Les élites de certaines sociétés du monde produisent constamment des idées pertinentes, améliorant la bonne gouvernance liée intelligemment à son alternance à point.Alors que d'autres n'imaginent que des amendements récurrents la menant aux impasses et autres recoins. Les amendements constitutionnels de l'après-octobre 1988, malgré leurs acquis démocratiques indéniables mais aux mécanismes précaires car pernicieusement conçus, en sont l'illustration frappante de ce genre de culs-de-sac. Ces rectificatifs ont été effectués dans un contexte particulier caractérisé par la diminution des sources rentières, la faiblesse des investissements, les diktats suggestifs à d'autres emprunts « rapides », exercés par des bailleurs de fonds clubistes amplifiés exagérément en craintes au plan externe et interne, les pénuries en tout genre - y compris celles des idées - conjuguées aux calculs politiciens liés à la continuité d'un pouvoir dans tous ses attributs initiaux, les rumeurs sciemment entretenues liées aux désespoirs, de toutes sortes, des jeunes déprimés... Les effets délétères de ces modifications imbriquées dans la hâte et le confinement, sont encore d'actualité à ce jour et évolueront dans la nocivité aux moindres paterfamilias du genre, en tout temps et dans n'importe quelle situation « d'aisance », car en politique, enseigne-t-on, rien n'est sûr, que tout ce qui brille n'est pas d'or et que rien n'est engrangé d'avance. Dans cet ordre d'idées, le bréviaire machiavélique qu'on pourrait adapter au contexte tiers-mondiste stipulerait qu'en culture politique : il est vital d'avoir une mémoire d'éléphant afin de se recomposer dans la vivacité réfléchie et, en même temps, être pourvu de l'agilité lucide d'un guépard devant l'adversité et les impasses. Cependant, les sociétés humaines dites de « transition », comme la nôtre, ne se lassent pas de vivre au gré des effets d'annonce pavloviens dans tous les domaines. Ces messages sont conçus et propagés par un réseau de personnes, motivées beaucoup plus par la hantise de déchéances politiques collatérales, de la passion et du sentiment solidaire, ainsi que du souci de faire persévérer des positions de jouissances prenables, à tout moment, par leurs adversaires potentiels. Donc, ces groupes d'intérêts veulent instaurer, mais dans l'irréflexion et l'approximation des approches, une ambiance à portée bien déterminée, pensent-ils, mais qui, dans la plupart des cas, s'est avérée aléatoire à terme car elle est précipitamment instaurée sur des bases politiques irrationnelles, du fait que ces dernières ne tiennent pas compte des véritables enjeux sociétaux paraissant « stables », mais aux humeurs et exigences imprévisibles en terme de mutation. Un constat visible d'un état des lieux occupé par une société désemparée se manifestant en comportements tantôt découragés et des fois extrêmement décourageants - malgré les progrès réalisés dans certains domaines -, car on l'avait gavée en chiffres réconfortants mais qui, à force de répétitions, se démentent, deviennent non crédibles et - qui par nécessité oblige - « s'amendent » par rebonds en bonnes paroles, du genre : « tout va bien, sinon tout ira pour le mieux ». Cependant, une frange importante de la population est pathétiquement désespérée, non sécurisée sur tous les plans, devient de plus en plus grossissante, confond droits et devoirs, car conditionnée par l'état d'esprit rentier et... vote de moins en moins parce que désabusée aussi bien par les chiffres que des paroles s'acoquinant avec le mensonge. A outrance. Malgré ces imprécations, on persévère dans les programmes et pratiques à sens unique qui ont désaxé diverses politiques dans le passé et actuellement. Nous citons à titre d'exemple, entre autres, la révolution agraire paraissant généreuse dans ses objectifs, mais aux antipodes des états d'esprit de ses propres vulgarisateurs, crieurs et multiples « soutiens » en actes - les donations en terres et autres bonnes intentions annoncées, quotidiennement, par tous les médias tambourineurs de l'époque - qu'en chiffres euphoriques et meetings de sensibilisation et autres professions de foi mais qui, subitement, s'est implosée dans l'indifférence générale et les critiques acerbes, dont certaines sont fondées, sur ses déficiences culturelles, organisationnelles et fonctionnelles ainsi que sur ses inefficacités technico-économiques. C'était, il y a bien longtemps et après la disparition du défunt Houari Boumediène, bien évidemment. L'utilité de l'histoire, c'est de démontrer la versatilité des hommes aussi bien en idées qu'en intention de s'amender dans le bon sens. En attendant, les organisations de « soutien » et d'allégeance aux hommes, programmes politiques, de ce mode de gouvernance depuis 1962 - malgré ses multiples amendements - se sont transmutées avec les mêmes « idées » toutes faites et tapageuses, mais qu'en revanche leurs intérêts et codicilles organiques évoluent à l'air du temps. En effet, leur pyramide s'aiguise en appétits rentiers concurrentiels extrêmement féroces au sommet et se disperse, à la base, dans le désordre au gré des intérêts des opportunistes de plus en plus exigeants, eux aussi, aussi bien en termes de pouvoir - crieur - que de distribution de la rente sous toutes ses formes. L'ouverture démocratique, durement arrachée dans le sang et les larmes des jeunes d'octobre et après, par le sacrifice de tout un chapelet d'intellectuels, de braves gens de divers horizons et conditions sociales modestes qui continuent jusqu'à ce jour à en payer le prix injuste, aurait finalement abouti à deux grandes représentations sociétales, qui s'affichent en tant que telles ainsi : la première est caractérisée par une certaine idée du pouvoir, issue et favorisant l'état d'esprit du « mokkadem zaouiste », une sorte de portier mêlé au rôle du factotum dont l'irresponsabilité est manifeste dans tous les grands événements, mais qu'en revanche constitue un combiné malléable et corvéable à merci. En d'autres termes, des réflexes partisans organisés dans le sentiment d'allégeance inconditionnelle et fonctionnant à la baguette de celui qui la manie hautement, bien évidemment. Car à la moindre discordance des notes de violons, l'orchestre dans son ensemble en pâtirait lourdement. Une ambiance délétère, fatidique. En réalité, des structures politiques en panne d'idées car piégées par le syndrome : « tous ensemble pour se soutenir, s'amender dans la continuité, mais chacun pour soi pour rentabiliser la rente dans tous ses attributs ». Ce mode de faire-valoir rapporte, momentanément, gros au sommet organique mais désagrège sa base de plus en plus flouée, qui est en train de se disséminer, elle aussi, au gré des quatre vents et virevoltant autour de « à qui offre mieux », mais toujours dans la même matrice. Des lésions partisanes susceptibles d'engendrer, à terme, des effets destructeurs massifs dans les différents sérails qui barbotent, pour le moment, dans des eaux qui seraient non renouvelables à l'image des énergies éphémères. En effet, tant que ces chapelles confondent leurs intérêts et destins personnels à ceux de tout un peuple, le bout du tunnel n'est pas pour demain, certes, mais en revanche sa lumière, au terminus, ne serait que plus aveuglante. Enfin, la seconde représentation se manifeste, tant bien que mal, au moment des occasions mais qui s'incorpore vélocement dans le circuit des demi-allégeances et se considérant, désormais, du grand orchestre. Avec toutes les dissonances en la matière. Ce qui est, au demeurant, une bonne chose méritant tous les encouragements. Le remaniement ministériel - imminent a-t-on annoncé - lié à la recomposition de la scène politique, économique et sociale, va préfigurer sensiblement les balises du grand rendez-vous aux immenses enjeux et défis abyssaux de 2009, année butoir des présidentielles. Elle est tellement lointaine cette échéance qu'elle pourrait bien constituer, entre-temps, une occasion d'émissions d'idées sensées pour des amendements créateurs d'autres ressorts salvateurs... ! Dans tous les cas de figure, une société qui ne s'amenderait pas par des idées rationnelles et généreuses se retrouverait, assurément, dans une impasse aux multiples dangers. Un cycle sordide d'où le pays pourrait bien s'en sortir aisément. Par la raison collective et l'élévation des personnes au-dessus des chants de sirènes liées au pouvoir, soutenues par des élites sincères et de bon aloi, faisant fi de toutes les vanités de la vie. Inévitablement, les idées constructives sont à ce prix. S'amender, dans le bon sens, exige aussi ce niveau de moralités !!
* Ingénieur agronome, retraité
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Posté Le : 13/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Brahimi *
Source : www.lequotidien-oran.com