Des Libanais en colère contre leurs dirigeants

Les forces de l'ordre libanaises ont utilisé jeudi soir des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs dizaines de manifestants sortis pour exprimer leur colère après la gigantesque explosion meurtrière dans le port de Beyrouth cette semaine, devenue le symbole de l'incompétence et de la corruption des autorités.Pour les Libanais déjà affligés par une crise économique et politique, la destruction d'une grande partie de leur capitale est la catastrophe de trop. Très remontés, les manifestants ont vandalisé des magasins et s'en sont pris aux forces de l'ordre, en leur jetant des pierres et des projectiles dans le quartier du Parlement libanais, selon l'Agence nationale de l'information (ANI). D'après les médias libanais hier, plusieurs manifestants ont été blessés lors de la violente riposte policière.
Ces incidents sont survenus l'avant-veille d'une grande manifestation antigouvernementale, prévue aujourd'hui dans ce pays en proie à une grave crise multidimensionnelle qui a plongé des millions de libanais dans la pauvreté parfois la plus extrême, alors que le pays croule sous des dettes colossales estimées à plus de 90 milliards de dollars. La classe dirigeante déjà accusée, depuis plus d'une année d'incompétence et de corruption, cristallise aujourd'hui la colère de plus en plus grandissante des populations, excédées par la gabegie qui se pratique à tous les niveaux des institutions et ayant mis le pays à genoux.
Des millions de Libanais ont défilé durant plusieurs mois en 2019 et 2020, réclamant des changements profonds, avec le départ de toute la classe politique aux commandes depuis plusieurs décennies. Depuis mardi, plusieurs voix du pays ont appelé les populations à renouer avec la protestation pour déloger les dirigeants libanais incapables, selon eux, de lancer les réformes attendues alors que le pays s'est déjà déclaré en faillite.


R. I./Agences