une denrée. Protecteurs. Nos lions. Magnifiques. Nos lions. Ils tentent sous une tente, où la misère est latente, de demeurer lions. Pas pour eux. Pour les visiteurs. Zaama. Leur donner une bonne image du bled. Oran, ô rage, otage, ô sage, hommage à ceux qui sont morts pour cette ville. Vivants pour toujours - oueld bled tous les jours.Ce billet a été inspiré par la visite d?une dame dans un des services le la mairie nouvellement élue. Lu et approuvé. «C?est ça le plus dur. M?avait-elle écrit. L?un deux me dit ?Hé, vous m?avez l?air bien naïve?. Je lui demande à quoi il voit cela, intriguée ! ?C?est facile, vous avez le museau en l?air quand vous regardez autour de vous. D?ailleurs vous regardez beaucoup trop... Voyez plutôt, ce serait mieux?. Le paysage est merveilleux, rétorquais-je ! Le paysage n?est qu?un écrin à une population.»J?aurais répondu à cette bonne dame «les élus sont le peuple». Les zélés, c?est une autre paire de manches perdue par l?histoire, d?avance.



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