Algérie

Des entraîneurs sans salaires et loin des bassins



Les entraîneurs de natation en Algérie traversent une mauvaise période pour n'avoir pu exercer leur métier préféré, ayant engendré la perte de leurs salaires depuis une année, en raison de la pandémie du coronavirus (Covid-19).«Cela fait une année qu'on est loin des bassins, après la fermeture des piscines. La reprise des entraînements a concerné dans un premier temps le travail physique en plein air, et sur les plages comme initiative personnelle des nageurs, mais la fermeture n'a que trop duré, ce qui nous a amenés à interrompre le travail», a indiqué à l'APS, l'entraîneur du GS Pétroliers Mohamed Galdem.
Avant d'enchaîner : «Dieu merci, les nageurs de l'élite concernés par les Jeux olympiques JO-2020 (décalés à 2021, ndlr), ont repris tôt et n'ont pas été impactés par cette situation, mais il y a d'autres athlètes représentant un véritable réservoir pour les équipes nationales qui n'ont pas eu cette chance de reprendre les entraînements», a-t-il regretté. De son côté, l'entraîneur du CR Belouizdad Naïl Rouane a exprimé son mécontentement par rapport à cette situation, brandissant la menace de démissionner de son poste et se retirer définitivement du monde de la natation.
«Franchement, je songe sérieusement à me retirer définitivement du monde de la natation, en raison de la situation catastrophique vécue tout au long de l'année. La seule chose qui m'empêche de démissionner, c'est le contrat moral qui me lie au club. Il y a des nageurs qui sont sous ma coupe depuis déjà huit ans. Au début, nous avons accepté le sort d'une façon naturelle d'autant qu'il s'agit d'une pandémie mondiale, mais au fil du temps, la durée commençait à se ressentir et est devenue inquiétante. Nous avons voulu contacter le ministère, mais nos doléances n'ont pas été prises en compte.
Le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) avait suspendu le 16 mars 2020 toutes les manifestations sportives (championnats et coupes), toutes disciplines confondues, dans le cadre des mesures de prévention face au nouveau coronavirus. Suite à la prolongation des mesures de prévention, décidées par les autorités locales, au vu de la situation sanitaire instable, l'aspect sportif n'était pas le seul à être impacté, puisque les entraîneurs ont été lourdement touchés sur le plan financier.
La Fédération algérienne de natation (FAN) a lancé, en novembre dernier, l'initiative «La sélection de la ligue», pour permettre la reprise des entraînements pour un noyau spécifique de nageurs au niveau de chaque wilaya, selon les conditions offertes et les moyens présents au niveau de chaque région.
La reprise officielle retardée
«Cette initiative lancée par la FAN est une bonne idée, mais elle n'a pas pris en compte l'aspect relatif aux arriérés des entraîneurs. La fédération nous a signifié que nos salaires seront assurés par les ligues de wilaya dans le cadre de cette opération, alors que la ligue d'Alger nous a interpellés pour nous dire qu'elle ne pouvait pas payer nos salaires, faute de recevoir nos convocations, alors que nous étions inscrits parmi les entraîneurs concernés par la reprise», a estimé Mohamed Galdem.
«Le club ne peut pas payer le salaire de l'entraîneur car il est engagé avec la ligue, et c'est tout à fait logique. L'entraîneur qui travaille sans rémunération reste la victime. Je n'ai perçu aucun centime jusqu'à présent, après la décision de la FAN de mettre fin définitivement à la saison 2019-2020 depuis mai 2020», a-t-il poursuivi.
Naïl Rouane a indiqué de son côté : «Le clubs nous a exigé d'avoir une correspondance officielle de la fédération ou de la ligue pour pouvoir payer nos salaires d'une manière réglementaire (le club est soumis à un contrôleur financier) d'autant que la reprise est faite sous la bannière de la ligue et non du club. La FAN a annoncé la fin de l'exercice précédent mais n'a pas encore dévoilé la date du début de la nouvelle saison.»
Avant de poursuivre : «Les dirigeants du CR Belouizdad m'ont traité avec professionnalisme en payant mes salaires jusqu'en juin, date de la fin de mon contrat. L'argent n'est pas mon premier objectif, je suis un éducateur avant tout, mais en retour, j'ai une famille à charge, ce qui m'a amené à penser à changer complètement de profession.»
Malgré cette situation compliquée et difficile, les deux techniciens ont repris les entraînements, selon le programme tracé par la Ligue algéroise de la discipline, par «amour de la discipline et l'obligation morale avec les athlètes». Dans le cadre de la reprise progressive des activités sportives, le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) a accordé le feu vert aux clubs de natation concernés par les compétitions nationales et internationales de reprendre les entraînements à partir du 21 février, et a également décidé de permettre le retour des compétitions nationales à partir d'avril 2021.
«Nous étions heureux de la décision du MJS de rouvrir les piscines pour les clubs à partir du 21 février, mais pratiquement, et après plus d'un mois, nous attendons toujours que cette décision se concrétise sur le terrain. Nous nous demandons les raisons de ce retard '», s'est interrogé Galdem.
Son collègue, Naïl Rouane, a estimé que «les nageurs sont psychologiquement instables. La priorité actuelle pour nous est de reprendre d'une façon ordonnée, en continuant à nous préparer pendant environ quatre mois, avant de réfléchir à organiser une compétition officielle».
De son côté, le président de la Ligue d'Alger de natation, Amine El-Fodil, a révélé que son instance travaille d'arrache-pied pour la reprise des entraînements à partir de la semaine prochaine.
«Nous avons recensé tous les clubs et établi les listes d'athlètes concernés par la reprise des entraînements, à partir de jeudi prochain, au niveau de quatre piscines : 5-Juillet, 1er-Mai (50 m), Kouba et Sidi-M'hamed (25 m)».
Le président de la Ligue d'Alger a également indiqué que le reste de l'exercice en cours sera intitulé «La reprise de la fin de saison 2020-2021».


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