Il est face à une montagne d'incompréhension, mais il n'est pas peu fier de sa réalisation : une piscine semi-olympique au pied du Djurdjura. Après une carrière dans la fonction publique à Alger, il rejoint sa Kabylie natale, aux Ouadhias (30 km au sud de Tizi Ouzou), qu'il a quittée à l'âge de 17 ans.
« Je ne l'ai pas quittée, je me suis seulement absenté », précise-t-il. Amrani Mouloud a aujourd'hui 62 ans. Il raconte ses péripéties vécues au lancement de son projet. C'est à la fin de l'année 2005 qu'il se présente au cabinet du wali de Tizi Ouzou pour s'informer des modalités administratives en matière d'investissement. « Je leur avais demandé ce qu'il fallait faire pour réaliser un parc de loisirs. On m'a orienté à la direction de la jeunesse et des sports. On ne m'a pas parlé du CALPI (comité d'assistance et de localisation de l'investissement, Ndlr) », dit-il. Cet homme, qui donne l'air de se perdre dans les dédales de l'administration, a fait partie de l'une des premières promotions de l'Ecole nationale d'administration (ENA) et a été affecté au cabinet du wali de Béjaïa, lors de la création de cette wilaya au début des années 1970. C'est un énarque, retraité du ministère de l'Intérieur (direction du développement local), qui relate les tâtonnements de l'administration algérienne. « Ils étaient perplexes à la DJS.C'est la première fois qu'on leur parle d'une piscine à l'air libre. Ils m'ont donné des imprimés pour la création d'une salle de sports, qu'il fallait adapter à mon projet. J'ai présenté un dossier avec une étude technique et on m'a délivré l'autorisation de réalisation et d'exploitation signée par le wali, quelques mois plus tard ». Le plus dur sera le passage devant les banques. Trois refus et un accord pour un crédit de 4,5 millions de dinars sur les 7 millions demandés, pour un projet d'un coût global de 15 M.DA. Le promoteur a dû vendre une parcelle de terrain pour financer son projet. « Je ne m'adresserai plus aux banques publiques, où l'ont vit des situations humiliantes, sans interlocuteur. Mon projet n'est qu'à 30 % de réalisation. En plus de la piscine, il est prévu des aires de jeux, un bassin pour enfants, un espace vert' mais je ne le poursuivrai que par l'autofinancement ». Le prêt bancaire n'a couvert que les équipements de filtration, le bassin (25 x 12,5 m) et les aménagements ont coûté deux fois plus, près d'un milliard de centimes. Ouvert en juillet 2007, le site accueille une soixantaine de baigneurs par jour, de juillet à début septembre. « Les jeunes viennent de 25 km à la ronde, de Maâtkas, Boghni, Ouacifs.Je leur offre un bout de plage en pleine montagne », nous dit M. Amrani. Depuis la délivrance de l'autorisation, aucune autorité n'est venue s'enquérir de la situation, mis à part ' les services de sécurité, venus justement prendre connaissance de ladite autorisation. « Personne n'est venu voir de quoi il en retourne, ne serait-ce que dans le cadre du suivi du projet. Ni les autorités locales ni les élus ne nous ont rendu visite, alors qu'ils sont censés être là pour soutenir l'investissement, surtout que cela concerne les jeunes. Je pourrais être partenaire dans la mise en place d'un club de natation avec l'APC ou les maisons de jeunes, mais aucune initiative ne m'a été soumise », regrette le promoteur. Il emploie 4 saisonniers, dont deux surveillants de baignade et un permanent. Il ne comprend pas pourquoi le registre de commerce lui a refusé le statut d'Eurl. Il se rappelle, aussi, de l'exigence de la direction de l'hydraulique qui avait soumis son accord à l'engagement du promoteur à ne pas demander une alimentation en... eau. Mais au pied du mont Lalla Khedidja, l'eau ne manque pas. Les aléas ont été nombreux, mais une retraite dans la capitale était impensable.« Je garde l'image des vieux qu'on aide à monter dans les bus. Je n'imagine pas cela pour moi », dit-il. A Ouadhias, il a le rôle inverse : « Ma plus grande satisfaction est de recevoir ici de nombreux handicapés moteurs. C'est le seul endroit où ils peuvent se mouvoir sans difficulté ».
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Posté Le : 14/08/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : D. T.
Source : www.elwatan.com