Des habitants et des commerçants refusent de déménager

Le quartier du Val d'Hydra, dans la commune d'El Biar, est bouclé depuis deux jours par des Unités républicaines de sécurité (URS). Une centaine d'agents d'Edeval sont mobilisés sur les lieux. La raison : les habitants de ce quartier refusent de quitter leurs habitations et commerces, dans le cadre de l'opération de relogement lancée par la wilaya d'Alger. Les bus réquisitionnés sont toujours sur les lieux, vides. La majorité des commerces ont baissé rideaux. Les banderoles, affichées sur les balcons, renseignent sur la situation : « On refuse le relogement abusif », « On demande l'intervention du Premier ministre, Abdelmalek Sellal ». La route menant au stade d'El Biar a été fermée à la circulation par les protestataires. Rencontrés hier sur place, les délégués des habitants ont expliqué que le quartier compte près de 500 familles, qui ont construit des villas R+1 et des commerces depuis plus de 50 ans. « Certes, il y a des constructions illicites estimées à 30%, mais la majorité des habitants sont en situation légale. C'est vrai que les constructions sont implantées sur un terrain appartenant aux biens wakfs, mais on paie le loyer au ministère des Affaires religieuses, tout comme les commerçants paient 100 DA pour le M2 », a précisé Fateh, l'un des habitants du quartier. Les protestataires signalent que le P/APC d'El Biar s'est déplacé, mardi dernier au quartier, pour les informer de leur déménagement mais sans présenter de document officiel. « Même la liste des bénéficiaires n'a pas été dévoilée et nous ignorons où nous allons être relogés, c'est vraiment le flou, et notre crainte c'est d'être jetés à la rue », affirment des habitants. « Nous avons su par la suite que 190 familles ont reçu des attestations de relogement. Lundi vers 14h, nous étions surpris par la forte présence policière sur les lieux et la mobilisation des bus pour le déménagement que nous avons refusé et avons décidé de ne pas quitter les lieux », a ajouté Mustapha, un habitant qui a dénoncé le recours des autorités locales à la coupure de l'électricité, ce qui a provoqué des pertes aux commerçants. D'ailleurs, ces derniers sont inquiets pour leur avenir. « On veut nous donner en échange de nos locaux des garages, ce sera une grande perte pour les commerçants et pour la commune, vu qu'il s'agit de l'éradication d'un pôle commercial », a déploré un commerçant en alimentation pour animaux. Un délégué, Mohamed, a signalé que les enfants scolarisés ont été perturbés et n'ont pas pu joindre leurs classes depuis plus de 48 heures. Que revendiquent les habitants ' La transparence. « Nous voulons que la liste des bénéficiaires ainsi que les sites de relogement nous soient communiqués », persistent-ils. En attendant, ils ont décidé de maintenir la pression et ne pas quitter leurs commerces et leurs habitations. Toutes nos tentatives pour joindre le P/APC d'El Biar et le wali délégué de Bouzaréah sont restées vaines.