Algérie

Des idées courtes et des visions limitées



Des idées courtes et des visions limitées
Tous les courts métrages en compétition aux 5es Journées cinématographiques d'Alger (JCA) sont produits en Algérie, en France et au Canada. Des films présentés mardi à la salle El Mougar à Alger. Au rythme du temps, d'Elias Djemil, a tenté, sous forme documentaire proche du reportage télé, de s'intéresser à la question de la création musicale en Algérie. Tentative seulement, puisque le propos du film se perd dès les premières images.Le réalisateur, visiblement empressé, veut évoquer la situation des jeunes, le statut de l'artiste, la production musicale, le rap? Trop de choses à la fois ; donc, au fond, rien à retenir. Tous les intervenants algériens parlent en français. La raison ' Aucune. Reste à savoir à qui ce genre de film est destiné. Aux Algériens ' Aux francophones ' Aux Français ' Aux Parisiens ' Aux Africains ' Au chapitre expérimental, Houssam Boukhari a suivi dans un petit documentaire, Mahé la fureur de vivre, un médecin à la retraite à Alger qui chante Charles Aznavour et qui adore James Dean. Le personnage s'exprime également en français. Exigence des producteurs français ' Possible.Toujours est-il que le jeune réalisateur ne s'est pas trop cassé la tête pour offrir un documentaire plus élaboré, surtout que le sujet semblait intéressant. Il a bâti tout le film sur le personnage et sur la reprise d'images du film de Nicolas Ray, La fureur de vivre avec James Dean (1955). La solution aurait été pourtant simple : faire une fiction à partir du personnage de Mahé. Mais, c'était peut-être trop demander à un jeune débutant ne sachant même défendre son film sur scène lors du débat après la projection. Idem pour Mourad Bendiab, qui a réalisé un curieux court métrage, Sirène, bourré de clichés.L'histoire est d'une incroyable insignifiance : un jeune migrant, vivant en France et parlant mal le français, déambule dans un village avec un djellaba noire, croise un jeune Français, vole un vélo (il le faut bien !) et se dirige vers la plage, où il a un rendez-vous avec sa copine. C'est tout. Le côté comique de ce film peut plaire, mais pas plus. Il est peut-être agréable de «s'amuser» avec une caméra, encore faut-il faire des films qui tiennent la route, qui racontent une histoire, qui expriment une certaine esthétique et une certaine intelligence?«Dans mon film, j'ai représenté l'Arabe, pas l'Algérien, qui a de l'argent et qui a ramené une femme, qu'elle est bonne. L'Algérien ne mange pas du porc, mais boit du vin. C'est ça !», a répondu Mourad Bendiab à propos de son film. Sans commentaires. Le quai du Nord, de Yazid Arab, est, paraît-il, une histoire de terre. Une jeune Française, habillée en rouge et portant un sac blanc (ne manquait que le foulard bleu pour faire joli !), débarque à Alger. Elle loge dans un hôtel où le réceptionniste est un voleur.Dans le métro, on lui arrache son sac. Et partout on lui exige de l'argent. La jeune Française, qui fait la connaissance d'un gardien de cimetière chrétien, qui n'est ? évidemment ? pas corrompu, n'est pas venue en touriste en Algérie. Elle a fait le déplacement pour aller sur la tombe de son grand-père.Quel projet ! «Grand-père, tu n'es plus seul. Je suis là», confesse-t-elle avec une saisissante fausseté dans le jeu. Elle ramasse de la terre qu'elle met dans un sachet pour la rapporter à ses parents. Des parents qui, bien entendu, étaient en Algérie durant la période coloniale et qui ont été «forcés» à partir après l'indépendance. Le propos de Le quai du Nord, un titre qui ne trouve aucune justification dans le déroulement de l'histoire est ambigu.Il y a comme un révisionnisme qui se cache derrière cette manière hautaine de représenter l'Algérie d'aujourd'hui et d'évoquer le passé.Nostalgie ' On y est presque. Interrogé lors du débat, Yazid Arab s'est pris le pied dans le tapis, a basculé et livré cette étonnante réponse : «Le lien qui existe entre l'Algérie et la France est celui de la terre. S'il y a eu la guerre, c'est à cause de la terre. Mais, aujourd'hui, il faut dépasser ça. Entre l'Algérie et la France, il y a eu juste un conflit sur la terre?». Nous reviendrons dans nos prochaines éditions sur les autres courts métrages projetés aux JCA.




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