Algérie

Des forestiers se rebiffent



Ayant observé, pendant longtemps, une attitude de réserve tant la discipline de leur corps, considérée à juste titre comme paramilitaire, le leur dictait, des milliers d'agents forestiers ont fini par ne plus supporter la sourde oreille que leur tutelle leur affichait.En effet, selon le communiqué n° 1 qui date du 5 décembre dernier et dont une copie nous a été remise, les travailleurs forestiers, qui ont créé récemment le Syndicat national des travailleurs de la Direction des forêts affilié à la Fédération nationale des travailleurs des forêts, de l'environnement et de la nature, ont décidé de rendre public leur marasme, en organisant hier, à l'échelle de toutes les wilayas du pays, une grève d'une journée ponctuée par un sit-in devant les sièges des Directions de wilaya.
Selon le représentant du syndicat au niveau de la wilaya de Bouira, les agents forestiers vivent, depuis longtemps, un certain marasme causé essentiellement par l'attitude de la tutelle, c'est-à-dire le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche qui, plutôt que d'ouvrir les portes du dialogue autour de la plateforme de revendications qui lui a été envoyée par le syndicat des forestiers, fait dans la fuite en avant en essayant, à chaque fois, de gagner du temps, en reportant la réunion sans donner aucune raison valable.
Aussi, pour interpeller leur ministère de tutelle sur la situation de ce corps pour lui rappeler la nécessité, entre autres, de s'asseoir autour d'une table et discuter du dossier du corps auxiliaire, en étude depuis 2011, du dossier des inspecteurs des brigades forestières, de celui des agents forestiers formés pendant 18 mois, de celui des contractuels et des agents de sécurité et de protection et, enfin, de celui des promotions, le bureau national du syndicat des forêts a décidé d'une grève nationale pour hier.
Une grève qui a trouvé un large écho au niveau de la wilaya de Bouira qui, par la voix du coordinateur de wilaya de ce syndicat, affirme que les travailleurs du secteur, au nombre d'un peu plus de 200 au niveau de la Direction de wilaya ainsi que les cinq circonscriptions et les 13 districts, éparpillés à travers cette wilaya à vocation agricole et dont la surface forestière avoisinerait les 13 000 hectares de forêt répartis à travers les quatre coins de la wilaya, ont répondu massivement à l'appel de la grève.
D'après notre interlocuteur, outre les revendications contenues dans cette plateforme de revendications, il y a également certaines revendications liées aux conditions de travail, comme le port d'arme à feu, suspendu durant les années 1990 à cause du terrorisme mais qui a pénalisé grandement le travail du forestier. Ainsi, et selon notre interlocuteur, un agent forestier sans arme ne pourra jamais faire face à la mafia du bois qui coupe les arbres dans une impunité totale ; cela outre les risques liés aux animaux sauvages lors de leurs tournées pédestres à travers certaines forêts denses et éloignées qui abritent des félins comme l'hyène rayée ou encore le lynx qui y vivent, mais également les meutes de chacals qui peuvent constituer un danger pour la vie d'un garde forestier, quand ce n'est pas simplement des délinquants et autres drogués qui choisissent les forêts comme lieux de prédilection avec des barbecues qui constituent un facteur non négligeable d'incendies de forêt.
En somme, autant de problèmes que les forestiers ont, pour la première fois, soulevés publiquement avec une grève d'une journée, dans l'espoir que leur tutelle, le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, invite les représentants de ce syndicat pour discuter de tous ces problèmes et essayer de les régler d'une manière civilisée.
Et comme pour anticiper les choses, le bureau national du Syndicat national des travailleurs des forêts a programmé, d'ores et déjà, un rassemblement national pour le 25 décembre prochain, à Alger.
Y. Y.


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