Algérie

Des entreprises algériennes veulent investir en Afrique



L'Afrique est en passe de devenir une des nouvelles destinations de choix pour nos opérateurs économiques en quête d'opportunités commerciales et d'investissement. Si certains pays de ce continent connaissent toujours des troubles qui découragent tout investisseur à  s'y aventurer, d'autres, en revanche, notamment de la zone Afrique centrale, jouissent depuis quelque temps d'une très bonne stabilité politique et sécuritaire qui leur a permis de réaliser, ces dernières années, l'un des plus forts taux de croissance moyen du PIB. D'où l'intérêt que portent, aujourd'hui, beaucoup d'industriels algériens à  ces pays. Ils sont, en effet, nombreux à  faire des déplacements pour des participations à  des foires économiques, des prospections de marché et de recherches de partenariat. Encouragées et encadrées par des organismes facilitateurs, comme l'Algex ou la CACI, ou seulement motivées par leur propre stratégie de développement, ces entreprises, toutes tailles et secteurs confondus, n'hésitent plus à  débourser des sommes importantes pour arriver à  écouler leurs marchandises. Mais la commercialisation a pour but de préparer uniquement le terrain. L'objectif final étant d'aboutir à  des partenariats de montage d'industries dans ces pays. C'est l'exemple du groupe de semoulerie industrielle de la Mitidja (SIM), dont l'un des responsables a récemment participé à  la foire économique du Cameroun, aux côtés d'une douzaine d'autres opérateurs algériens. Pour le patron de SIM, Tayeb Zeraïmi, les pays du continent africain présentent cet avantage d'avoir «des exigences plus souples en matière de normes, bien qu'ils ne badinent pas avec la qualité». Son groupe, dont les produits sont aujourd'hui présents au Sénégal, Mali, Nigeria, Niger et le Soudan, ne veut pas s'arrêter au seul aspect commercial et compte lancer deux projets, actuellement en cours de négociation.
Le premier concerne la reprise d'un pôle industriel agroalimentaire en Mauritanie et le second, en phase de maturation, se fera sous forme d'un partenariat public-privé (PPP). Au Togo, le groupe SIM étudie également d'autres possibilités d'investissement qui semblent a priori encourageantes, d'autant que «c'est le président de la République togolaise, lui-même,» qui a reçu le patron du groupe et discuté avec lui.     
Prospection et contacts d'affaires
Plus offensif encore, le groupe Cevital entend faire de l'année 2012 une année à  l'international, plus précisément en Afrique. Le groupe se prépare ainsi à  monter des plateformes logistiques pour la vente et la distribution de ses produits dans plusieurs pays africains. «S'il s'avère que des opportunités d'investissement existent dans ces pays, nous allons investir. Je viens de rentrer d'un long périple et nous avons décelé des possibilités d'installer des plateformes à  Djibouti, au Kenya, en Tanzanie, au Rwanda, au Burundi et en Ouganda. Nous avons déjà expédié une cargaison de sucre à  destination de l'Irak et nous comptons aussi avoir des plateformes en Libye», a révélé, il y a quelques semaines, le patron du premier groupe privé, Issad Rebrab. Il a annoncé, en outre, que des études et des négociations sont en cours pour le rachat de trois sucreries au Kenya ainsi qu'un projet de production de canne à  sucre et de lait en Tanzanie. Modestement, mais sûrement, le groupe agroalimentaire Benamor envisage, lui aussi, d'investir «l'espace africain» en lançant, d'abord, des prospections de marché dans plusieurs pays d'Afrique. «Nous ne sommes qu'au stade de la prospection. Mais l'intérêt du groupe pour ces marchés en termes de commercialisation et d'investissement est réel, notamment pour le Rwanda et la Mauritanie», nous dira Laïd Benamor, PDG du groupe. Tout comme lui, Mokhtar Belhadj, le patron de l'entreprise Belcol, spécialisé dans la fabrication de colles industrielles, se dit fortement intéressé par les opportunités d'affaires qu'offrent les pays africains. C'est pourquoi, à  l'occasion de sa participation à  la dernière manifestation économique organisée, la semaine dernière, par le comité d'affaires algéro-camerounais, un premier contact a été noué avec trois potentiels partenaires camerounais en vue de la création d'une usine à  Douala, la capitale économique du Cameroun, grâce à  une association, dont la forme est en cours d'étude. «Probablement, notre participation se fera sous forme de transfert technique et de savoir-faire. Les discussions sont toujours en cours», nous affirme M. Belhadj.  
Avantages et… inconvénients !
Il reste à  savoir pourquoi nos investisseurs tournent aujourd'hui leur regard – et leur fonds – vers ces pays, alors que, traditionnellement, c'est dans le Nord que les affaires marchent le mieux ' Pour Mohamed Benini, directeur général de l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (Algex), le regain d'intérêt constaté depuis quelque temps pour le continent africain, notamment pour les huit pays de la zone Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, Congo, RDC, Gabon, Guinée équatoriale, Sao Tomé et Principe, Tchad) s'explique par «la position géostratégique qu'occupent ces pays dans le continent.        
En plus de l'ouverture qu'il offre sur le reste des pays de l'Afrique, ce nouvel espace apparaît comme un nouveau monde pour l'investissement et les bonnes affaires, d'autant qu'il est resté vierge des années durant, mais présente aujourd'hui un marché à  fort potentiel de croissance». En effet, l'atout majeur de cette région reste sa population, dont plus de 40% vivent dans des zones urbaines. Cette «niche stratégique», qui devrait attirer les entreprises économiques algériennes, dispose, en plus, «d'une desserte maritime à  même de faire éviter aux opérateurs économiques le passage coûteux, difficile et risqué par la Transsaharienne», explique le DG de l'Algex. Il n'en demeure pas moins qu'investir en Afrique n'est pas de tout repos.
Ainsi, en l'absence d'accords préférentiels, non encore signés, liant l'Algérie à  ces pays, beaucoup d'avantages dont pourraient bénéficier nos opérateurs ne sont pas encore possible, au moment où «nos voisins marocains et tunisiens en profitent depuis bien longtemps», regrette M. Benini. L'ouverture d'un bureau de représentation permanent, revendiqué d'ailleurs par les patrons lors de la dernière tripartite, tarde également à  voir le jour. «La Banque d'Algérie n'en a pas délivré l'autorisation nécessaire et, du coup, les transferts de capitaux ne sont pas possibles», explique encore notre interlocuteur.

 


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