Après plusieurs années du lancement des différents dispositifs d'aide et
d'accompagnement pour la création de micro-entreprises
(ANSEG, ANGEM, CNAC …), des entrepreneurs se trouvent abandonnés dans un
environnement hostile, dominé par le marché informel. Le taux de mortalité des
petites et moyennes entreprises est en hausse constante à cause de l'hostilité
du climat d'affaires et de l'absence d'accompagnement des jeunes entrepreneurs,
durant les premières années d'existence. En dépit d'un dispositif légal et
réglementaire, jugé favorable à la création des micro-entreprises,
le problème de la survie des jeunes entreprises demeure crucial. Alors que plus
de 20 milliards de dinars ont été injectés en 2011, par les banques pour
soutenir le programme de création d'entreprises, 30.000 PME ont déposé bilan, à
travers le territoire national, à cause de l'hostilité du climat d'affaires, selon
un récent décompte communiqué par les services habilités. « (…) en dépit des
moyens financiers colossaux puisés du Trésor public, les jeunes entrepreneurs
souffrent le martyre pour honorer leurs engagements et risquent, dans leur
majorité, de mettre la clé sous le paillasson. Des milliers de TPE (très petite
entreprise) sont plus que jamais menacées du spectre de la faillite, si aucune
mesure d'encadrement et d'accompagnement ne vient les soutenir dans leur essor.
Nombreuses sont les entraves qui freinent l'évolution de ces frêles entités
économiques», regrette le collectif des promoteurs (CNAC, ANSEJ, ANGEM) de la
wilaya de Tizi Ouzou.
Ce collectif a mené une enquête approfondie sur le terrain auprès des
entrepreneurs, dans le but de cerner tous les obstacles qui entravent
l'épanouissement des micro-entreprises. Le premier
obstacle reste l'hostilité du climat d'affaires, notamment pour accéder aux
marchés publics. «Bien que réglementés par le code des soumissions publiques, les
marchés publics sont inaccessibles aux micro-entreprises,
en raison de l'impossibilité de la satisfaction d'un certain nombre de
conditions requises en matière de qualification, de catégorie, d'expérience, etc.»,
précise ce collectif. Et d'enchaîner : «le marché de la sous-traitance, qui est
le débouché des micro-entreprises, demeure sous
l'emprise des spéculateurs (…), il y aussi l'absence d'études sérieuses du
marché.
Nombre de secteurs ciblés par les
différents dispositifs sont quasiment saturés. Nous avons recensé plus de 15
entreprises de peinture bâtiment dans un seul village de 3.000 âmes. Il y a
également une défaillance notable des études techniques et économiques. Ainsi
les besoins en financement des micro-entreprises
dépassent souvent les prévisions des études préalables». Les promoteurs se
plaignent aussi de l'absence d'accompagnement des micro-entreprises.
Les instruments d'aide et d'accompagnement des pouvoirs publics sont
davantage orientés dans l'encouragement à la création des micro-entreprises
(année 0), puis, plus tard, dans l'accompagnement à la croissance (année 3, mais
surtout 4 et plus), plutôt que dans l'aide au démarrage (années 1, 2 et 3). C'est
précisément au cours de ce laps de temps de 2 à 3 années, que l'on observe le
plus fort taux de mortalité d'entreprises. Les pouvoirs publics sont au courant
de cette situation, mais rien n'est fait pour assister les jeunes entrepreneurs,
laissés à l'abandon. La moitié des entreprises créées dans le cadre du
dispositif ANSEJ ont ainsi disparu du tissu économique national, durant les
premières années de leur existence. Le taux «officiel» de mortalité des
entreprises créées dans le cadre de l'ANSEJ varie
entre 20 et 25%. Sur le terrain, c'est une autre réalité. Beaucoup
d'entrepreneurs aidés par l'ANSEJ -ou par les autres
dispositifs de micro-financement-, échouent en cours
de route, restent dans l'informel ou refusent tout simplement, de rembourser
leurs crédits.
Outre le manque d'accompagnement des jeunes promoteurs, l'absence de
contrôle des institutions, en charge d'appliquer les dispositifs de création de
micro-entreprises est un autre facteur à l'origine de
la hausse du taux de mortalité. Les dispositifs sont extraordinaires sur le
plan réglementaire, mais en pratique, il n'y a ni suivi ni contrôle de ces
dispositifs et des unités qui les gèrent. Il n'existe à ce jour, après
plusieurs années de leur lancement, aucun bilan d'évaluation des dispositifs
existants. Le collectif se plaint, par ailleurs, du «harcèlement» des banques
publiques.
«Les promoteurs subissent un harcèlement de la part des banques qui ne
comprennent qu'un seul langage : rembourser ou saisir. Souvent elles recourent
à des lettres de menaces ou envoient carrément des huissiers de justice pour
effrayer les jeunes promoteurs. Le comble dans cette histoire c'est que le
promoteur, victime de cet harcèlement, doit prendre en charge tous les frais de
ces procédures», dénoncent les concernés. Conséquence de cette situation, la majorité
des entrepreneurs trouve des difficultés pour respecter les échéanciers, du
moins ceux qui peuvent encore rembourser. Pour les retardataires, ils sont
soumis à des pénalités de retard pouvant atteindre 7%.
Le collectif des entrepreneurs propose une panoplie de mesures pour
sauver les micro-entreprises d'une faillite
programmée : arrêt immédiat des harcèlements de la part des banques et autres
dispositif d'aide, élaboration de plans de charges au profit des entrepreneurs,
création d'un fonds de solidarité des micro-entreprises,
ouvrir le marché de la sous-traitance, prorogation de la durée d'exonération
des impôts à 30 ans, prolongement de la durée de remboursement des échéanciers
bancaire à 30 ans, bonification des taux d'intérêt bancaire à 100%, suppression
des pénalités de retard pour les crédits bancaires et les cotisations sociales (CASNOS
/CNAS/ CACOBAT) et reconsidération des modalités d'octroi des locaux. Le
collectif des entrepreneurs réclame également la suppression des droits de
dépôt des comptes sociaux pour les personnes morales, la révision des études
technico-économiques, en prenant en considération les facteurs de saturation et
la régularisation de la situation des promoteurs vis-à-vis des différents
dispositifs et de l'administration fiscale.
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Posté Le : 01/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : S M
Source : www.lequotidien-oran.com