Algérie

Des filières internationales règnent sur le trafic d'objets d'antiquités au pays



Des filières internationales règnent sur le trafic d'objets d'antiquités au pays
Des réseaux spécialisés dans l'atteinte au patrimoine national continuent de piller les richesses culturelles d'Algérie malgré la lutte lancée contre eux par les services de sécurité.

La Gendarmerie nationale de la wilaya d'El Taref a capturé en avril 2017 trois individus et un revendeur, impliqués dans ce trafic. Après une perquisition dans les domiciles des suspects, les gendarmes ont découvert 83 pièces de monnaie antiques, des plans d'architecture datant de l'époque romaine et un sabre artisanal. De nombreux vestiges archéologiques des régions El Taref, Tebessa et Souk Ahras avaient été dérobés par des pilleurs liés à des filières internationales spécialisées dans le trafic des patrimoines culturels disposant des nombreux réseaux bien structurés implantés un peu partout dans les pays riches en antiquité comme l'Algérie, la Tunisie et autres Etats.

Or, le pillage du patrimoine culturel national connaît d'ores et déjà des dimensions inquiétantes dans notre pays et plus précisément sur les frontières est reliées avec les wilayas de Souk Ahras, Tébessa et El Taref. Selon le responsable régional de la protection des propriétés culturelles et historiques relevant de la Gendarmerie nationale de Souk Ahras, sept pièces archéologiques et des statuettes datant de l'époque romaine ont été récupérées depuis janvier 2016 dans des wilayas de l'est du pays, il s'agit d'une statuette de 16 cm pesant 1,8 kg qui représente un ange en métal et une autre en bronze d'un guerrier grec saisies dans la localité d'El hammamet à Tébessa.

Quatre autres statues en cuivre ont été récupérées auprès des contrebandiers à Oum El Bouaghi et huit personnes ont été arrêtées dans ce trafic, informe-t-on. Les services de sécurité n'ont pas lâché prise pour lutter contre les trafiquants d'objets d'art et le fruit des opérations menées ont conduit au mois de novembre 2013 à la saisie de 200 pièces antiques récupérées par la Gendarmerie nationale dans la wilaya de Tebessa.

Les gendarmes de cette région de l'est ont agi sur la base de renseignements précis pour neutraliser un trafiquant au niveau du barrage dressé entre les RN 10 et 16, ce dernier circulait à bord d'une voiture de marque Renault Clio en sa possession 86 pièces de monnaies antiques, a-t-on appris de sources sécuritaires. Des importantes pièces archéologiques ont été extraites des sites et vestiges patrimonial situés à l'est du pays à savoir les sites d'ex-Mador, M'Daourouch à Tebessa. Trois membres d'un réseau de trafiquants ont été capturés par la gendarmerie avec 70 autres pièces originales en bronze dont quelques pièces remontent à l'époque Romaine, indique-t-on.

Dans ce volet il est à rappeler que le 16 octobre 2012, un réseau spécialisé dans le vol et la vente d'objets d'antiquité datant de l'époque romaine avait été démantelé par les éléments de la Gendarmerie nationale de la commune de Medjez relevant de la wilaya de Guelma. Selon nos informations, trois personnes qui activaient dans ce groupe de malfaiteurs avaient été arrêtées suite à des renseignements précis en possession de 14 pièces d'antiquité d'une grande valeur.

Ces trafiquants d'objets d'antiquité ciblaient les sites archéologiques de l'est du pays, à savoir les ruines dans les régions de Guelma, Souk Ahras et El Taref Après une parfaite et discrète filature, les enquêteurs de la brigade de gendarmerie avaient pu neutralisé sur le tronçon reliant Souk Ahras à Annaba trois membres du réseau répondant aux initiales de L.Z., N.K. et M.D., âgés entre 34 et 50 ans, qui étaient à bord d'un véhicule de marque Renault. Aussitôt une fouille était entamée par les services de sécurité qui avaient découvert 14 pièces d'objets d'antiquité de grande et moyenne forme.

Les voleurs avaient été arrêtés et présentés devant le procureur de la République près du parquet de Guelma, celui-ci avait ordonné leur mise en détention préventive avant leur procès. Dans ce même contexte, il y a lieu de signaler que la gendarmerie nationale avait récupéré 357 pièces dans 23 affaires enregistrées impliquant 14 personnes qui avaient été traduits en justice pour trafic d'objets d'art et de pièces antiques durant le premier trimestre 2013.

Pillage à grande échelle

Certainement le patrimoine culturel algérien ne cesse de subir des destructions et pillages de la part des réseaux algériens et tunisiens qui continuent d'ores et déjà de voir l'Algérie une grande source d'objets à vendre sur le marché international. Or, l'est du pays qui reste une région riche en sites culturels est la cible favorisée des nombreux pilleurs en activité. Les unités de la Gendarmerie nationale avaient découvert en 2012 un nombre de dix nouveaux sites archéologiques dans cette partie du pays. D'après le bilan de la Gendarmerie nationale, 25 affaires traitées en 2012 concernant 43 individus arrêtés en possession de 495 archéologiques dans les wilayas de Souk Ahras Batna, Tebessa, Sétif, Constantine, Guelma, Jijel, Alger, Tipaza, Oran, Mostaganem et Ouargla. Parmi les piéces saisies en octobre 2012 à Guelma « 5 statuettes métalliques datant de l'époque Punique, 20 médailles en bronze du 20ème siècle, une assiette en bronze et un sabre de bronze datant de 1852».

10 500 pièces culturelles volées en dix ans récupérées

Entre 2000 et 2010 le nouveau dispositif mis en place par la Gendarmerie avait permis la récupération de 10 548 objets, dont 9.000 pièces numismatiques, 79 statues, 21 stèles funèbres, 279 fragments céramiques et métalliques, 30 tableaux signés par des peintres de renommée mondiale, 861 pièces préhistoriques, 105 mosaïques et 18 armes antiques. En dix ans, la gendarmerie avait aussi découvert 42 cités et cimetières antiques, un patrimoine qui n'était même pas connu ou recensé par les services du ministère de la culture. Parmi ces sites, ceux d'El Rabta et Toualbia dans la wilaya de Jijel. Le premier, qui remonte à l'ère phénicienne, se compose, de 42 tombes ; le second est une surface en mosaïque datant de l'ère romaine. Les constatations avaient révélé que les deux sites étaient à l'abandon, et que des constructions illégales y avaient été bâties, endommageant gravement les sépultures. Rappelons enfin que Le masque de Gorgone, volé en 1996 du site antique d'Hippone (Annaba), dans l'est algérien, avait été retrouvé à l'intérieur de la maison de Sakhr El-Materi, gendre du président tunisien déchu, Zine Al-Abidine Ben Ali. Ce masque en marbre blanc avait été trouvé en 1930, lors des recherches menées par l'équipe de l'archéologue français, Choupaut, aux abords du forum de l'antique Hippone Regius, indique-t-on.


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