Des exceptions

Amertume n «Souviens-toi que tu n'es qu'un indigène et que tu resteras toujours un indigène jusqu'à la fin de tes jours, même si tu t'appelles le colonel Benaouda».Dans les archives de la petite commune de Maghnia, on pouvait lire jusqu'au lendemain de l'indépendance une note signée par le maire lui-même?«Malgré ses antécédents militaires, le poste de garde champêtre a été refusé à M. Ben Bella, qui ne bénéficie pas de la nationalité française» ou à peu près quelque chose d'approchant.Dans l'armée française, les indigènes étaient pourtant très appréciés pour leur courage et leur détermination.Sur les milliers d'Algériens appelés à faire leur service pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), seuls quelques dizaines, triés sur le volet, dépasseront le grade d'adjudant, d'adjudant-chef et de sous-lieutenant.Ce grade était réservé aux enfants des grandes familles comme les fils de bachaghas ou les fils de caïds, qui avaient fait leurs preuves.Par contre, pendant la Seconde Guerre mondiale, des indigènes monteront au grade de lieutenant, et même de capitaine, étant entendu qu'ils s'étaient naturalisés auparavant pour devenir français comme tous les pieds-noirs.Le gouvernement français, ou du moins l'état-major de l'armée, fera tout de même une exception en permettant à un ancien élève de St-Cyr de «monter» jusqu'au grade de colonel.Cet homme est natif d'Oran et s'appelle Benaouda. Avant de mourir il a laissé une citation célèbre en ville suite à l'humiliation que lui feront subir deux militaires français au niveau d'un barrage routier. Bien qu'il ait décliné son nom et son grade, les deux bidasses lui riront au nez et le forceront à faire la chaîne comme tout le monde.Cette citation datée de 1951 disait : «Souviens-toi que tu n'es qu'un indigène et que tu resteras toujours un indigène jusqu'à la fin de tes jours, même si tu t'appelles le colonel Benaouda.»Afin de s'allier la fidélité de tous les chefs coutumiers musulmans, les Français leur distribueront les grades d'officiers supérieurs de réserve.Ainsi l'agha Benaouda de Trezel (actuellement Sougueur dans la wilaya de Tiaret) aura discrètement le grade de général de réserve.Policiers et député maire de la circonscription le salueront tous les matins bien bas. Mais l'homme étai trop pieux pour faire attention à ces gestes de respect, dont il n'avait que faire. Enfin, pour des raisons évidentes de langue, chariaa musulmane et surtout pour éviter des impairs avec la puissante monarchie saoudienne, les Français nommeront un ambassadeur musulman, certains prétendent qu'il n'était que consul, auprès de Riyadh.Son nom : Kateb.I.ZPromotions couscousl C'est en pleine guerre de la Révolution que les autorités françaises penseront à promouvoir des Algériens.Ces promotions béni-oui-oui, appelées Lacoste, et même promotions couscous, verront des indigènes accéder aux postes de sous-préfet (Relizane et Ghazaouet) et même de sénateurs (caïd Bensaci de Tiaret).Il y aura même un secrétaire d'Etat, Sid Kara.