Algérie

Des larmes, seulement



Encore une fois, d?importants moyens humains et matériels ont été mobilisés par le pouvoir pour organiser « la riposte populaire » au terrorisme, à la suite des deux derniers attentats de Batna et de Dellys qui ont fait plus de 50 victimes. Encore une fois, en plus des « incontournables » de l?Alliance présidentielle, que sont le FLN et le RND, et des organisations qui la soutiennent, à l?instar de l?UGTA, on a eu recours aux procédés éculés de l?ère du parti unique consistant à « réquisitionner » les foules par cars et camions dans les administrations et entreprises publiques. Chants patriotiques et discours pour chauffer les esprits et pour croit-on galvaniser les consciences et propos présidentiels recueillis à Batna pour unique ambiance diffusés en boucle par la radio. Procédés artificiels qui ont prouvé à maintes reprises leur inefficacité. Et ce, tant qu?ils ne reposaient pas sur une réelle prise de conscience du danger que représente le terrorisme et une riposte des citoyens en phase avec leurs dirigeants. Le choix du moment est encore plus important, voire déterminant dans la démarche qui consiste à faire appel aux citoyens pour essayer de « colmater un front uni contre le terrorisme », fortement affaibli par les hésitations et les tergiversations politiciennes du pouvoir à l?égard de l?intégrisme. D?ailleurs, au cours des dernières semaines de l?été, alors que le pouvoir était physiquement absent, on a cru revivre le cauchemar de juin 1990 avec les déclarations intempestives des anciens chefs de l?AIS et de l?ex-FIS et leurs intentions de faire revivre le parti dissous sous une autre appellation, en vue des prochaines élections communales. Il aura fallu attendre la sortie sur le terrain du président de la République pour voir le ministre de l?Intérieur « remettre les pendules à l?heure ». Et encore... A cela on pourrait rajouter les propos insultants à l?égard de l?armée et de ses responsables tenus par un ancien chef de l?ex-FIS et diffusés par une chaîne de télévision arabe, sans que l?Etat, l?institution militaire ou l?un de leurs représentants ne réagissent. Cette offensive médiatique intégriste et l?impunité qui l?a entourée n?ont pas manqué de laisser croire chez l?opinion que le pouvoir faisait une fois de plus des concessions à l?intégrisme. Faut-il alors s?attendre dans ces conditions à autre chose que de l?indifférence mêlée à de l?inquiétude de la part des citoyens qui n?arrivent pas à comprendre qu?en dépit de tout cela et du message messianique transmis « à hue et à dia » par les dirigeants de l?Exécutif, la paix promise n?est toujours pas au rendez-vous. Bien au contraire, on avoue de la manière la plus solennelle l?incapacité tous azimuts à faire face à cette nouvelle forme que sont les attentats suicide. Fatalisme de l?Etat et de ses institutions qui n?est accompagné d?aucune initiative fructueuse sur le terrain et qui serait une lueur d?espoir. Des larmes et du sang et c?est tout ! Rien qui ne vaut le coup d?espérer que les choses pourraient s?améliorer à terme. Sur tous les plans et pas uniquement sur le plan de la sécurité publique. Les appréhensions, à quelques jours de la rentrée scolaire et du début du Ramadhan, sont encore plus fortes devant l?inflation et les pénuries sur les produits alimentaires de base, surtout au sein des modestes catégories sociales. Une inquiétude qui ne semble pas avoir effleuré les préoccupations des dirigeants de la centrale syndicale, soucieux de plaire à un pouvoir politique en mal de soutiens et de relais dans la société. Notamment depuis la débâcle des élections du 17 avril dernier qui ont vu la plus faible participation des électeurs depuis l?indépendance. Malheureusement, le message délivré par les Algériens à l?époque ne semble pas avoir été entendu par un pouvoir atone. Pendant ce temps, d?innombrables jeunes s?en vont au suicide, en prenant la mer sur des embarcations de fortune espérant échouer sous des cieux plus cléments ou alors bardés de dynamite et convaincus d?aller au Paradis. Une seule chose est sûre, le désespoir des uns et des autres est le même.


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