Le Conseil national économique et social (C.N.E.S.) avait organisé, la fin de la semaine dernière, un séminaire relatif à l'élaboration d'un système national d'évaluation, des politiques publiques liées à la bonne gouvernance. La dite institution, avec la collaboration de la Banque mondiale, compte adapter au contexte national les principaux indicateurs universels liés à la bonne gouvernance, adoptés par différents organismes mondiaux (BM, OCDE, MAEP, PNUD) (1). D'où cette conceptualisation formulée en : »indicateurs endogénéisés». Si le but visé ainsi formulé au cours de ce séminaire, est de s'auto-évaluer, dans la sérénité et l'objectivité, afin de devancer toute stigmatisation «exogène» éventuelle basée des fois, «légèrement», sur des indicateurs liés à nos digressions habituelles en la matière (2), ce serait une louable entreprise, car pertinente à plus d'un titre. En effet, notre pays a besoin d'un ensemble d'indicateurs, «paramétrés» rigoureusement et surtout impartiaux, susceptibles de situer toutes les insuffisances liées à la bonne gouvernance et, en même temps, insuffler les facteurs modérateurs nécessaires en la matière. Ces actes, ainsi ciblés intelligemment, seraient très utiles pour les décideurs et la société qui, ainsi éclairée, cultiverait en elle-même d'autres perceptions moins sceptiques sur l'état de notre système de gouvernance, et par conséquent stimuleraient ses sentiments de confiance envers ses institutions. Une transparence doublement utile. Ce séminaire programmé avant, s'est tenu après un événement national, particulier. 2/3 des électeurs n'ont pas participé au scrutin législatif du 17 mai et ont donc exprimé, à leur manière, un choix qui est aussi un droit : celui de l'abstention. Ce peut être l'objet, de l'un des indicateurs, qui pourrait servir de base d'évaluation, entre autres, de cette diminution de l'intérêt civique vis-à-vis des mécanismes législatifs en présence liés, structurellement, à la bonne gouvernance socioéconomique du pays. Plusieurs acteurs nationaux, de différents horizons, le souhaitent, bien que des analystes de la société civile, foisonnent en la matière. Un intéressant chantier estival, qui permettrait de cibler fructueusement des «sous-indicateurs» tangibles, afin d'éclairer l'opinion publique en général et les élites de la société civile en particulier, sur les causes et les effets de ce fait inédit, lourd de sens et d'enseignements édifiants. C'est un sujet épineux, bien que spécifique à une autre orbite d'analyse, qui a cependant des impacts multiples, instructifs, touchant divers domaines liés à la bonne gouvernance. Par le biais d'organismes onusiens et autres liés, il a été instauré un vocabulaire et des ratios «conventionnels» universalistes, inscrits dans des méthodes d'approches bien spécifiées. Celles-ci, touchent tous les sujets liés à la vie des peuples et nations de la planète. Par des indicateurs connus et d'autres moins étalés. Parmi ceux «vulgarisés», chaque ensemble d'indics supervise un «problème terrestre» donné. Cela va du changement climatique qui est un sujet sérieux, à celui de la non-prolifération des ADM (armes de destruction massive), qui ne l'est pas, car servant avant tout d'alibis à de monstrueux calculs d'ingérence pour d'autres «affaires terrestres». Donc, la bonne gouvernance constitue un enjeu de taille. En plusieurs sens. Elle est surtout propagée au niveau des pays en voie de développement, comme nous, ou plus développés, comme la Chine. Cette globalisation d'indicateurs, permet à certaines puissances mondiales, les USA en tête, bien évidemment, de les agiter à tout moment jugé propice. Toujours, selon leur propre vision du monde, liée à des convenances convenables. A titre d'illustration, la Chine est souvent stigmatisée, pour ses manquements aux droits de l'homme, liés intimement et indéfiniment à l'évolution de ses budgets militaires. Les USA ont attendu une nouvelle équipe en France, entre autres conjonctures, qui est aussi fortement agacée par la forte percée de la Chine en Europe et particulièrement en Afrique, pour stigmatiser la croissance de la puissance militaire chinoise, de son manque de transparence; ou encore sur son «activisme» économique et financier en Afrique, jugé «comme un facteur de déséquilibres» (3). Pour qui ? Allez savoir. Ce qui est sûr, c'est que la Chine possède d'autres «indicateurs gouvernants», qui lui sont propres. Comme les USA. Cette généreuse conception du sens de bien diriger les affaires des peuples du monde, est donc sujette à des interprétations différentes, souvent subjectives et «fourre-tout» d'équivoques. En effet, un pays se mesure avant tout pour sa richesse et sa bonne gouvernance, que par la volonté manifeste de son peuple de bien occuper et exploiter rationnellement son territoire, sous la supervision d'un système de gouvernance aux bases institutionnelles et exécutives, solidement ancrées à sa société. Une gouvernance qui stimule les efforts de création de richesses, liés à l'égalité des chances, et proscrit énergiquement tous les parasitismes, de quelque nature que ce soit. (I) Notre pays est un vaste territoire. Plus de 85% de sa surface est désertique, faiblement inoccupée, pour des raisons naturelles, ainsi que de sous-équipements structurants qui permettraient une pénétration socioéconomique pionnière et imaginative, d'engouement pragmatique, liée à des perspectives de développement durable. Donc, la quasi-majorité des 34 millions d'Algériens occupe moins du 1/5 de leur pays. Irrationnellement et en concentrations urbanistiques effrénées, pêle-mêle, sur des terres potentiellement agricoles perdues à jamais. Afin d'occuper harmonieusement notre espace, un vaste plan d'aménagement futuriste du territoire est établi paraît-il. Il compte créer des pôles régionaux d'attractivités multiples, liés au développement durable des ressources naturelles que le pays recèle. Un vaste chantier d'infrastructures structurantes, interpénétrantes, entre ces pôles, favorisant une réelle dynamique socioéconomique efficiente. Equitablement répartie, dit-on. Une vision d'un découpage lié à des constantes naturelles, conditionnées par des facteurs endogènes eux aussi, participe assurément à l'instauration d'une meilleure gouvernance territoriale. L'idée générale est d'aménager selon des critères pertinents, des gouvernorats régionaux. Plusieurs indicateurs y plaident (4). (II) En ce qui concerne le système de gouvernance basé sur une société civile solide, il est devenu manifeste d'initier des indicateurs liés à la nature du régime à instaurer (5). En effet, celui actuel est non seulement hybride et cafouilleux, mais difficilement mesurable car il noie ses propres indicateurs de base, ceux des politiques publiques, aussi bien d'encadrement de la société, que celles de développement socioéconomique. Le nombre d'ordonnances liées, par exemple, par rapport à celui des lois républicaines, est un indicateur de taille sur la participation d'une représentation citoyenne crédible et censée apte, pour traiter tous les sujets d'importance nationale et d'en assumer les responsabilités. Par des indicateurs appropriés. (III) Pour les efforts de création de richesses, il existe un handicap de taille. Celui de l'état d'esprit rentier. En effet, toutes nos «fondations gouvernantes» y sont intimement liées depuis longtemps. En d'autres termes, «l'indicateur hydrocarburien» est-il un agent de création ou de développement de richesses ? D'après M. Ahmed Benbitour, économiste assez imprégné des réalités du pays, nous sommes devenus exportateurs de richesses et importateurs de pauvreté (6). En d'autres termes, on est un pays qui travaille pour le roi de Prusse. Et les bases de richesses qu'on est en train de développer, telles que les barrages, les grands ensembles d'habitats, d'équipements routiers, d'enseignements, de santé, de culture, de programmes de développement agricole etc. ? Des indicateurs tangibles s'imposent en la matière. Créateur ou «rabatteur» de richesses ? Les programmes passés, en cours et futurs devront y répondre, dans un proche avenir. Par d'autres indicateurs qu'il faudrait imaginer, pour anticiper les impacts positifs et négatifs de ces plans. (IV) Le parasitisme, dans le sens élargi du terme, constitue un aspect négatif de taille. Aujourd'hui, il se manifeste dans toute sa «splendeur». Certains de ses segments irréductibles font l'objet «d'adoption» (7). Il est le produit de l'inégalité des chances et de toutes les exclusions, mais paradoxalement aussi de l'excès rentier mal cristallisé par des imaginations fécondes au plan moral. Ce peut être donc ça, importer la pauvreté «brut». Et ses maux. La lutte contre tous les fléaux rongeant la société devrait faire l'objet d'indicateurs ciblés et interconnectés de causes à effets. Faut-il condamner un citoyen qui a volé trois cageots de limonade, à trois ans de prison, soit un an par cageot (8) ? Ou bien lui insuffler un travail pour qu'il ne puisse plus le refaire ? L'autre, qui amasse des fortunes, mal acquises, serait-il condamné aussi par «cageot d'argent» ? Quels sont les niveaux respectifs, en termes de nuisances socioéconomiques, entre celui qui prend un oeuf pour un boeuf et l'inverse, pour l'autre ? Des milliards de dinars ont été injectés pendant des années pour endiguer, sinon atténuer un tant soit peu, la dépendance alimentaire. Au contraire, ils ont généré de nouveaux parasitismes inouïs. Corruptions et pénuries se conjuguent au quotidien. En effet, les cas du lait et de la pomme de terre, entre autres, illustrent les travers des approches adoptées. On investit des «dinars» dans l'endogène et on importe de l'exogène par des devises. Pour les mêmes produits. De l'illogisme «net», en terme de développement durable. On confond investissements créateurs de richesses, à ceux qui soutiennent l'enrichissement illicite. Des aménagements agropastoraux publics évaporés, car aucune responsabilité «intéressée» n'est engagée, pour les entretenir dans le long terme... etc. etc. Mais aussi, des progrès enregistrés qui restent à faire avancer pour bannir les reculs qui nous acculent, à l'image des produits stratégiques. 2/3 des protéines qu'on consomme sont importés (céréales, lait, huiles végétales). De plus en plus. Bref. Un tas d'indics inquiétants qui s'affichent au jour le jour, malgré les efforts dans tous les sens et les réalisations monumentales affichées qui, hélas, restent en deçà des moyens engagés. Aussi, certains acquis nécessitent des indicateurs de suivi évaluation, ciblés, quant à leurs impacts socioéconomiques sur l'amélioration réelle des conditions de vie de la majorité de la population, notamment, de développement humain multiculturel stimulant la participation citoyenne, à s'organiser et d'exprimer ses rejets sur des projets de prestige et d'apparats, liés aux desiderata des décideurs toutes échelles confondues. Comme le taux de 1/3 du taux de participation aux dernières élections l'a si bien signifié d'une certaine manière, malheureusement, comparé d'une façon simpliste, par certains, à celui séculaire des autres pays développés qui, non seulement sont habitués à des taux faibles, pour des raisons tout à fait différentes, mais sont bien conscients de ce qu'ils disent, le prévoient à l'avance, l'assument par des analyses fondées et surtout démissionnent, lorsqu'ils n'ont pas atteint le niveau de leurs prévisions électorales. C'est ce que l'on appelle reconnaître son «tort endogène», sans échappatoire aucune. Alors, comme ce n'est pas du tout notre cas, faisons semblant que cette forte abstention ne veut rien dire comme indicateur de démobilisation de l'électorat vis-à-vis d'une certaine culture de gouvernance, mais, au moins, assumons l'essentiel, c'est-à-dire reconnaître que la société, malgré les médiocres pesanteurs qui l'assiègent, se revivifie par sa jeune sève qui aspire, légitimement, de faire d'autres bonds similaires. Culturels et dynamiques. Une nécessité qui s'inscrit dans la logique du changement. CONCLUSION Le CNES compte échafauder un ensemble d'indicateurs éprouvés, qui pourrait constituer un phare permanent qui permettrait d'éclairer, au plus loin possible, les horizons. Pour une meilleure visibilité de la timonerie. Avec des points de repères clés : justice, eau, alimentation, logement, santé, éducation, participation citoyenne, corruptions, évolution du PNB, de l'inflation, du chômage, etc. Cependant, la fiabilité des données de base reste primordiale. La pièce maîtresse de tout le processus. Il faudrait donc, nécessairement, évacuer nos maladresses habituelles et autres méthodes préconçues, dans la hâte et les convenances, à l'aide de canevas «cadenassés». En revanche, des indicateurs tangibles et aérés ont leur pesant d'or. Une véritable horloge diamantifère. Dans le cas contraire, ce serait de la camelote. Cependant, le CNES semble bien décidé à aller de l'avant, avec cette réflexion universaliste, manifestement dégagée par des spécialistes et observateurs avertis dans le domaine. Il est bien temps de faire un bond raisonné, dans l'orbite du rationnel. Celle des indicateurs tangibles aux problèmes réels, liés à ceux des objectifs socioéconomiques productifs à court, moyen et long terme. L'Etat a opté pour le choix des grands chantiers structurants, nécessitant des indicateurs de suivi et d'évaluation, acérés au sens large du terme, de la base au sommet des politiques publiques liées au développement et à la croissance socioéconomique du pays, d'autant plus que ces importants programmes sont soutenus par des moyens financiers fournis, qui risqueraient bien de s'amenuiser. A Dieu ne plaise, dans les toutes prochaines années. La sagesse du temps avise : «il faut bien profiter de sa belle étoile». C'est donc une affaire managériale strictement endogène. Et non de «baraka» exogène... NOTES (1) Le Quotidien d'Oran du 23/05/2007 et El Watan du 24/05/2005. (2) Dans le rapport des parties liées à la Convention sur la biodiversité biologique, le rapport national établi en novembre 2005, par le MATE (Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement) en collaboration avec le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), le FEM (le Fonds mondial pour l'environnement), dans sa conclusion, page 158, stipule : «Les questions relatives aux objectifs 2010, et à la stratégie mondiale de la conservation des plantes (SMCP) sont trop nombreuses et difficiles à instruire dans le contexte d'un pays en transition aux modestes capacités institutionnelles». C'est la réponse à la question clairement formulée comme suit : «Veuillez fournir ci-dessous les recommandations pour améliorer le format de ce rapport». Ledit format est conçu d'une façon subtile, algorithmique, difficile à contourner en informations instruites. Notre pays possède une panoplie d'institutions en la matière, que ledit rapport fait bien figurer. En détail. Une contradiction saillante, dans un rapport de portée internationale. (3) Le Quotidien d'Oran du 26/05/2007. Editorial. (4) Voir notre article «Notes méthodologiques sur le désert et la désertification», paru à El Watan du 24/09/2006, page 14. Une approche dans ce sens est développée, avec quelques arguments y afférents. (5) Voir notre article «L'essentiel et le superflu» paru au Quotidien d'Oran du 24/05/2007. (6) Contribution de M. Ahmed Benbitour, ex-chef de gouvernement : «Le changement devient impératif», parue à El Watan des 24 et 26/05/2007. (7) Le Quotidien d'Oran rapporte dans son édition du 27/05/2007, qu'un projet est en cours pour légaliser l'informel..., notamment par le biais de l'opération 100 locaux par commune (Déclarations du ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale). (8) Rapporté par Le Quotidien d'Oran dans son édition du 26/05/2007 «Raïna Raïkoum». *Ingénieur Agronome, Retraité
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Posté Le : 31/05/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Brahimi Ali*
Source : www.lequotidien-oran.com