Algérie

Des habitants s'opposent au projet Station d'enrobage à Chekfa (Jijel)



Une telle réalisation nécessite une étude préliminaire devant tenir compte du respect de la réglementation en vigueur.
Des habitants de la commune de Chekfa, s'opposant farouchement à l'implantation d'une station d'enrobage à chaud au niveau de la mechta Larbaâ, viennent de saisir le wali de Jijel pour l'alerter sur les dangers que pourrait générer sur l'environnement et la santé la réalisation de ce projet. La pétition signée par plus de 350 personnes, relève les risques encourus par la population riveraine à cause notamment de la pollution des nappes souterraines et celle de l'atmosphère. Les pétitionnaires font remarquer que ladite station sera également une menace pour des affluents de l'oued Larbaâ, lui-même affluent de l'oued Souk qui se jette dans l'oued Sayoud, lequel débouche sur la mer.
Ces oueds, précise-t-on, sont les principales sources d'eaux destinées à l'irrigation des terres agricoles, alors que des captages dans ces zones alimentent les localités de Kracha, Bouhalouane et El Hadj Saïd. Les protestataires soutiennent que les dispositions de la loi 03/10, relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable, n'ont pas été respectées, notamment l'article 9 qui stipule que «sans préjudice des dispositions législatives en la matière, les citoyens ont un droit à l'information sur les risques auxquels ils sont soumis dans certaines zones du territoire et sur les mesures de protection qui les concernent. Ce droit s'applique aux risques technologiques et aux risques naturels prévisibles». Ils estiment également que l'enquête réglementaire lancée par la commune n'a pas précisé le lieu d'implantation de la station.
Or, selon nos interlocuteurs, il s'agit bel et bien d'une zone forestière qui doit être soumise aux dispositions de la loi 84/12 portant régime général des forêts, en particulier ses articles 22 et 28 qui énoncent que «sans préjudice des dispositions du code de la route, les engins opérant dans le patrimoine forestier ou à proximité doivent être munis d'un dispositif normalisé de sécurité tendant à éviter tout risque d'incendie de forêt», pour le premier, et «aucun four à chaux ou à plâtre, aucune briqueterie ou tuilerie de fabrication de matériaux de construction ou autre unité quelconque dont l'activité peut être une source d'incendie ne peuvent être établis à l'intérieur et à moins d'un kilomètre du domaine forestier national sans autorisation du ministère chargé des forêts et conformément à la réglementation en vigueur», pour le second.
Entorse à la loi
Une autre entorse est relevée par les opposants à cette station d'enrobage, il s'agit du non-respect de la loi 11-10, relative à la commune, qui stipule en son article 109 que «l'implantation de tout projet d'investissement et/ou d'équipement ou tout projet s'inscrivant dans le cadre du programme sectoriel pour le développement sur le territoire de la commune est soumis à l'avis préalable de l'assemblée populaire communale, notamment en matière de sauvegarde des terres agricoles et d'impact sur l'environnement». Les pétitionnaires soutiennent que cette disposition réglementaire n'a pas été appliquée, comme nous l'a d'ailleurs confirmé un vice-président de l'APC.
Ils relèvent, outre les rejets d'hydrocarbures aromatiques polycycliques reconnus cancérigènes et du dioxyde de souffre corrosif pour la faune et la flore, des nuisances visuelles du fait du panache de fumée, olfactives à cause des odeurs de bitume et routières vu l'augmentation du trafic de camion de gros tonnage.
A cela, il convient d'ajouter les risques d'explosion et d'incendie dans cette zone forestière habitée par des familles dont les demeures ne sont pas très éloignées de la station d'enrobage. En conclusion, les signataires se disent favorables aux projets de développement, mais refusent à quiconque de construire son bien-être sur la misère des autres.


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