Algérie

Des films qui accablent la CIA au bonheur des cinéphiles



Il est des films que l'on oublie sitôt le visionnage terminé. A contrario, il en est d'autres qui vous collent à la peau, vous habitent durant la journée et vous poursuivent jusque dans vos rêves. The Report, film dramatique américain écrit et réalisé par l'Américain Scott Z. Burns en 2019, fait partie de ces derniers. Burns est aussi scénariste et producteur.Pendant qu'il est producteur du célèbre documentaire sur le changement climatique, Une vérité qui dérange, Soderbergh lui doit notamment les scenarii du fameux Contagion et The Laundromat : L'Affaire des Panama Papers.
Dans The Report, c'est en tant que scénariste et réalisateur qu'il fait exploser son talent. Il a réussi à transformer un rapport de 500 pages, commandé par la sénatrice Dianne Feinstein, sur les tactiques extrêmes utilisées par la CIA, après le 11 Septembre, en un thriller politique qui tient en haleine le spectateur tout le long du film.
En effet, l'histoire racontée est celle de Daniel J. Jones, ancien enquêteur du Sénat américain, rendu célèbre par son rôle dans la direction de l'enquête sur l'utilisation de la torture par la CIA, à la suite des attentats du 11 Septembre. Cela a donné lieu à la publication, en décembre 2014, du rapport cité plus haut par la commission du renseignement du Sénat sur la torture à la CIA.
Dans ce document et dans le film, on découvre que, immédiatement après les attentats du 11 Septembre, la CIA s'est lancée dans la guerre contre le terrorisme et dans des pratiques extrêmes d'interrogatoire sur les détenus.
Avec l'aide des deux psychologues James Elmer Mitchell et Bruce
Jessen, l'agence de renseignement américaine a développé un programme de techniques d'interrogatoire renforcé qui ne sont en réalité que des techniques de tortures similaires à celles pratiquées par l'armée française en Algérie : privation de sommeil, sévices physiques, supplice de la baignoire, etc.
Le réalisateur n'a pas ménagé le spectateur. Âme sensible, s'abstenir !
La gravité des révélations a conduit, en 2009, l'administration de Barack Obama à conclure que ces méthodes sont équivalentes à la torture et par conséquent à interdire leur usage.
Tout au long du film, le spectateur suit l'enquêteur, admirablement interprété par Adam Driver, qui migre d'une interrogation à une autre. Mais la principale question qui frise l'absurde est la suivante : comment une aussi importante organisation puisse payer deux psychologues inexpérimentés 1000 dollars par jour, exemptés d'impôts, en plus du remboursement des frais personnels, pour des pratiques inhumaines aux résultats plus que douteux.
Même si les responsables de la CIA n'ont pas été inquiétés, voire promus, l'organisation a été désavouée publiquement, puisque le président Obama a reconnu que ces pratiques relèvent bien de la torture. En attendant, des services de renseignements de par le monde doivent travailler à fabriquer des mensonges et à confiner les esprits, alors que des lanceurs d'alertes et des réalisateurs travaillent à les déconstruire et à les déconfiner.

Tahar HOUCHI


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