Algérie

Des Harraga même à Guantanamo?



L'information est grave et met en jeu le coefficient deviabilité du pays et son indice de taux d'oxygène dans l'air qui s'y respire.Il ne s'agit pas de celle du prochain rapatriement des détenus algériens àGuantanamo, ni des conditions castratrices posées par les Américains, ni dusursaut indépendantiste algérien qui refuse toute ingérence étrangère dans lagestion de ce dossier.Il s'agit fondamentalement et essentiellement de laquestion de savoir si ces détenus refusent ou pas de revenir au pays. Et sil'Algérie officielle répète à chaque fois que ces détenus de « la lutteantiterroriste globale » n'ont jamais refusé de revenir, c'est parce qu'ils'agit d'une question de fond qui pose sur la table autre chose que le dossierdu respect des droits de l'homme, de la démocratie, des droits du justiciableet du procès équitable.Qu'y a-t-il dans ce pays qui fait peur ou fait désespérerau point où on lui préfère la tenue orange, les séances de tortures légales etles menottes perpétuelles ? L'injustice ? Le mauvais procès ? La fausseréconciliation ou les poursuites judiciaires ? Peut-être oui, mais passeulement, et peut-être même pas. Il s'agit peut-être du même choix du Harragqui préfère prendre le risque de la mer et des requins que le salut de la terreferme lorsqu'elle est fermée de toutes parts. Peut-être que pour un détenu deGuatanamo, au-delà de son épopée guerrière et de ses convictions djihadistes etde carte d'adhérent au club d'El-Qaïda, c'est l'occasion d'avoir ses « papiers» aux USA sous l'argument d'en avoir été victime et de tirer profit d'être siproche du rêve américain après avoir été si proche de son cauchemar, pourlâcher prise.Car au fond, on peut être islamiste, ex-Afghan, maquisardou terroriste, on reste encore et toujours tiers-mondiste, plus sensible à laCarte verte qu'au retour au pays et plus proche de la logique du Harrag que decelle du combattant universel et du repenti. Un détenu des cellules US qui ne veutpas revenir au pays peut être vu comme un mauvais point pour l'image del'Algérie et peut servir aux guerres des droit-d'hommistes, l'essentiel n'estpas là.Vue à partir du pays où les jeunes préfèrent la mer à laterre et la chaloupe au nationalisme, la rumeur sur un refus de se fairerapatrier, soutenue par certains détenus de sinistre prison de la Global-War,n'est qu'un épisode de plus dans le feuilleton du Titanic collectif. UnAlgérien victime du syndrome de Stockholm ne peut rêver que de Stockholm. C'estdonc pire lorsqu'il est pris en otage par l'Amérique.


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