Des faiblesses criantes

On s'attendait à tout sauf à cette catastrophe de l'équipe nationale à Marrakech. Et dire que des joueurs de cette équipe nationale ont osé parler de victoire ! Ils se sont lourdement trompés. Sur toute la ligne, car il faudra fouiller dans les archives pour retrouver trace d'une déroute analogue.

Il est utile de revenir quelque peu en arrière. Durant plusieurs semaines en effet, la question est revenue sur toutes les lèvres avant ce grand choc magrébin : à Marrakech, fallait-il viser le nul seulement au lieu de la victoire face à un adversaire dos au mur et perturbé par des défections de dernière minute ? La question a été posée à des entraîneurs réputés et à d'anciens joueurs. Bilan de cette « consultation » : les avis diffèrent d'une personnalité à une autre.

Si Benchikha, à qui revenait de droit la décision finale, était tenté par l'idée de fermer le jeu et voir venir, c'est dans l'ordre d'une certaine logique. Après tout, et après la victoire acquise à Annaba, il revenait aux Marocains d'attaquer pour tenter de prendre leur revanche. Encore une fois, et à moins d'être l'inégalable Barça, « la tactique, selon un ancien entraîneur, ressemble à une couverture trop courte. Si vous vous couvrez la tête, c'est aux dépens des pieds, et vice-versa ».

Les observateurs étaient au moins d'accord sur un point : la bataille du milieu, d'où dépendait en grande partie le résultat de ce choc. Benchikha, en technicien prudent, avait déjà concocté sa tactique de départ au centre de Manga, sachant fort bien qu'il ne pourrait pas le faire à Marrakech, sous peine de dévoiler ses intentions. « Espionner » l'adversaire de nos jours est devenu une pratique banale et de bonne guerre.

Ceci dit, des intentions à la réalité du terrain, il existe parfois une marge conséquente. Dans ce genre de débats serrés, tout peut dépendre d'un exploit personnel ou d'une bévue. A ce moment-là, la stratégie prévue avant le coup d'envoi prend un coup dans l'aile. Et c'est dans ces moments que l'entraîneur doit montrer son savoir-faire. En l'occurrence, Benchikha a tout fait pour que ses protégés sortent du « guêpier de Marrakech » et prennent une sérieuse option pour la qualification. Pour preuve, dès le départ, il était clair qu'il a opté pour un strict 4-5-1, à charge pour l'un des hommes du « cinq » du milieu d'appuyer ses actions dans des phases propices pour conjuguer ses efforts avec la seule « pointe » prévue, Djebbour en l'occurrence. Dans notre for intérieur, on craignait que ce dernier subisse le même isolement que celui de Annaba, où il s'est carrément sacrifié pour le bien du groupe.

Il était dit que Benchikha avait prévu plusieurs cas de figure en l'occurrence. Le secteur défensif, qui a constitué la principale force de notre équipe nationale, a, en une dizaine de minutes, commis deux fautes de placement. Le premier sur corner, où le marquage sur Benatia a fait défaut, Antar Yahia étant impliqué dans cette action. Le second, ce sont tous les défenseurs qui furent surpris par la passe en profondeur de Benatia, permettant à Chamakh d'aller battre M'bolhi sans rémission. On attendait donc que Benchikha procède aux remaniements nécessaires en fonction de ce handicap de deux buts. Matmour et Boudebouz ont donc fait leur apparition, suivis par Soudani. Ces changements n'ont débouché sur rien de concret, car les camarades de Ziani se sont effondrés sans jamais parvenir à garder le ballon.

 C'était du pain béni pour les Marocains qui ont exploité à fond les faiblesses des défenseurs algériens, complètement dépassés. Sans quelques réflexes de M'bolhi et des maladresses des attaquants marocains, le score aurait été plus lourd. Cette énorme défaite complique la tâche de l'EN. Mais plus que son parcours désormais très incertain, c'est sa composante qui doit être revue. Et plus profondément qu'on le croit.