Le calme règne à Tripoli, après des affrontements entre groupes armés libyens dans la capitale qui ont fait au moins 32 morts et 159 blessés, dont de nombreux civils, sur fond de chaos politique tributaire de deux gouvernements rivaux. Les commerces ont rouvert, l'aéroport de Mitiga, seul à desservir la métropole, est opérationnel et les établissements scolaires se mobilisent pour la tenue du baccalauréat prévu dimanche prochain, malgré les dégâts occasionnés, notamment à six hôpitaux de la ville. Les deux Premiers ministres rivaux, Abdelhamid Dbeibah à Tripoli et Fathi Bachagha à Syrte, se rejettent la responsabilité de la nouvelle crise entre groupes armés qui a ravivé le spectre de la guerre. Le premier a accusé les dirigeants de l'est, notamment le maréchal Haftar et son allié président du Parlement Saleh Aguila, tous deux soutiens de Bachagha, d'obéir à «des agendas étrangers», les qualifiant de «criminels» et de «putschistes ayant mené la guerre dans la capitale avec des chars et des armes lourdes».» Nous allons poursuivre tous ceux qui sont impliqués» dans les violences, a-t-il affirmé, annonçant la délocalisation des QG de certains groupes armés loin du centre de Tripoli. Fathi Bachagha, de son côté, a accusé depuis Syrte, à quelque 500 km de Tripoli, Dbeibah, «sa famille régnante et ses gangs armés» d'être «responsables du sang qui a coulé et de ce qui adviendra à cause de leur obsession pour l'argent et le pouvoir qu'ils veulent conserver coûte que coûte». Pour les médias locaux et de nombreux observateurs, il reste que la nouvelle tentative d'écarter le gouvernement Dbeibah pour prendre sa place à Tripoli incombe bien à Bachagha, son Exécutif et ses parrains Khalifa Haftar et Saleh Aguila. Face à ce nouvel échec, la Libye est désormais dans une crise profonde qui n'est pas sans rappeler la situation d'avant le processus onusien de 2020 par lequel le Forum de dialogue politique inter-libyen avait permis l'avènement du gouvernement Dbeibah chargé d'organiser des élections présidentielle et législatives un 24 décembre 2021. Le processus avait vacillé puis s'était effondré pour cause de divergences sur les principes juridiques de son déroulement.Dans une lettre publiée par la presse locale, le procureur général a chargé la direction des passeports d'interdire de voyage Fathi Bachagha, certains de ses ministres ainsi que l'ex-patron du renseignement militaire, Oussama Jouili, un soutien clé de Bachagha tandis que la Force conjointe des opérations, puissante milice pro-Dbeibah, a rendu publique l'arrestation de plusieurs combattants engagés dans la tentative armée de Bachagha pour laquelle Tripoli accuse des ingérences étrangères.
Le gouvernement intérimaire de Tripoli est né d'un processus parrainé par l'ONU, avec comme mission principale l'organisation en décembre dernier d'élections qui ont été reportées sine die. Les réactions ont été nombreuses pour exhorter les parties libyennes à «un dialogue» constructif et une «désescalade immédiate». L'Algérie a mis l'accent sur son «extrême inquiétude», insistant sur la sauvegarde de l'accord de cessez-le-feu de 2020. Le SG de l'ONU et la Manul ont plaidé pour «un vrai dialogue».
La Ligue arabe et le Parlement arabe ont dit leur «profonde préoccupation», appelant à «cesser les violences», l'Egypte et la Tunisie exhortant à «la sagesse et le dialogue» tandis que la Turquie invitait à «la retenue». Comme aussi l'UMA et l'OCI ont conjuré la crise et réclamé «la fin des violences». La situation réelle demeure marquée par les profondes divisions qui minent les factions autant que les régions libyennes où les ingérences étrangères antagonistes rivalisent d'ardeur pour distiller les feux de la discorde et perpétuer un statu quo profitable en termes de pillage des hydrocarbures de la Libye.
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Posté Le : 30/08/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com