Algérie

Des enseignants universitaires expliquent les difficultés de son application : «Le LMD ne peut réussir que dans une société des TIC»



Des enseignants universitaires expliquent les difficultés de son application : «Le LMD ne peut réussir que dans une société des TIC»
A la rentrée universitaire de cette année 2010-2011, des mouvements de protestation ont été déclenchés dans différentes universités
du pays, à l’appel de nombreux étudiants qui contestaient, entre autres, les résultats des examens de passage à l’année supérieure. Plusieurs spécialités ont été paralysées et les cours n’ont démarré qu’à l’approche des vacances d’hiver.

Théorie et pratique, deux mondes différents
Des étudiants contestaient les résultats des examens et des enseignants en profitent pour ne pas assurer les cours. «Jusqu’à présent, il n’y a pas cours dans certaines matières. Les enseignants ne viennent pas… Il y a eu beaucoup de retards cette année», rapportent deux étudiants à Alger. Le phénomène n’est pas propre à l’université d’Alger mais en a touché d’autres, dans différentes wilayas du pays. Encore une fois, le LMD est à l’origine de ces manifestations estudiantines. Si l’on en croit les dires de certains étudiants, et contrairement aux déclarations optimistes des premiers responsables du secteur, les résultats sont «vraiment médiocres». Et quand il y a un «semblant» de réussite, c’est parce que les enseignants ont «facilité» les sujets des examens, rapportent certains. En théorie, le système est formidable. Il est même recommandé à travers le monde pour pouvoir suivre l’évolution rapide des technologies de l’information et de la communication (TIC). Les deux vont ensemble. En Algérie, les choses vont mal. Est-ce la faute des enseignants ? La faute des étudiants ?Les uns comme les autres ont une part de responsabilité si l’on en juge par leur «manque d’engagement», parfois même de «sérieux» mais le grand problème réside dans l’application même de ce LMD. Les conditions n’en sont pas réunies, ne cessent de mettre en garde des enseignants, quoique cela ne signifie pas un appel à un éventuel retour à l’ancien système qui ne
répond plus aux besoins de la vie économique, sociale… d’aujourd’hui. En fait, c’est en quelque sorte l’impasse. Le système classique a montré ses limites et le LMD peine à trouver son terrain. Un enseignant en économie confie qu’un grand nombre d’enseignants donnent des cours de LMD en utilisant l’ancienne méthode : «Enseigner le LMD avec l’ancien système ! C’est fou… ce n’est pas cela qu’on attend de l’université algérienne à l’ère de la mondialisation.» Et cet enseignant de prévenir sur un ton désespéré : «Si nous ratons cette étape, nous serons effacés… De toutes les façons, moi, je prépare mon départ pour l’étranger.» Pour lui et ses collègues, le grand problème réside dans le fait qu’ils «ne sont pas dans une société des TIC». «Nous sommes très en retard dans l’utilisation des technologies de l’information et de la communication», estiment-ils.

Investir dans les TIC
Pour réussir donc ce LMD qui est d’ailleurs appliqué avec succès dans de nombreux pays à travers le monde, il faut investir dans les TIC. Surtout en faveur des étudiants et des enseignants, appelés à être l’élite de la nation. «Nous en sommes très loin. Certains parmi nous ne possèdent pas de PC. Ils ne peuvent pas l’acheter. D’autres n’ont pas de connexion internet. Ce n’est pas donné.» Un enseignant demande alors que l’Etat soutienne l’acquisition de ce matériel informatique et facilite l’accès à Internet aussi bien pour les enseignants que pour les étudiants. «Quand j’ai raconté le fait à des collègues, ils ne m’ont pas cru. C’est pourtant vrai. En effet, en 2003 ou 2004, constatant qu’elle était en retard par rapport aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à l’Allemagne… en matière d’utilisation des TIC, la France a décidé de vendre des ordinateurs portables à ses enseignants à seulement 1 euro, en plus d’une formation gratuite de son utilisation. Je vous assure que c’est vrai», insiste un autre. Selon cet enseignant, il est plus qu’urgent pour l’Algérie de se lancer efficacement dans cette bataille des TIC. L’Etat doit investir, de la manière la plus efficace et la plus positive, dans ce créneau. «L’esprit du LMD est basé sur les TIC. Il ne peut réussir que dans une société des TIC. Nous avons un grand retard dans le domaine et il faut le rattraper au plus vite», soutient-il. En effet, force est de reconnaître que le retard est immense. Déjà que les salles de cours sont mal aménagées, trop petites pour supporter le nombre croissant des étudiants - alors que le LMD recommande de ne pas dépasser 25 étudiants par classe - l’outil informatique est presque absent dans ces salles. Certains enseignants, attachés aux anciennes habitudes, refusent même de s’initier à son utilisation. Les deux opérations Ousratic (1 et 2), engagées par les pouvoirs publics pour permettre à chaque famille d’avoir son ordinateur, ont échoué. Aucune explication claire n’a été donnée officiellement pour justifier cet échec et aucune solution de rechange n’a été proposée. En attendant des solutions concrètes, le monde avance à grands pas… et l’Université algérienne peine à se débarrasser du poids des réticences d’ordres politique et économique.

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