Dans son message à l'occasion de la commémoration du déclenchement de la Révolution du 1er novembre 1954, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a appelé à accélérer et à approfondir les réformes pour, entre autres, la modernisation de la gouvernance et la dynamisation de l'investissement. Chose à laquelle adhère l'économiste et expert en management Chérif Belmihoub qui insiste sur la nécessité d'accélérer les choses.« Sans une réforme de la gouvernance, ce sera le statut quo d'un point de vue économique. On parle des réformes depuis 1962, il est temps de s'y mettre. Surtout, si l'on veut que la croissance économique atteigne les 6 à 7%, comme espéré par les pouvoirs publics », estime-t-il. Qui dit gouvernance, selon lui, dit transparence, décentralisation et responsabilisation des acteurs. « Transparence dans la décision publique, la subvention fiscale, budgétaire... Permettre aux acteurs locaux de décider d'une façon autonome, en toute liberté. C'est cela une bonne gouvernance. Nous sommes encore dans une gouvernance bureaucratisée. Les choses doivent changer », signale-t-il. Abdelmalek Serrai, expert international en économie, dit saluer l'appel du président de la République quant à l'accélération des réformes. « Les réformes engagées dans les systèmes financiers, fiscales, bancaires... se font d'une manière trop lente alors qu'il y a urgence. Le président de la République a parfaitement raison d'appeler à une accélération de ces réformes. C'est cette lenteur qui empêche le citoyen de participer efficacement à l'action économique nationale », indique en appelant également à accélérer la réforme de la gouvernance. Toujours dans ce contexte, Belmihoub a relevé que la réussite du nouveau modèle de croissance que le président de la République a évoqué aussi dans son message dépendra de la bonne gouvernance. Bouteflika avait, en effet, assuré que ce modèle permettra une mise en valeur plus intense de nos riches potentialités pour bâtir une économie plus diversifiée, capable de répondre aux besoins de notre jeunesse en emplois, et à même de pérenniser nos options sociales. « Ce modèle de croissance économique implique la création de plus d'entreprises qui soient capables de relever ce défi. Ce n'est pas avec nos entreprises actuelles, dont 90% sont des TPE (Toute petite entreprise), qu'on pourra atteindre l'objectif de 6 à 7% de croissance. Il faut donner plus de liberté à ces entreprises.Or, cela ne pourra pas se faire sans une réforme de la gouvernance », dit-il. L'expert a noté, par ailleurs, « le manque d'informations » sur ce modèle de croissance économique qui n'est pas encore, selon lui, rendu public. « De 2017 à 2019, il s'agira plus d'un ajustement budgétaire que d'une croissance économique pour éviter un déséquilibre financier grave. A partir de 2019, il y a des perspectives de croissance de 6 à 7%, mais nous ne savons pas encore comment les atteindre et qui seront les acteurs désignés pour relever ce défi. Nous n'avons pas de détails. Ce qui est sûr, toutefois, c'est qu'il sera difficile à nos PME de relever de ce défi », explique-t-il. Serrai pense que ce modèle de croissance n'est pas assez clair. « De multiples mesures, certes, ont été prises en faveur de la croissance économique. Mais ce modèle n'est pas centré dans un encadrement global. Il faudra penser à le faire pour plus de clarté », estime-t-il. L'économiste M'hamed Hamidouche pense, quant à lui, que ce modèle de croissance est encore en phase de maturation. « Il devrait prendre en compte le capital humain et donner la priorité aux projets économiques qui génèrent de la croissance économique. Pour atteindre les objectifs de ce modèle de croissance, il faudra que le privé prenne le pas sur le public. Actuellement, le public représente plus de la moitié du PIB. Il faudra réduire cela au tiers », dit-il. En matière de réformes, il faudra engager, selon lui, des chantiers en même temps, car tout est lié. « Des réformes sur la gouvernance, la fiscalité, le marché financier, les marchés publics, la concurrence, les exportations... tout est lié. Il est important aussi que chaque secteur évalue l'impact des lois qu'il établit sur l'économie nationale », conclut-il.
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Posté Le : 02/11/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Farida Belkhiri
Source : www.horizons-dz.com