En dépit des lois qui consacrent l'égalité des sexes, de nombreuses femmes chefs d'entreprises sont victimes de marginalisation, notamment lorsqu'il s'agit de l'attribution des projets.Corruption, passe-droit, favoritisme, sexisme. Des femmes, chefs d'entreprise n'ont pas raté l'occasion, hier, de déballer tout ce qu'elles ont sur le c?ur et d'énumérer devant le wali de Constantine, Hocine Ouadah, les obstacles auxquels elles font face quotidiennement dans leur travail. C'était lors de la réunion qui s'est tenue hier matin au siège de la wilaya de Daksi autour du rôle et de la situation de la femme entrepreneur à Constantine. Une rencontre qui aurait pu être sans intérêt, n'était l'intervention de certaines participantes qui ont mis du piquant dans la salle en disant des vérités. Car en dépit des lois qui valorisent la femme et consacrent l'égalité entre les deux sexes, celle-ci demeure toujours marginalisée, en proie à divers obstacles qui bloquent son avancement vers le succès professionnel. «Ici on ne prend pas en considération les compétences de la femme et l'effort qu'elle fournit.A chaque fois, les responsables accordent les travaux de réhabilitation et les nouveaux projets aux entrepreneurs hommes. Nous avons du personnel à payer, mais de cette manière, ils nous poussent à fermer nos bureaux», a déclaré une architecte indignée. Mettant le doigt sur le mal, une autre intervenante a ajouté, que la corruption commence à prendre de l'ampleur et que les contrats de gré à gré se font devant les mosquées et dans les cafeterias entre les chefs des bureaux d'études et les responsables. La femme n'a pas de place dans ce système et ne peut proposer ses idées et sa manière de travailler. «Tant pis pour les femmes qui ne peuvent pas organiser des rencontre en dehors de l'administration», a-t-on regretté.Ce ne sont pas les exemples qui manquent pour dénoncer les situations où le favoritisme a prévalu. La même intervenante cite l'exemple d'une situation qui l'a mise face aux services de la commune de Constantine : «Le P/APC nous a demandé de prendre en charge la réhabilitation des anciennes écoles ; nous avons alors visité les lieux et ensuite demandé les schémas de construction pour bien cerner les dégâts et pouvoir restaurer ces bâtisses. Forcément, ça nous a pris un peu du temps mais pour la bonne cause. Nous avions besoin de faire des études sur terrain pour déterminer les problèmes, mais entre-temps, nous avons été choquées d'apprendre que le maire a transféré ce projet vers un autre bureau d'étude, lequel n'a pas fait une prospection sur les lieux.» Ces femmes chefs d'entreprise n'ont cessé de dévoiler les problèmes rencontrés sur le terrain, y compris le manque d'archives et de plans concernant les nouvelles constructions. Comment se fait-il, s'est interrogée l'une d'elles, qu'à chaque fois qu'on demande les plans de constructions pourtant datant des années 2000, on nous répond qu'ils sont introuvables ' Ces propos ont fait réagir le wali qui a qualifié cette situation de «grave». «C'est très grave de ne pas trouver des archives et de ne pas pouvoir recourir aux anciens plans», a-t-il souligné.Il faut dire que le chef de l'exécutif a exprimé son mécontentement face à l'ensemble des doléances exprimées par ces femmes indignées. Il a promis que sa porte sera toujours ouverte à ces femmes, et ce, à chaque fois qu'elles rencontreront des problèmes. Il fera, a-t-il ajouté, ce qu'il faut pour trouver des solutions à leurs problèmes. Le directeur du logement et des équipements publics (Dlep) a, pour sa part, nié toutes ces déclarations en disant que le choix des entrepreneurs se fait sur sélection et selon la qualité du travail. Il n'était, manifestement, pas le seul à voir d'un mauvais ?il ces interventions qui, semble-t-il, ont mis dans la gêne les adeptes du «tout va bien».La présidente régionale de la confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Khemissa Aloui, s'est démarquée de ces femmes en déclarant que le but de son organisation est d'aider les entreprises et de résoudre quelques problèmes, sans plus. «Ces femmes n'ont pas à parler au nom de la confédération. Nous ne voulons pas nous détourner de notre objectif qui est celui d'aider les femmes à connaître le succès professionnel», a-t-elle ajouté.
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Posté Le : 25/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yousra Salem
Source : www.elwatan.com