Algérie

Des entorses à la réglementation en série


En matière de piétinement de la réglementation, la Fédération algérienne de football n'en est pas à sa première entorse. Les atermoiements répétés dans l'affaire de la domiciliation de la rencontre des quarts de finale de la coupe d'Algérie JSK-USMB constituent certes un exemple éloquent, mais il est loin de faire exception. En effet, la FAF a aligné les entorses aux différents règlements de la fédération et lois du sport, que cela soit la loi 13-05 du 23 juillet 2013 relative à l'organisation et au développement des activités physiques et sportives, le décret 16-153 du 23 mai 2016, les statuts de la FAF, ou au code disciplinaire. À commencer par la question lancinante du cumul des fonctions au sein du bureau fédéral. Malgré la mise au point faite par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, au sujet du cumul des fonctions au sein des fédérations et des ligues sportives, la FAF continue d'éluder le sujet. Ould Ali avait beau marteler que "le cumul de fonctions est interdit par la loi, que cela soit pour le poste de président ou de simple élu", rien n'y fit. Le dirigeant quel que soit son poste de responsabilité doit quitter ses fonctions au sein de son club d'origine ou au sein d'une ligue, une fois élu à la fédération. Du coup, les membres du bureau fédéral, à savoir Ould Zmirli, Messaoud Koussa, Amar Bahloul, Larbi Oumamar, Noureddine Bakiri, Mohamed Ghouti (présidents des ligues) doivent réglementairement démissionner de leurs postes respectifs au sein des clubs et des ligues afin de garder leur poste au sein de la fédération de football. Ils peuvent aussi renoncer à leur qualité d'élu. En fait, Ould Ali ne fait que se conformer au décret exécutif 16-153 du 23 mai 2016 signé par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui stipule dans son article 14 que "le dirigeant sportif bénévole ne peut être en conflit d'intérêts avec... le club sportif en rapport avec la responsabilité de la fonction". La loi 13-05 du 23 juillet 2013 relative à l'organisation et au développement des activités physiques et sportives stipule également dans son article 62 : "Est interdit le cumul entre la responsabilité exécutive et élective au niveau national et local au sein et entre les structures d'organisation et d'animation sportives d'une part et la responsabilité administrative au sein des institutions de l'Etat relevant du secteur chargé des sports qui confère au concerné un pouvoir de décision, d'autre part." Avant le début de la saison, que cela soit pour les championnats professionnels des Ligues 1 et 2 ou pour les championnats des autres ligues amateurs, la FAF est tenue de rendre publiques, via ses structures de gestion des compétitions, les modalités d'accession et de rétrogradation pour tous les paliers. C'est là une disposition statutaire conformément aux statuts de la FAF, d'autant plus que cette année, des clubs ont été repêchés en division amateur.
Cumul de fonctions et modalités des championnats
Pour la saison 2016-2017, la FAF l'avait fait et les documents y afférents existent encore. Ils stipulent dans l'article 81 par exemple qu'"avant le début de chaque saison sportive, la Ligue de football professionnel publie sur son site internet les modalités d'accession et de rétrogradation, telles qu'établies par la Fédération algérienne de football". Cependant, pour la saison en cours, l'actuel bureau fédéral s'est limité à publier en début de saison un document sur son site internet nommé "Dispositions réglementaires relatives aux compétitions de football professionnel pour la saison 2017-2018". Ces dispositions ont été adoptées par le bureau fédéral en date du 29 juin 2017. Une rapide lecture de ce document montre qu'effectivement la FAF n'a pas établi ces fameuses modalités d'accession et de rétrogradation. Aucun chapitre dans ces dispositions n'explique ces modalités. Il aura fallu que la presse attire l'attention de la FAF sur cette grave défaillance pour qu'elle rectifie le tir en publiant ces modalités sur les sites des différentes ligues. En outre, le bureau fédéral a pris la décision d'interdire de recrutement les clubs ayant cumulé des dettes au sein de la CRL avec les joueurs et les entraîneurs, alors que cette prérogative revient à la commission de discipline qui peut aussi envisager des défalcations de points pour les clubs récalcitrants, conformément aux orientations de la FIFA. Non seulement cette mesure n'a pas été appliquée mais elle a été à l'origine d'une guerre de prérogatives avec la LFP qui a abouti au retrait de la délégation de gestion des compétitions à l'équipe de Mahfoud Kerbadj.
Plus d'un mois après cette décision de retrait de délégation, la FAF n'a toujours pas explicité sa feuille de route pour permettre à la LFP de recouvrer sa souveraineté au moment où un directoire provisoire mais qui dure gère les affaires courantes. Récemment, le bureau fédéral a pris en charge le traitement de l'affaire Mebarki (USB) suite à des plaintes (et non pas des réserves) de deux clubs, ESS et JSS, qui dénoncent la participation du joueur aux rencontres USB-ESS et USB-JSS, au motif que le joueur en question a été libéré par la CRL. Or, statutairement, c'est la commission du statut du joueur, présidée par Larbi Oumamar, qui devait trancher sur ce cas. Pis, au jour d'aujourd'hui, la FAF n'a même pas daigné répondre aux deux clubs plaignants. En outre, pour la première fois dans les annales des organes juridictionnels de la FAF, la commission de recours de la FAF a rendu public un verdict qui arrange les deux parties dans l'affaire WAT-ASAM.
Affaire WAT-ASAM, Mebarki, USMBA...
L'AS Aïn M'lila a obtenu gain de cause au sein de la commission de recours dans l'affaire qui l'oppose au WA Tlemcen, récupérant du coup trois des quatre points qui lui ont été défalqués, pour avoir aligné le joueur Noureddine Hachem, suspendu pour le match contre le WA Tlemcen (1-1) tout en perdant son match sur tapis vert.
Dans un premier temps, la commission de discipline de la Ligue de football professionnel avait décidé de donner le gain du match au WAT (3-0) et une défalcation de trois points à l'ASAM, pour avoir aligné le joueur Hachem, non éligible pour le match contre le WA Tlemcen. La commission de recours a décidé que le joueur n'avait pas le droit de participer à la rencontre WAT-ASAM du 5 janvier 2018 et en même temps elle ne défalque pas les trois points comme prévu par le code disciplinaire. La commission de recours de la FAF pour ne léser aucune partie a préféré couper la poire en deux, piétinant son propre code disciplinaire.
Par ailleurs, le bureau fédéral a décidé récemment d'interdire le huis clos pour les matches de Coupe d'Algérie alors que cette disposition n'existe nulle part dans le règlement signé en début de saison dédié à cette épreuve. Un "avenant" aurait dû être ajouté en fait à ce règlement. Dimanche soir, la FAF a annoncé le report du match des quarts de finale de la Coupe d'Algérie, JSK-USMB, tout en omettant de préciser que cette rencontre n'aura pas lieu au stade du 5-Juillet. Or la FAF avait annoncé la veille que la rencontre JS Kabylie-USM Blida se déroulera mardi (aujourd'hui NDLR) à 16h00 au stade 5-Juillet. Ce changement constitue un piétinement au règlement de la Coupe d'Algérie. Selon l'article 15 du règlement de la Coupe d'Algérie, "les décisions prononcées ainsi ne sont pas susceptibles d'appel". Les déboires de la FAF s'étendent même au plan international, puisque la fédération a échoué à placer un candidat pour les élections du comité exécutif de la CAF en raison du dépôt du dossier d'Ould Zmirli hors délai. Le rejet de ce dossier par la CAF, une première dans les annales du football algérien, a provoqué une crise avec la CAF qui a failli prononcer des sanctions disciplinaires contre le président Zetchi. En outre, l'USMBA s'est vu infliger une défalcation de six points par la FIFA, en raison du non-payement des arriérés de salaires d'un joueur étranger. Une autre première dans les annales du football algérien, en raison d'une gestion aléatoire du dossier par la FAF. En Ligue des champions arabe, après avoir désigné l'ESS et le CRB, puis l'USMBA, la FAF se voit pour des raisons politiques évidentes obligée de faire marche arrière et accepter les invitations de l'UAFA (ESS et USMA), au mépris de la décision souveraine du bureau fédérale qui interdit à un club de cumuler deux compétitions internationales la même saison. Enfin, incapable de trouver un terrain d'entente avec l'ex-coach national Lucas Alcaraz, la FAF sera sans doute obligée par la FIFA de payer des indemnités de licenciement abusif. La liste des entorses à la réglementation n'est pas exhaustive. Elle est même ouverte à d'autres violations...
S. L.
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