Algérie

Des familles de la ferme Mohamed-Benbarek en danger



Toumi Abdelkader, qui parlait au nom de ces familles, s'est dit outré par le silence des autorités locales qui n'ont même pas daigné leur rendre visite, constater de visu leur calvaire au quotidien et prendre en charge leurs doléances.C'est un véritable SOS que viennent d'adresser 26 familles qui occupent des taudis à la ferme Mohamed-Benbarek (commune de Aïn Témouchent) que traverse le chemin de fer qui relie celle-ci à Béni Saf. Et dire que cette partie de l'Algérie profonde n'est située qu'à quelques encablures du siège de la wilaya en allant vers Aïn Kihal. Ne pouvant supporter le poids de toute cette misère et de leur situation précaire et pour faire entendre leur voix, ces familles ont coupé, il y a quelques jours, la route menant vers Aghlal, pour sensibiliser les autorités à leur calvaire.
Au moins 4 personnes ont été interpellées lors de l'intervention des services de sécurité pour ouvrir la route aux automobilistes, selon un résident du bidonville. En fait, cette partie d'une exploitation agricole que nous avons pu visiter est un bidonville qui ressemble à tout sauf à un endroit décent qui abrite des familles dans des conditions humaines.
Toumi Abdelkader, qui parlait au nom de ces familles, s'est dit outré par le silence des autorités locales qui n'ont même pas daigné leur rendre visite et constater de visu leur calvaire au quotidien et, par ricochet, prendre en charge leurs doléances. "Si nous avons décidé de passer à cette forme de contestation, c'est parce que le verre a débordé. Imaginez-vous, à 63 ans, je suis toujours célibataire.
Si je n'ai pu fonder un foyer, c'est à cause du logement. Tous mes souhaits de mariage ont été voués à l'échec", regrettera notre interlocuteur. En fait, tous les moyens sont bons pour attirer l'attention du passant, voire d'un responsable local avec ces graffitis sur les murs en langue arabe où l'on peut lire "Pauvreté et marginalisation", "Des familles en danger", "On veut un logement non des promesses utopiques".
Toumi évoquera ensuite ces femmes et enfants du voisinage qui partagent les mêmes souffrances, en hiver comme en été, avec les morsures de rats et le spectre de morsures d'animaux rampants. "Pour rejoindre leurs domiciles, les familles notamment les femmes et les enfants sont obligés de faire de la gymnastique et de l'acrobatie avec tous les risques d'accidents", avouera-t-il, non sans nous avoir montré la blessure qu'il traîne en ratant une marche.
"J'adresse un appel pressant aux autorités de l'Etat, dont Mme la wali, pour nous extirper de cette situation lamentable qui dure depuis plus de 20 ans pour les uns et 10 ans pour les autres. Ces familles ont des enfants qui fréquentent une école située à proximité du chemin de fer. Un itinéraire qu'ils empruntent 4 fois par jour, alors que, jusqu'à l'heure actuelle, nous attendons une hypothétique visite d'un responsable.
À ces derniers, je dirais que s'ils croient que nous sommes vivants, je leur rétorque que nous sommes toujours en attente de notre indépendance en 2020, année de l'honneur et de la dignité, pardon, l'année du calvaire, du supplice et de l'obscurité", s'offusquera Toumi qui nous apprendra que ce bidonville ne dispose ni d'eau potable, ni de réseau d'assainissement, ni d'électricité.
"N'est-ce pas une zone d'ombre, ce terme devenu en vogue ces derniers temps '", s'interroge l'infortuné Toumi qui tient à rappeler qu'il existe un fichier national du logement. "Que ceux qui ont bénéficié d'un logement où d'une quelconque aide de l'Etat soient débusqués pour nous épargner de cette situation, sachant qu'il existe des demandes qui ont été déposées depuis plus de 20 ans, alors que la plus récente date de trois années", précisera-t-il.

M. LARADJ


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