Des flux modérés

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a présenté pour la première fois sa politique d'immigration. Le ton est celui d'une certaine décrispation gouvernementale, tout en étant ferme.LyonDe notre correspondant Après dix années de fermeture suivie par les gouvernements de droite entre 2002 et 2012, le ministre socialiste de l'Intérieur s'est voulu plus ouvert. Il a tout d'abord convenu que «la France est, comme tous les pays industrialisés, un pays d'immigration ; avec 5,5 millions d'immigrés et près qu'un quart des 25-54 ans immigrés ou enfants d'immigrés, la France a réalisé sa révolution industrielle grâce à des mains venues d'ailleurs. C'est une richesse, bien sûr, mais aussi cela représente, comment ne pas le voir, un défi : celui de l'intégration». Pourtant, a-t-il insisté, «que les choses soient claires : il n'est pas question d'augmenter nos flux migratoires réguliers ; notre marché de l'emploi nous l'interdit, notre démographie ne le justifie pas. La France doit prendre sa part aux mouvements migratoires du monde. Sa juste part.»Une part qui n'est pas si criante qu'il y paraît, contrairement aux fantasmes qui ont alimenté le climat malsain ces dernières années en France. Ainsi, le flux de l'immigration permanente rapporté à la population totale est l'un des plus bas comparé à d'autres pays. La nation la plus confrontée à un ratio d'immigration important est la Norvège. Ce sont les calculs de l'OCDE en 2011 qui l'attestent. Le pays le moins concerné est le Mexique, suivi du Japon, de la Corée du Sud, de la République tchèque et de la Fédération de Russie, devant la France.Entre la France et la Norvège, 16 pays figurent dans ce classement. Pourtant, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, en présentant jeudi dernier la politique d'immigration du gouvernement, n'a pas manqué de souligner que si «les flux migratoires français actuels sont modérés par rapport à ceux de nos voisins européens», cela n'empêche pas de tenter d'appréhender cette question sans parti pris : «Depuis 20 mois, je n'ai eu de cesse de dénoncer ? car elles sont des impasses ? les illusions de ceux qui voudraient que la France accueille tout le monde ? elle ne le peut pas ! ? et les erreurs, parfois les outrances, de ceux qui plaident pour une ??immigration zéro'', slogan à l'emporte-pièce qui va à rebours de l'histoire de la France et de la réalité de notre monde.»