Des images des sept otages enlevés au nord du Niger par l'Aqmi ont été
diffusées sur un site djihadiste. Le groupe terroriste a fait le «premier pas»
- mettre en évidence que les otages sont bien vivants - qui peut constituer le
prélude à la négociation. La «réponse» de Paris a été positive. La diffusion
des images des sept otages - cinq Français, un Malgache et un Togolais -
enlevés le 16 septembre dernier a été qualifiée de « signe encourageant » par
le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.
Cela «constitue un signe encourageant dans la mesure où elle montre tous les
otages en vie». Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, tout en
prenant acte du fait que les «otages semblent en bonne santé», a indiqué que la
France était en attente de connaître les exigences des ravisseurs. « Pour le
reste, nous attendons (…) Nous continuons à être plus qu'attentifs,
complètement prêts si d'autres signaux nous sont adressés». Le gouvernement
français ne semble vouloir fermer aucune option et agira en fonction des
desseins des chefs de l'Aqmi. Tout en effet en dépend. Les chefs de l'Aqmi
ont-ils l'intention de négocier des rançons et des libérations de détenus ?
Cela paraît, a priori, l'objectif le plus vraisemblable. Mais il pourrait
mettre Paris devant une situation difficile si parmi les éventuelles exigences
de l'Aqmi figure la libération des détenus islamistes en France condamnés pour
les attentats de 1995.
La France qui a exercé des pressions sur le Mali pour faire libérer des
djihadistes - après un simulacre de procès - peut-elle envisager de libérer des
djihadistes détenus pour avoir commis des attentats en France.
La ligne dure des responsables sécuritaires français
Sur un plateau d'une TV française, d'anciens responsables sécuritaires
laissaient entendre ouvertement que la libération de Rachid Ramda and co
n'était pas envisageable et suggéraient clairement de refuser de négocier. Et
donc de considérer les otages comme perdus. Un discours que le pouvoir français
ne peut se permettre d'endosser ouvertement. D'où le discours répété sur
l'attente des revendications des ravisseurs. Ce serait l'absence d'offre de
négociation d'Aqmi qui motiverait un choix militaire… C'est la ligne
officiellement exprimée par Paris dans le cas de l'otage Michel Germaneau, tué
par Aqmi après un raid franco-mauritanien, fin juillet, au nord du Mali. «Pour
l'instant, nous n'avons reçu aucune revendication d'Aqmi, hormis la
revendication de la prise d'otages, il y a désormais près de 10 jours, mais
c'est tout», a déclaré le ministre de la Défense Hervé Morin, «nous attendons
avant tout de savoir ce que demandent les ravisseurs». Les pays de la région -
Algérie, Mauritanie, Niger et Mali - tentent de renforcer leur coordination
avec la mise en place d'un centre conjoint de renseignements. Le président
malien, Amadou Toumani Touré, a critiqué le «déficit de coopération régionale»
dans un entretien au journal français Libération. «Les forces terroristes
actuelles ne sont pas au-dessus de nos capacités.
Il faut un plan sous-régional», a
indiqué le président malien qui a encore rejeté l'idée que son pays soit le
maillon faible de la lutte antiterroriste.
ATT: «Ils sont venus du Maghreb»
Le président malien considère que son pays est «otage et victime. Ces
gens ne sont pas Maliens. Ils sont venus du Maghreb avec des idées que nous ne
connaissons pas». Le «rôle de la France doit rester dans l'accompagnement et
l'appui au plan matériel», a-t-il indiqué. Le président malien a évoqué la
remise en liberté de l'otage Pierre Camatte en contrepartie de la libération de
djihadistes. «Aujourd'hui, encore nous en payons le prix. La Mauritanie et
l'Algérie ont rappelé leurs ambassadeurs», rappelle-t-il. L'ancien ministre
mauritanien des Affaires étrangères, Ahmedou Ould Abdallah, a estimé pour sa
part que l'Algérie pouvait «faire plus» pour la coopération régionale face à
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel et qu'elle doit «se montrer plus
patiente». «Il est de notoriété publique que ceux qui montrent le plus de
violence (au Sahara) sont issus (...) particulièrement de la guerre civile en
Algérie… Le gouvernement algérien peut faire plus car il a les institutions les
plus expérimentées, les plus professionnelles, le plus de moyens financiers et
humains».
Posté Le : 02/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com