Des habitants près de la gare ferroviaire qui ne se plaignent pas

De tous les quartiers de Relizane, Cité El Intissar, Satal est le seul qui ne dort presque pas. Situé à proximité de la gare de chemins de fer, il subit le mouvement du va-et-vient des trains, qui réveillent les riverains à des heures improbables, avec leurs coups de sifflet d'entrée à la gare ou de départ.A la longue, les murs des maisons se lézardent, les plafonds se fendillent, sous l'action incessante des vibrations du sol. Malgré tous ces avatars, les résidents acceptent leur sort, stoïquement. Ils se disent, au fond d'eux-mêmes, qu'il y a à travers le monde des gens qui habitent près des gares, comme eux et qui ne se plaignent pas, outre mesure. S'ils avaient à se plaindre, ils le feraient plutôt pour les désagréments qu'ils subissent à longueur d'année, à cause de cette gare ferroviaire qu'ils sont forcés de traverser, pour aller au centre - ville. Il n'y a pas d'autre passage, pour éviter les saletés repoussantes qui règnent aux coins, squattés par des mendiants et des marchands informels, qui ne se gênent nullement de jeter, leurs ordures, leurs bouteilles en plastique, pleines d'un liquide ocre, dont on devine aisément l'origine humaine. Non loin de la gare à quelques cent mètre, c'est carrément le dépotoir, avec des relents d'ammoniaque, qui assaillent votre odorat, des flaques d'eau où pataugent des femmes et des enfants. Et puis encore, la présence permanente de jeunes voyous, coiffés à la "Apache", apostrophant les jeunes filles, des marchands de pizza, de cacahuètes, de thé, de cigarettes au détail, qui ajoutent leur empreinte à ce coin de la ville, qui déshonore Relizane et qui étonne tous ceux qui passent par là.